Les femmes assument leurs achats « hot »…
Les femmes ayant déjà utilisé des sex toys sont la plupart du temps plus jeunes et plus émancipées à l’égard de la religion. Par ailleurs, ces dernières déclarent également avoir une vie sexuelle et sentimentale plus satisfaisante que la moyenne. « En effet, l’usage des sex toys est plus répandu chez les jeunes femmes (49% des femmes âgées de 25 à 34 ans en ont déjà utilisé), dans les catégories populaires (41%, contre 35% des cadres) et chez les athées (41%, contre 33% des catholiques pratiquantes) tout en étant plus fréquemment observées chez les sympathisantes de droite (45%) que chez les sympathisantes de gauche (36%).» souligne l’étude Ifop*
… Mais le sextoy reste dans le couple
Malgré cette émancipation sexuelle, le « sexe-loisir » est avant tout associé au couple. Contrairement aux idées reçues, le sex toy ne représente pas pour les femmes un substitut à une vie sexuelle insatisfaisante. Ainsi, la même proportion de femmes en couple (38%) que de célibataires (36%) déclare avoir un (ou des) sex toy(s).
Effectivement, l’usage d’un sex toy s’inscrit pour 50% des femmes dans le cadre d’une relation conjugale et serait un instrument idéal pour égayer leur routine. Évidemment, l’étude étant basée sur du déclaratif, il convient de prendre en considération la tendance des femmes à sous-évaluer leurs pratiques solitaires masturbatoires. Ceci s’expliquant par la présence encore forte des stéréotypes traditionnels. Les pulsions sexuelles seraient le privilège des hommes alors que les femmes, elles, devraient être plus réfléchies.
Finalement, si les pratiques sexuelles ont largement muté, intégrant par exemple de plus en plus des pratiques SM « soft » – « Aujourd’hui, une femme sur quatre déclare avoir déjà reçu une fessée de son partenaire (24%) contre 8% en 1985 » – ou des fantasmes extraconjugaux – « Une femme sur trois verrait son désir attisé en s’imaginant faire l’amour avec un autre homme (35%) et une sur cinq (21%) en s’imaginant avec plusieurs hommes » – les individus témoignent encore d’un attachement à la bulle de confort que représente le couple. C’est d’ailleurs ce que témoigne l’attachement des individus au mariage.
Environ 79% des femmes n’envisagent pas de réaliser leurs fantasmes avec une personne autre que leur compagnon. Le sexe ne parvient pas à s’autonomiser de l’amour conjugal ; il ne peut être considéré comme un loisir comme les autres.
D’après Jean-Claude Kaufmann**, les femmes sont victimes d’une « dualité intime ». Désirant vivre dans une société parfaitement égalitaire, elles optent pour des nouvelles pratiques sexuelles autrefois réservées aux hommes. Parallèlement, elles rêvent d’un soutien amoureux stable et sécurisant pour mieux affronter la vie. Ces deux aspirations sont à la fois très fortes, mais aussi très souvent incompatibles et permettent de mieux comprendre les ambivalences féminines.
« Tout se passe comme si deux enjeux les portaient, tous les deux révolutionnaires (…) L’idéal égalitaire (…) qui exigerait que les femmes s’affirment en tant qu’individus déliés et autonomes, comme le font les hommes, pour enfin sauter ce verrou. Et le rêve d’un monde différent, régi par l’amour, qui les pousse au contraire à se relier affectivement, au risque ensuite de dépendre des hommes et de payer cet engagement par des charges familiales très lourdes » écrit le sociologue.
Benjamin SMADJA, Directeur Marketing, aufeminin.com ; Womenology.fr
@womenology
**Kaufman, Sex@mour, Armand Colin, 2011
*Enquête Ifop pour Femme Actuelle, « Les Françaises et le « mommy porn » : entre fantasmes et réalité », 3 janvier 2013.