7 novembre 2016

Temps de lecture : 5 min

« Il faut valoriser les salariés pour ce qu’ils font, mais aussi pour ce qu’ils sont »

Le Danemark est le pays le plus heureux du monde. Alors, pourquoi ? Quelle est la recette du bonheur à la danoise ? Comment s’en inspirer dans notre vie et dans la vie professionnelle ? Réponses de Malene Rydahl, auteure à succès de « Heureux comme un Danois »*, lors de la prochaine rencontre trimestrielle « Inspiration for Women in Tech » organisée le 15 novembre par Caroline Duret, DG de RADIUM ONE**.

Le Danemark est le pays le plus heureux du monde. Alors, pourquoi ? Quelle est la recette du bonheur à la danoise ? Comment s’en inspirer dans notre vie et dans la vie professionnelle ? Réponses de Malene Rydahl, auteure à succès de « Heureux comme un Danois », lors de la prochaine rencontre trimestrielle « Inspiration for Women in Tech » organisée le 15 novembre par Caroline Duret, DG de RADIUM ONE.

INfluencia : quelle est votre définition du bonheur ?

Malene Rydahl : la liberté d’être fidèle à soi-même, de vivre le plus possible selon ce que l’on est réellement, d’avoir le courage de poursuivre une vie heureuse et de suivre ses rêves. Il faut aimer la vie, sa vie. Mais attention, il ne faut pas croire que le bonheur est un état permanent et être dans la course permanente au bonheur. Car ce n’est pas vrai, même lorsqu’on a de bonnes bases mais quand il est là il faut être capable de le reconnaître et de le vivre pleinement.

INfluencia : si vous deviez décrire la recette danoise du bonheur en trois mots

M.R. : la confiance entre les citoyens et dans les institutions. La liberté de choisir sa vie, le civisme, c’est à dire la responsabilité individuelle vis à vis des projets communs

IN : le bonheur, ça se travaille ? Comment ?

M.R. : oui , bien sûr ! D’ailleurs, certains scientifiques affirment que notre aptitude au bonheur serait influencée à 50 %,par nos chromosomes. Mais la bonne nouvelle est que les 40 % de facultés au bonheur restants nous appartiendraient, ce qui nous laisse encore un peu de marge de manœuvre sur notre propre bonheur. Je pense qu’il faut aimer le chemin sur lequel on marche et retrouver le sens de pourquoi on se lève le matin. Quand je rencontre des salariés, je leur pose souvent cette question : « savez-vous pourquoi vous êtes là ? ». Souvent ce n’est pas le cas. Payer le loyer n’est pas une bonne réponse. Pourquoi fait-on tout ça alors ? Le fait de participer à quelque chose, de réaliser un rêve ou de simplement aller dans cette direction donne un sens à nos vies. L’essentiel est de semer des graines -appelons les, les graines du bonheur- de les arroser et de s’en occuper pour multiplier les possibilités et avoir le choix.

IN : heureux comme un Danois, ok. Mais heureux comme un Français ?

M.R. : mais oui, on peut avoir les mêmes principes de bonheur ici. Certes je viens d’un pays où il y a 78% de confiance entre les citoyens, en France nous sommes à seulement 22%. Toutefois, dans ma vie à Paris, j’ai un taux de confiance identique à celui du Danemark parce que j’ai décidé de me comporter comme quelqu’un à qui on peut faire confiance et qui donne sa confiance aux autres.
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IN : vous parlez de bien-être individuel. Et le bien-être collectif ?

M.R. : bien sûr, il existe une différence entre le bonheur collectif moyen d’un pays à l’autre (celui que mesurent les fameux rapports sur le bonheur) et le bonheur personnel. Mais tout le monde est libre de planter une graine de bonheur. La confiance, la liberté d’être soi et l’engagement autour de valeurs communes sont trois piliers incontournables. Au Danemark, presque 80% des personnes font confiance aux autres (la moyenne mondiale est à 25%). La confiance des gens est aussi très forte dans les institutions, à près de 85%. Il faut valoriser les gens pour ce qu’ils sont et ce qu’ils font, c’est très important. On touche le cœur et c’est là où l’engagement commence.

