Les messages sont virtuels mais leur impact environnemental est, lui, bien réel. Le numérique est responsable de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et cette empreinte carbone devrait doubler d’ici 2025, selon une étude de l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (Ademe).
19 milliards d’objets connectés étaient en circulation en 2019 et ce chiffre pourrait atteindre 48 milliards au milieu de cette décennie. 47% des émissions actuelles sont générées par les équipements des consommateurs. Et pour cause : 600 kilos de matières premières sont mobilisés pour produire un ordinateur portable dont le poids n’excède pas 2 kilos. Ce rapport est presque aussi important pour une box internet (500 kilos). Et pas moins de 70 matériaux différents, dont 50 métaux, sont nécessaires pour fabriquer un smartphone. Plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre de la galaxie numérique (53%) sont toutefois générés par les data centers et les infrastructures réseaux. Une donnée numérique (courriel, téléchargement, vidéo, requêtes sur un moteur de recherche) parcourt en moyenne 15.000 kilomètres avant de rejoindre le PC ou le portable de son destinataire final. Chaque… heure, 180 millions de recherches Google et 8 à 10 milliards de mails sont échangés. Ces chiffres astronomiques ne prennent pas en compte les spams qui se comptent, eux aussi, en centaines de millions. Ces envois posent problème.
Des chiffres inquiétants
« Chaque email envoyé génère aujourd’hui près de 20 grammes de CO², déplore Loïc Péron, Directeur du Succès Client EMEA pour le spécialiste de la qualité des données Validity. Ces émissions peuvent même atteindre 50 grammes lorsque le message est lourd. Une moyenne de trente messages envoyés chaque jour équivaut ainsi à 1500 kilomètres parcourus chaque année en voiture. Dans une utilisation professionnelle, on estime qu’une équipe de 100 salariés génère annuellement en CO² l’équivalent de quatorze allers-retours Paris-New York. » Si Internet était un pays, il serait aujourd’hui le troisième plus gros consommateur mondial d’électricité. Le numérique représente déjà 4% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde et il pèse cinq fois le poids du parc automobile français si on le considère en termes de volume. Pour lutter contre ce phénomène, des méthodes existent…
Vive le ciblage
Identifier les abonnés inactifs en éliminant ou en limitant le volume d’envois aux internautes qui n’ont pas cliqué ou ouvert leurs emails depuis plus de 90 jours est une méthode efficace tout comme supprimer les emails générant des erreurs automatiques et permettre une désinscription facile et rapide. La qualité doit également primer sur la quantité. Envoyer des courriels à une audience la plus large possible est mauvais pour l’environnement et inefficace d’un point de vue business. « Lorsque l’on sait que seuls 5% du volume d’envois automatiques résultant d’un ciblage précis génère 50% des revenus d’une campagne, la règle de la qualité ne devrait plus être discutée », juge Loïc Péron.
Une loi déjà contestée
Les États qui nous gouvernent n’ont, pendant des années, pas cherché à limiter l’envoi d’emails même si leur impact sur le réchauffement climatique était déjà connu. « Il a fallu attendre plus de deux décennies pour que les autorités se penchent sur la question des catalogues publicitaires en papier », remarque Loïc Péron. Ce « laisser-aller » ne devrait toutefois pas durer aussi longtemps concernant le web. Une proposition de loi sur la « réduction de l’empreinte environnementale du numérique » est en cours d’examen au Sénat. Ce texte fait déjà polémique car il exonère les appareils électroniques reconditionnés (principalement les téléphones) de la « rémunération pour copie privée » (RCP), si elle a déjà été payée lors de l’achat de l’appareil neuf. Ce projet de loi montre la volonté des pouvoirs publics de lutter contre la pollution générée par l’emailing. Et si pour commencer, nous arrêtions de nous envoyer des courriels pour un oui ou pour un non ?