Que nous mijote la Foodtech ? Et comment identifier les secteurs et ses nouveaux acteurs ? Passage en revue d’un secteur en pleine explosion au travers d’un découpage par services. Bon appétit
En quelques années à peine, des centaines de startups et d’entreprises du monde entier ont mis au point des solutions innovantes dans le domaine de l’alimentaire. Ce phénomène s’est accompagné de la création de nouveaux produits, ingrédients, techniques de production ou services utilisant les avancées technologiques désormais arrivées à maturité. Cela afin de proposer des réponses inédites au besoin de se nourrir chaque jour et de manière plus variée, facile, abordable ou durable. Petit voyage au cœur de cette révolution que l’on appelle la Foodtech.
Que nous mijote la Foodtech ?
On peut entrevoir un avenir qui ne peut que nous mettre l’eau à la bouche. Car les enjeux de l’alimentation de demain sont considérables, avec 30 % de bouches à nourrir dans les trente prochaines années, des surfaces arables qui n’augmenteront pas et des agriculteurs en nombre moindre dans les années à venir, les défis à relever sont considérables. Et changement de société oblige, les besoins et usages des consommateurs ne cessent d’évoluer (quête de transparence, traçabilité, nouveaux modes d’achat simplifiés, personnalisation…). Il faut donc créer de nouvelles opportunités de business.
Et ces nouvelles opportunités viendront des technologies qui auront pour mission de répondre à l’évolution de ces besoins en facilitant la vie de tout un chacun comme les agriculteurs, les restaurateurs et les mères de famille. Et pour comprendre et interpréter ces nouveaux besoins, l’intelligence collective va continuer de se développer. Et les startups au cœur de ce nouvel écosystème voient le jour grâce à des entrepreneurs expérimentés qui les maîtrisent et savent les assembler entre elles pour les rendre plus performantes. Et pour que ces jeunes pousses puissent pleinement s’exprimer, elles doivent être soutenues par des milliers d’investisseurs qui leur donnent les moyens de se développer.
Savoir identifier les nouvelles start-up et les nouveaux services
Les courses et les ingrédients livrés à domicile (Amazon, Instacart, MonPotager, RevolutionFoods, LaBelleVie…)
Alors qu’il ne couvre que 4 % des ventes globales à ce jour, l’e-commerce alimentaire est promis à un avenir radieux. Le développement des usages mobiles et de la logistique du dernier kilomètre devrait le faire passer à près de 10 % des achats d’ici 2025. La France est le 4ème marché mondial grâce au développement du drive et, plus récemment, l’arrivée d’Amazon Prime, qui a déjà conquis près de 70 millions d’utilisateurs aux États-Unis.
Des repas ou des ingrédients en abonnement (Blue Apron, Handpick, QuiToque, LaThéBox, La pièce du Boucher, FoodetteVinify, KitchenTrotter, LePetitBallon, Laboite du Fromager…)
De nombreux projets se sont spécialisés dans la confection et la livraison de kits recettes ou de box d’ingrédients par abonnement, certains s’étant spécialisés : thé, lunchbox, fromage, viande, vin…
Des restaurants virtuels qui livrent des plats faits maison au bureau ou à la maison (Frichti, Pop Chef, La Belle Vie,Food Cheri, Nestor, Pickle)
Ces services qui proposent des plats faits maison à base de produits frais chaque jour livrés en moins d’une heure.
Des services de restauration livrés (Uber Eats, Deliveroo, Foodora, Just Eat by Alloresto)
La livraison de plats tout prêts depuis les restaurants est le sujet qui a attiré le plus d’investissement ces 3 dernières années (plus de 15 milliards de dollars) : se faire livrer son dîner prêt à consommer en moins d’une heure est en train de devenir une habitude régulière pour nombre de foyers. Si bien que certains projets, tel que Frichti, se sont créés sans même avoir de restaurant, mais une cuisine centrale qui renouvelle sa carte tous les jours.
Des plateformes de cuisine collaboratives (Communeat, Kelplat, Monbanquet, WineAdvisor, Mon Voisin Cuisine,VizEat, Labelleassiette, YouMiam, VizEat)
On peut désormais demander à un particulier de préparer son dîner, ou bien faire appel à un chef pour venir le faire à domicile.
Des appareils de cuisine connectés et (bientôt) des imprimantes alimentaires (Seb – Moulinex, Juicero, Thermomix)
Les appareils de cuisine connectés peuvent s’interfacer avec des recettes qui en facilitent l’utilisation au quotidien, les rendant plus simples, plus intelligents et plus autonomes.
Le développement des circuits courts (La Ruche qui dit Oui, MonPotager, Peligourmet, ThriveMarket)
On peut aussi s’abonner à son panier de fruits et légumes, directement depuis le producteur. La Ruche Qui Dit Oui est un précurseur dans le domaine, et le modèle est en train de se développer un peu partout en Europe et aux États-Unis.
De nouveaux ingrédients dans nos assiettes (Exo, Jiminis, Algama Solyent, Bloomizon, Beyond Meat, DouxMatok Clara Foods)
Insectes, algues, protéines végétales… La course est lancée dans la recherche et le développement de sources de protéines proposant une alternative variée, responsable et accessible aux protéines animales – viande, lait, œufs. Les petits pois, les microalgues ou la farine d’insectes présentent l’avantage d’être riches en protéines tout en réclamant moins d’eau ou d’énergie à produire.
