Le Chief Digital Officer n’est pas un magicien de la transformation. Il est surtout très seul, car si le Comex attend de lui quelque chose, encore faudrait-il le lui faire savoir…
Le Chief Digital Officer (CDO) ne peut être que le bras armé de la vision et de la volonté affirmée d’une équipe dirigeante soudée autour d’un projet clair. Cela sous-entend qu’elle ait pris le temps de s’acculturer au contexte de digitalisation de son secteur, et plus largement du monde. La transformation digitale ne concerne pas que la communication, ou l’investissement dans des start-up, et le sujet ne sera pas réglé par le recrutement d’un CDO. Il est urgent que les membres des Comex sortent de leur intuition digitale « personnelle », souvent façonnée par quelques expériences, TedX, petits-enfants et autres rencontres… Il leur faut construire une culture intime et collective pour comprendre et partager la signification et les effets de ces concepts : la force du partage, l’impact de la vitesse, la vertu de la conversation et la puissance des nouveaux usages. Ils doivent se préparer à la vague suivante : la désintermédiation (blockchain), la data et son substrat, l’intelligence artificielle.
Une question de gravitation
La digitalisation touche tous les pans de l’entreprise, tous les processus, toutes les tâches. Elle déplace le centre de gravité de la création de valeur de toutes les entreprises vers les publics, vers leurs usages et vers leurs expériences vécues. Cela change tout. Ce n’est pas simple à comprendre et à accepter. Le président d’Accor Sébastien Bazin explique que son rôle dans cette phase d’engagement de la transformation est essentiellement pédagogique : « Expliquer, expliquer, expliquer. » La maîtrise partagée du sujet par les équipes dirigeantes devient la pierre angulaire du succès de cette démarche. Culture collective, visions partagées, priorités mesurables sont les trois piliers qui vont permettre à un Comex de piloter son CDO. Il sera ensuite en mesure de formaliser une stratégie, de proposer une feuille de route avec son chiffrage et d’impulser le rythme qu’impose cette démarche. Et à cela il faudrait ajouter une condition : « Pendant les six premiers mois, passer au moins une heure par jour avec le président à débattre de ce sujet… » Il est urgent d’aider les CDO à sortir de leur solitude.