Avec le rôle prépondérant joué par les réseaux sociaux dans la chute de l’ancien gouverneur Bo Xiliai, figure montante du parti communiste, le gouvernement chinois durcit sa censure sur la Toile et les deux principaux services de microblogs Sina Weibo et Tencent QQ. Les autorités de l’Empire du milieu plombent les ailes de la transparence et de la liberté d’expression, à quelques mois des changements programmés à la tête du pays.
Donc quand il s’agit d’empêcher le peuple de connaître la vérité sur la très forte pollution de l’air, l’exécutif va même jusqu’à provoquer un incident diplomatique : le mois dernier, l’ambassade américaine était sermonnée pour avoir relayé sur Twitter la (très mauvaise) qualité de l’air à Pékin. Depuis, aucun gouvernement étranger n’est autorisé à publier la moindre donnée sur la pollution atmosphérique.
Accusé en 2007 par un rapport de la Banque mondiale de provoquer 750 000 décès prématurés en Chine, ce désastre environnemental et de santé publique est un sujet sensible qui embarrasse le pouvoir. Début août, quand le projet FLOAT va importer à Pékin sa « science citoyenne », dixit l’un de ses co-fondateurs, quelle sera donc la réaction de l’exécutif ? Deren Guler et Xiaowei Wang n’y songent pas encore. Pour les deux étudiants de Carnegie Mellon et Harvard, FLOAT est « un art public et technologique d’expérience visuelle et sensorielle, qui permet avant tout de rassembler les gens. »
Ce rassemblement pour la transparence et la possession individuelle de données informatives sur la pollution de l’air, FLOAT le construit avec un seul outil, inattendu pour un tel usage : un cerf-volant. Equipé de microcontrôleurs, chaque cerf-volant dispose de détecteurs et d’un indicateur LED capable de classer les degrés de pollution et les polluants par couleur (rouge, jaune, et bleu). Une carte SD intégrée permettra à chaque utilisateur de conserver ses données, si jamais Pékin bloque leur accès sur Google Map et Cosm, où elles sont automatiquement envoyées.
Déjà subsidié par The Awsome Foundation et la Black Rock Arts Foundation, FOAT est en cours de financement sur le site de crowdfunding Kickstarter, sur lequel il demande 2250 euros. Autant dire rien du tout. Avec ou sans cet argent, FLOAT sera à Pékin dans quelques semaines pour des ateliers et des démonstrations publiques. Chaque citoyen pourra fabriquer son propre cerf-volant et l’équiper de la technologie inventée et promue par FLOAT.
Une jolie leçon d’activisme intelligent ! Et pour les marques, une belle opportunité également de montrer leur intérêt pour l’environnement. Pourquoi ne pas imaginer certains constructeurs automobiles, comme par exemple Toyota Prius ou la Renault Twizy, offrir avec chaque achat, un tel cerf-volant à leurs consommateurs, pour montrer au monde entier qu’elles sont sincères dans leur volonté de moins polluer? A suivre…