28 juin 2023

Temps de lecture : 3 min

« Je ne veux pas être un passeur de plat entre les agences et les créateurs de contenu », Florie Bodin (Grows)

Florie Bodin a fondé en 2021 l’agence Grows. Cette entrepreneuse, qui se définit comme un manager de talents et de créateurs de contenu, est une des quinze membres du conseil exécutif de l’Union des métiers de l’influence et des créateurs de contenus (UMICC). Très active, elle se félicite du vote de la loi qui vise à encadrer l’influence commerciale et  à lutter contre les dérives des influenceurs sur les réseaux sociaux. Entretien...

INfluencia : Depuis quand travaillez-vous dans le marketing d’influence ?

Florie Bodin : je suis dans ce secteur depuis quatre ans. J’ai commencé par travailler pour une agence qui représentait des marques. J’étais spécialisée dans le tourisme. Durant la pandémie, l’entreprise s’est tournée vers le marketing d’influence en devenant agent de talents. Je me suis alors retrouvée dans des situations ubuesques où je devais défendre deux parties opposées. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de partir et de lancer ma propre agence.

IN : quelles sont les particularités de Grows ?

F. B. : nous travaillons uniquement avec des créateurs de contenus. La dizaine de talents que nous représentons en exclusivité pour une durée de deux ans reconduite tacitement ont tous plus de 30 ans, à une exception près, et ils ont tous plus de dix ans d’expérience derrière eux, ce qui représente une grande ancienneté dans ce secteur encore très jeune. Mon travail consiste à faciliter les échanges entre les créateurs de contenus et les annonceurs et de comprendre les objectifs de ces derniers.

IN : travaillez-vous surtout avec des agences ou des annonceurs en direct ?

F. B. : 90% de mon travail se fait avec les agences. Je fais très peu de commercial. Je vais très rarement m’adresser directement aux marques. Je n’ai pas une approche qui consiste à montrer le catalogue de talents avec lesquels je travaille pour convaincre des annonceurs à collaborer avec telle ou telle personne.

IN : quel est le profil type de créateurs de contenus que vous représentez ?

F. B. : ils ont, comme je vous l’ai dit, une longue expérience et ils ne se cannibalisent pas les uns aux autres. Ils sont tous experts sur leur sujet et suivent une ligne éditoriale bien définie. Certains sont spécialisés dans le voyage, d’autres dans le food. Leurs communautés sur Instagram varient entre 100.000 et 500.000 abonnés et certains dépassent le million de followers, toutes plateformes confondues.

IN : quelles sont les plateformes sur lesquelles ils sont le plus présents ?

F. B. : dans le cadre des collaborations avec les marques, notre cœur de métier reste Instagram car c’est la plateforme la plus rentable. C’est elle qui est la plus plébiscitée par les annonceurs et qui permet d’activer le plus rapidement les contenus.

IN : aidez-vous vos talents à créer des contenus ?

F. B. : nos bureaux à Paris possèdent un espace de tournage avec un fond vert qui permet aux créateurs de produire des contenus. Je les aide sur plusieurs domaines : la production, l’aspect juridique de leur travail, le conseil en image. Je ne veux pas être un passeur de plat entre les agences et les créateurs de contenu. Mon travail consiste à les accompagner et pas uniquement à leur faire signer des contrats avec des annonceurs.

IN : leur facturez-vous une sorte d’abonnement mensuel pour tous les services que vous leur apportez ?

F. B. : aucunement. Je prends seulement un pourcentage sur les contrats qui sont signés avec les annonceurs mais je suis une démarche très proche de celle d’un agent artistique.

IN : Vous avez rejoint très tôt l’UMICC. Pour quelles raisons ?

F. B. : nous parlions depuis longtemps en coulisse entre les membres fondateurs de l’UMICC de la nécessité de créer une plateforme d’échanges qui permettrait notamment de crédibiliser notre métier. L’influence était depuis quelques mois sous les feux de la rampe mais pour de mauvaises raisons. Les excès de certains influenceurs basés notamment à Dubaï portaient atteinte à la réputation de tous les autres créateurs de contenu qui faisaient leur travail sérieusement. Le statut des talents n’était pas non plus clairement défini. Leur métier était dans un flou complet entre les photographes et les producteurs de vidéo. Une partie de mon travail consiste à protéger les droits d’auteurs des créateurs que je représente mais il est nécessaire, pour cela, de définir un cadre légal pour leur profession.

IN : La loi récemment adoptée par les députés et les sénateurs qui vise à encadrer l’influence commerciale va-t-elle dans le bon sens, selon vous ?

F. B. : sans aucun doute. La loi correspond aux arguments que l’on a présenté aux six rapporteurs avec lesquels nous avons eu la chance d’échanger très tôt lors de l’élaboration de ce texte. La loi est conforme à la réalité de notre secteur. Il reste encore quelques petits détails à préciser mais cela se fera dans les décrets qui doivent encore être définis. Ce texte va apporter plus de transparence pour les lecteurs, les viewers et les abonnés. Dès le moment où un métier est légiféré, il est crédibilisé et cela a une énorme importance pour nous.

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