Chez Inouï, pôle consumer design de Curius, on envoie les jeunes aux quatre coins du monde à la découvertes de nouveaux goûts. Mieux qu’un guide : Julie-Léonora, rédactrice à l’agence, Gabin et Eugène du collectif Undrglobe reviennent de Melbourne, Séoul, et Berlin. Influencia s’empapille les babines.
« Je suis à l’affût des dernières tendances de société que je saisis au fil de mes voyages. C’est en partant à la découverte de l’ailleurs que je construis et partage une vision critique de ce qui m’entoure. Rencontrer l’altérité, n’est ce pas cela qui nous enrichit et nous rend plus curieux ? La culture food est une déclinaison de cette manière de concevoir le monde. »
Berlin par Julie-Léonora Rédactrice chez Curius & Inouï
Il est loin le temps où la currywurst au ketchup régnait en maître. Le brassage multi-culturel propre à cette ville bouillonnante a fait son oeuvre pour le plus grand bien de nos papilles. En quelques années, Berlin s’est transformé en véritable paradis de la food. Un paradis peuplé de trucks, de petits restaurants qui s’ouvrent et se ferment parfois aussi vite et de marchés qui sentent bon la cuisine du monde. On peut goûter de tout à Berlin : soudanais, kurde, turque, italien, japonais, libanais, thaï… La capitale allemande passionne ou fatigue, dure par son architecture, elle est aussi très accueillante de par ses habitants, ses bars et restaurants. On est toujours surpris par cette ville qui regorge de contrastes et de diversité. Son côté festif possiblement excessif se double d’une dimension ultra green et écolo. Pas de contradiction entre aller manger son bowl vegan chez Holy Flat à Neukölln avant d’aller faire la queue au mythique Berghain. En plus de la diversité culturelle qui traverse les assiettes, la déferlante vegan emporte tout sur son passage. Capitale verte par excellence, Berlin est une figure de proue du développement durable qui adapte la green attitude à la sauce urbaine branchée (mais sans jamais se prendre la tête). Du truck au restaurant étoilé, l’offre se diversifie pour toucher toutes les strates de la population. Chez Beets&Roots, on fait des bowls et wraps vegan et veggie. Un fast-good qui dépoussière le plat vegan sans goût déprimant par ses dizaines de nuances de beige. Dans une ambiance industrielle urbaine revisitée avec néons et touches de couleur, on vient acheter son healthy snack dans le quartier chic de Mitte.
Une crèperie Vegan…
Dans la capitale allemande, la food culture se vit aussi beaucoup sur les marchés. Les jeudis, rendez- vous au Street Food Thursday de Markthalle Neun. Des dizaines de stands ouvrent leur volet aux visiteurs affamés qui ne savent plus où donner des papilles. Ce qu’il y a de génial dans ce marché c’est qu’il offre un condensé de la food culture berlinoise. Côté vegan, on peut aussi bien manger népalais chez Holy Everest, qu’indonésien chez Tempeh-Hof Haryanti ou érythréen chez TZOM. Et pour les amateurs de tofu, direction TofuTussis qui, green lifestyle oblige, a dressé en véritable art de vivre la consommation de tofu avec ses « Slow Tofu Workshop ». On retrouve d’ailleurs son food truck et ses tofu burgers rouges et noirs au The Green Market Berlin, rendez-vous qui rassemble tous les 6 mois les acteurs bio branchés de la capitale. On y vient pour se jeter sur les donuts vegan qui font saliver de chez Brammibal’s donuts (ce n’est pas parce qu’on est vegan qu’on n’est pas gourmand) tout en buvant du Kombucha de chez ManuTeeFaktur. Le tout sur un DJ set de Nina Hawaii qui tient à Neukölln une crêperie vegan appelée Let It be. Berlin, c’est définitivement good vegan vibes only…
Séoul par Gabin & Eugène
« Nous avons décrypté pour l’agence Inouï les nouveaux comportements alimentaires des grands spots de la food culture, un moyen de comprendre les cultures pour mieux y déceler la créativité et l’innovation. Indissociable de notre approche, les lieux où l’on mange sont aussi ceux où l’on rencontre, échange et lie des liens, la raison de notre existence et notre inspiration. » Bienvenue dans le futur.
Voilà la première impression que l’on a en arrivant à Seoul. La mode, la musique, l’architecture, … on touche du doigt la science fiction, et la food n’est pas en reste.
La K-food, est en quelque sorte l’avènement du « toujours plus » : toujours plus coloré, cute, kitsch, provoc, décalé… et surtout toujours plus instagrammable. Que ce soit au niveau des recettes, des décors, ou des concepts, les acteurs de cette K-food toujours plus folle n’hésitent pas à casser les codes et à renverser la tradition coréenne.