IN : en politique aussi ?

M.R. : soit vous vous engagez, soit vous arrêtez de râler. Cela n’aide pas le système. Les Danois n’attendent pas « quelque chose » de l’Etat : ils attendent quelque chose… les uns des autres ! Autrement dit, ils veulent bien s’engager dans le projet commun, mais à la condition que tout le monde participe, et respecte les règles du jeu. Pour faire avancer un pays comme la France il faut un engagement individuel, les politiques ne peuvent pas tout porter. Il faut aussi que chacun soit exemplaire en tant que citoyen, parent, salarié… cela implique tout le monde

IN : la Banque Mondiale a classé  le Danemark dans le top trois des « meilleurs pays pour le business » derrière la Nouvelle-Zélande et les USA. La France arrive en… 23ème position. Que faut-il faire pour changer cela ? Mettre des Chief Happiness Officers partout ?

M.R. : le management danois, soucieux du bien-être au travail, a fait ses preuves pour augmenter la productivité, la créativité, l’implication et la fidélité des salariés. En France, la situation est plus tendue en effet. Selon une étude Gallup, 91% des salariés en France ne se sentent pas engagés dans leurs entreprises. Or leur mal-être est la source de nombreux problèmes : manque de fidélité et fort turnover des équipes, arrêts maladie croissants, perte de créativité, d’innovation et de productivité.

Pour faire changer cette situation, il faut s’appuyer sur trois piliers :

– cultiver l’esprit de confiance, dire ce que l’on fait et faire ce que l’on dit. Le management doit avoir une communication transparente. Et le pdg, tous comme les membres du comité de direction doit incarner impérativement les valeurs du groupe, dans tous ses actes et ses paroles

– la liberté d’être soi. Au Danemark, le but de l’éducation nationale est de développer la personnalité des enfants, donc de les valoriser tous au même titre. La notion est la même dans le management, rejoignant le concept selon lequel :il faut bien sûr valoriser les salariés pour ce qu’ils font, mais aussi pour ce qu’ils sont. Dès qu’on les met en valeur, la productivité, l’innovation, la créativité et l’engagement augmentent. Regardez l’exemple du Post-it, il a été inventé par un employé qui avait 15 % de temps libre (ndlr : grâce à la possibilité accordée dans les années 1940 aux chercheurs du groupe par William L. McKnight, président de 3M, de consacrer 15 % de leur temps à des projets personnels).

– la responsabilité individuelle et le sens du projet commun, qui fait que chaque individu se dit : « je m’inscris dans ce projet, donc je m’engage ». Il faut pour cela que l’entreprise encourage les initiatives et ose accepter les erreurs. Si elle le fait, elle obtient 32 fois plus de prises de risque, 11 fois plus d’innovation, et 6 fois plus de productivité

IN : quelles clés du bonheur donneriez-vous aux lecteurs de INfluencia?

M.R. : je leur dirais soyez votre meilleur ami, arrêtez de vous comparer aux autres, oubliez les normes et les pressions de la société, ayez toujours un plan B, choisissez vos batailles, soyez honnêtes avec vous-même, cultivez un idéalisme… réaliste, vivez au présent, réservez-vous plusieurs sources de bien-être et aimez les autres.

Albert Schweitzer, prix Nobel de la paix en 1952 en savait quelque chose quand il disait : « le bonheur est la seule chose qui se double si on le partage ».

* éditions Grasset
** les trois premières conférences ont été données par  Florence Servan-Schreiber qui a expliqué comment développer ses supers-pouvoirs pro et perso, Marc Van Rymenent sur les neurosciences pour découvrir les secrets du fonctionnement inconscient de notre cerveau et leur apport sur le marketing digital (sites web, e-mailings, etc…) et Emmanuelle Gagliardi sur comment donner un coup de boost à sa carrière grâce au networking/réseau

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