27 mai 2020

Temps de lecture : 3 min

Les fortunes diverses des fintech pendant la crise

Après une année record en 2019, les startups françaises du secteur des services financiers (la “fintech”) ont continué à lever des fonds à un rythme important pendant les cinq premiers mois de 2020, malgré le coronavirus : plus de 174,5 millions d’euros, selon les chiffres de Payment&Card Network.

Après une année record en 2019, les startups françaises du secteur des services financiers (la “fintech”) ont continué à lever des fonds à un rythme important pendant les cinq premiers mois de 2020, malgré le coronavirus : plus de 174,5 millions d’euros, selon les chiffres de Payment&Card Network.

La néobanque Qonto, l’assureur Alan ou l’application de paiement mobile Lydia figurent ainsi parmi les principales levées de fonds françaises, mais il est important de noter que la plupart de ces investissements avaient été amorcés ou même annoncés avant la crise. Les prochains mois devraient être moins fructueux pour les fintechs françaises, alors que les startups du secteur connaissent des fortunes diverses selon les marchés auxquels elles se sont attaquées…

Le crowdlending doublement impacté

Le prêt aux entreprises, l’un des premiers domaines à avoir attiré les startups, a été particulièrement impacté par le retournement économique. Les TPE-PME, clients historiques des plateformes de “crowdlending” (financement participatif par la dette) comme October, Credit.fr, Pretup ou Unilend ont été mises à l’arrêt par le confinement et beaucoup pourraient ne pas s’en remettre. En conséquence, les taux de défaut des prêts accordés via les plateformes par le passé pourraient fortement augmenter dans les mois à venir.

Double peine pour ces startups : au même moment, les mesures gouvernementales ouvrant les vannes du crédit, avec la mise en place de prêts garantis par l’Etat (PGE), venaient tarir le marché de l’émission de nouveaux prêts participatifs. Les startups les plus internationalisées, comme October, ont pu se rabattre sur les autres marchés européens, où les prêts garantis par l’Etat ne sont pas aussi accessibles qu’en France. Les autres ont dû attendre l’évolution de la législation : les plateformes sont autorisées depuis le 7 mai à distribuer des PGE.

Les solutions de détection de fraude et de gestion de trésorerie sont fortement sollicitées

À l’inverse, les outils de gestion de trésorerie et de reporting comptable ont le vent en poupe : ils sont devenus indispensables aux entreprises dans ces temps de turbulence économique. Agicap a ainsi levé 15 millions d’euros début mai et Pennylane, lancé fin 2019, vient d’annoncer un premier tour de table de 4 millions d’euros.

Le marché de la détection de fraude se porte tout aussi bien – le Britannique Featurespace a notamment levé 30 millions de livres sterling en mai – alors que la crise sanitaire a engendré une forte augmentation de la cybercriminalité. Fin mars, l’ACPR (l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution)  et l’AMF (Autorité des Marchés Financiers) appelaient ainsi le public à “la plus grande vigilance face au risque d’escroqueries dans le contexte de l’épidémie de covid-19 et de repli des marchés financiers”.

L’inconnue des robo-advisors

La situation du marché des “robo-advisors” est plus floue : ces plateformes de gestion reposant sur des algorithmes d’intelligence artificielle pour opérer les décisions à la place des conseillers financiers ou des gestionnaires d’actifs étaient déjà malmenées avant la crise (le pionnier français Marie Quantier avait mis la clef sous la porte à l’été 2019). Dans la situation actuelle, leur modèle se montre peu adapté. Les performances des “robots” dans la tempête boursière seront comparées avec attention avec celles des humains.

Néanmoins, les acteurs historiques de ce marché n’avaient pas attendu le retournement des indices boursiers pour se détacher du concept de robo-advisor et mettre en avant une gestion “personnalisée” (chez Yomoni), “copilotée” (chez Nalo) ou un service “digital et humain à la fois” (chez Advize).

Un regain d’intérêt des particuliers pour la bourse

Malgré les incertitudes qui pèsent sur les performances de leurs algorithmes, ces acteurs ont des raisons de se réjouir : à la faveur de la baisse des cours, certains épargnants ont renforcé leurs investissements sur les marchés financiers. L’AMF indique notamment avoir “observé une activité très soutenue des particuliers” sur le marché action entre le 24 février et le 3 avril.

Les plateformes en ligne et les acteurs qui avaient digitalisé leurs processus de souscription sont naturellement les mieux armés pour capter ces investisseurs. Dans ce contexte, Yomoni se paye ainsi le luxe d’annoncer un solde net de collecte positif de 2,2 millions d’euros entre le 22 février et le 26 mars (hors nouvelles souscriptions).

De son côté, la plateforme Advize se veut positive en assurant que “les épisodes de fortes baisses ne se produisent que tous les 6 ans en moyenne. Statistiquement, une baisse des marchés de l’ampleur de ce que nous vivons actuellement vous met à l’abri d’une nouvelle chute brutale durant plusieurs années”. Si les statistiques le disent…

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