Des services de conseil nutritionnel intelligents (Wecook, Foodvisor, SnapIt!, FitNext Kwalito, Edamam, Mygoodlife, Wecook, Foodvisor)
Le digital permet d’offrir un accès et un service de coaching à chaque utilisateur de manière personnalisée. Les Américains sont particulièrement friands de ces outils permettant de comptabiliser tout ce qu’ils mangent au quotidien. Les algorithmes devenant plus sophistiqués, ce type de service va rapidement gagner en pertinence et en efficacité.
Des plats à base de protéines végétales (Beyond Meat, Impossible foods, Yooji, Ripple, Perfect Day, Icietla)
Les « alternative proteins » représentent l’un des secteurs de la Foodtech les plus dynamiques, que ce soit pour les viandes sans viande, le lait sans lait… Des dizaines de projets réinventent le goût et la texture des produits alimentaires indispensables au quotidien, en remplaçant les protéines d’origine animale par des substituts végétaux. Ces produits répondent à la fois à des contraintes d’allergies, à la montée des régimes végétariens et à la nécessité de trouver des alternatives économiques aux besoins de protéines de milliards de nouveaux consommateurs.
Des solutions « anti-gaspi » ou de redistribution des invendus (Phenix, Winnow, Copia, TooGoodToGo, CommersoOptimiam)
La gestion des invendus et des surplus inspire des projets toujours plus pertinents et spécialisés, que ce soit pour les commerçants, les distributeurs ou les restaurateurs.
Des emballages intelligents ou responsables (Tipa, Bloom Chips, WikiPearls, Ooho, Treeson)
L’emballage de demain est en train de naître dans les laboratoires : composable, communicant, ou encore comestible.
Des chefs artificiels, voire des robots chefs (IBM Chef Watson, Foodini, Foodpairing)
La robotique, déjà installée dans les usines, est en train de se miniaturiser et va se déployer dans les cuisines de la restauration dans un premier temps, puis, plus tard, dans les cuisines de tout un chacun. En parallèle, les premières imprimantes alimentaires sont en passe d’être commercialisées, et nul doute, malgré leurs capacités encore limitées à ce jour, qu’elles vont élargir le champ des possibles dans quelques années.
De même, l’intelligence artificielle investit le domaine de la cuisine, avec des ordinateurs capables de comprendre les recettes, les ingrédients et la préparation culinaire comme des humains, et, ainsi d’inventer de nouvelles recettes et combinaisons d’ingrédients, ouvrant de nouvelles expériences de saveur et de goût.
Des robots agricoles, des drones voire des fermes autonomes (Naïo, Biopic, Medria, Arinov, Delaval)
La robotique est en train de s’implanter dans les fermes pour faciliter le quotidien des agriculteurs. Les tracteurs, équipés de GPS, peuvent désormais semer et traiter des cultures de manière totalement autonome ; des robots de traite sont désormais totalement automatisés ; des capteurs dans les champs et des drones surveillent les cultures… Même les vaches sont désormais connectées pour s’assurer qu’elles sont en bonne santé.
Des data et des outils pour cultiver de manière plus raisonnée (Farmlogs, Farmdog, Smag)
Des dizaines de startups ont mis au point des outils d’analyse et de décision qui associés aux robots, drones et capteurs, permettent aux agriculteurs de mieux gérer en temps réel leur production et l’entretien de leurs cultures : c’est ce que l’on appelle l’agriculture de précision.
La biotech et la génétique (NRGene, Indigo, Botanocap, Crop Enhencement)
La biotech et la génétique utilisent les avancées de la recherche médicale pour décoder le génome et créer de nouvelles variétés de semences plus adaptées selon les régions. On a également la possibilité d’inventer des engrais et des traitements plus efficaces et moins polluants et de trouver des solutions pour supprimer les traitements par pesticides.
Des fermes urbaines (Agricool, Bright Farm, Agripolis)
Un mouvement inexorable est lancé depuis les États-Unis, visant à rapprocher les agriculteurs des zones de consommation pour assurer des produits frais livrés à proximité et à moindre coût. Parmi les réponses innovantes, des fermes dites « urbaines » de tous types – serres, soussols, sur les toits, conteneurs mobiles… – permettant de faire pousser des légumes en hydroponie, sous atmosphère contrôlée et avec un éclairage par panneau LED intelligent.
Des plateformes web qui simplifient la vie des agriculteurs (Agriconomie, We Farm Up)
Les agriculteurs sont de plus en plus connectés, et des startups leur proposent désormais des services et des plateformes d’achat ou d’échange de services, de produits agricoles et de matériel.
Economie circulaire et collaborative, plateformes de financement participatives dédiées à l’agriculture, la restauration ou l’agroalimentaire (Foodraising, Agfunder, We Farm Up, Miimosa)
La Foodtech a aussi créé ses propres plateformes de financement participatif ou de partage de ressources et de matériel pour les agriculteurs.
Nous assistons à l’émergence d’un nouveau modèle de consommation autour de l’agro-alimentaire. L’industrie de l’alimentation et de ses services est en plein bouillonnement et toute la filière de l’agriculteur au consommateur voient leurs habitudes évoluer. Nous n’avons pas fini de nous régaler !
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