Le thé, ainsi que tout son cérémonial, laisse ainsi sa place au café et ses art latte comme ceux de C-Through par exemple.
Un bar à chats ou à … chiens
Le bingsu, glace rapée traditionnelle, cohabite avec des cupcakes en forme de petits monstres ou des bâtonnets de glace en forme de rose. Et enfin parce que l’expérience doit primer, les bars et les cafés thématiques se multiplient. On peut ainsi prendre son goûter dans un bar à chats ou chiens mais aussi à suricates ou chouettes. On peut boire un jus frais dans un café-fleuriste ou se poser dans un café Hello Kitty. Mais on peut aussi savourer un cocktail chez un collectionneur de vinyls ou de sneakers. Ce souci de la décoration et du concept répond non seulement au besoin d’instagrammer mais surtout à celui d’échapper au rythme effréné de la société coréenne. Alors que d’un côté la ville grouille de monde, de l’autre les études et le travail occupent une place prépondérante à Séoul. La nécessité d’optimiser l’espace de restauration et le temps de consommation poussent alors les coréens à être particulièrement créatifs. Ainsi dans le quartier étudiant de Hongdae par exemple, certaines boutiques qualifiées de « Hole in a Wall » ne vendent des bières qu’à emporter tandis que d’autres proposent des « Food in a glass », c’est-à-dire des gobelets tout en un qui vous permettent de manger et boire à la fois. La première impression est en fait la bonne : à Séoul on est bel et bien dans le futur.
Melbourne par Gabin & Eugène
Le Beau, le Bon et le Cool. On ne peut mieux résumer un food trip à Melbourne.
L’Australie connait une véritable premiumisation globale de son écosystème food et ça se sent. La qualité et la variété des produits, le service et les décors ne cessent d’évoluer pour satisfaire des consommateurs de plus en plus pointus et avides de découvertes.
La nourriture healthy fait ainsi partie intégrante de « l’Australian way of life ». Il n’a jamais été aussi simple qu’à Melbourne de manger sain tout en allant au restaurant. Lorsqu’on étudie la liste des meilleurs restaurants de la ville, il ne faut d’ailleurs plus s’étonner de voir les vegans en tête du classement -Transformer ou Smith & Daughters font partie de ces incontournables-. Même la junk food prend des allures de junk good avec des concepts comme Grill’d qui propose des burgers healthy.
Dans une ville où le sport tient une place centrale, les marques redoublent aussi de créativité en dehors des repas, pour proposer des formules protéinées qui ne soient pas juste des pots de poudre. Les concepts se multiplient : smoothie et protein bowl, milk shake… C’est bon, c’est beau et ludique à consommer.
Enfin, une fois par an, le Royal Exhibition Center se transforme même en lieu de pèlerinage pour les adeptes de la bonne bouffe et au Big Vegan Market, les nouveaux concepts de la food healthy foisonnent, pour le plaisir des yeux et des papilles. On achète son brownie dans un pot en verre façon DIY, on se laisse tenter par une dégustation de kombucha et surtout on est happé par le nuage du stand de glace au nitrogène. Il y en a pour tout le monde : les curieux, les gourmands, … et les instagrammeurs.
Il faut savoir en effet que l’Australie est le deuxième marché food pour Instagram.
Nuts-about-Tella propose pizzas et burgers nutella-fraise
Les habitants de Melbourne ne demandent qu’à être surpris par une nourriture spectaculaire, décalée, colorée et créative. Et les restaurants, cafés ou boutiques en profitent.
Il ne s’agit alors plus forcément de faire du healthy, mais de faire du bon, du beau et du trendy. Quand on suit un régime, autant que le cheat mealsoit, cool après tout. Le plaisir n’en est que plus déculpabilisé.
La marque de glace Messina propose ainsi des recettes inspirées de séries TV comme Game of Thrones, Nuts-about-Tella propose pizzas et burgers nutella-fraises, Doughnut Time référence nomme ses produits d’après des stars, des films ou des chansons.
L’importance visuelle tient donc au produit mais aussi au lieu. Lune croissanterie prépare par exemple ses pâtisseries aux yeux de tous dans un décor brut et élégant aux allures de laboratoire futuriste, et dans un autre registre, Easey’s nous invite à monter dans des rames de tramway taguées et perchées au dernier étage d’un immeuble pour tester ses burgers. L’underground n’a jamais aussi mal porté son nom. Si la healthy food est une religion à Melbourne, il est donc facile d’y être fidèle … ou pas !