avant que le scandale n’éclate et que cet ouvrage Les Fossoyeurs ne soit publié, je ne connaissais pas, -comme la plupart des Français- le dossier Orpea…
IN. : Vous êtes juriste de formation, comment se retrouve-t-on directrice des ressources humaines, chez Suez, dans un premier temps?
Fanny Barbier: titulaire d’un master de droit, enseignante à l’université de Rouen, j’occupais ensuite le poste de juriste conseil chez Crédit Agricole de 2002 à 2005 avant d’entrer chez Suez… où j’exerce différentes fonctions au sein de la Société industrielle des transports automobiles en tant que directrice du développement des talents jusqu’en 2015 ; directrice des ressources humaines jusqu’en 2018 ; vice-présidente en charge des talents et de la culture Groupe jusqu’en 2020.
IN. : vous-vous étiez mise entre parenthèse (façon de parler) pendant un an pour vous occuper de votre famille… Qu’est-ce qui vous motive dans ce projet , celui d’une entreprise abimée par un scandale ?
F.B. : de fait avant que le scandale n’éclate et que cet ouvrage Les Fossoyeurs ne soit publié, je ne connaissais pas, -comme la plupart des Français- le dossier Orpea… Je quitte Suez en 2020 , pour me consacrer pleinement à mes enfants (Fanny Barbier a trois enfants). Période pendant laquelle je me consacre également au bénévolat pour le programme »Un jeune, un mentor » puis je me suis orientée vers du conseil stratégique RH….
je lis le livre, et je me dis qu’il y a 71 000 collaborateurs dans le groupe, dont 26 000 en France, et j’arrive à la conclusion qu’il y a un immense défi en termes de ressources humaines.
IN. : mais vous êtes chassée à nouveau, comme on dit dans le métier…
F.B. : oui, cette fois c’est le cabinet Lemercier qui me contacte pour me parler d’Orpea. Compte tenu du contexte particulier je demande un délai de réflexion. Ce n’est pas simple. La problématique sociale, sociétale, humaine, m’interpelle comme le plus grand des défis, je lis le livre, et je me dis qu’il y a 71 000 collaborateurs dans le groupe, dont 26 000 en France, et j’arrive à la conclusion qu’il y a un immense défi en termes de ressources humaines. Il y a dans ce groupe, des collaborateurs, dont il faut à tout pris prendre soin, lesquels prennent soin des résidents et patients. Il faut rappeler qu’au sein d’Orpea, il y a des d’Ehpad mais aussi des cliniques psychiatriques et des établissements de soins de suite.
les collaborateurs restent avant tout pour les patients et les résidents. Rien n’aura ébranlé leurs convictions, leur fierté de faire ce qu’ils font.
IN. : Laurent Guillot, nouveau Directeur Général souhaite reconstruire et refonder le groupe, dont le coeur est l’humain… Avez-vous été saisie au fond par la gravité du sujet du grand âge, des plus fragiles (NLDR, Orpea ce sont aussi des cliniques psychiatriques, et des lieux de soins de suite)?
F.B. : c’est un défi immense… Tous ceux qui qui y travaillent, qui sont des opérationnels me racontent leurs parcours, et s’avèrent être des collaborateurs exceptionnels. Je retrouve chez Orpea une forte notion de service public, les collaborateurs restent avant tout pour les patients et les résidents. Rien n’aura ébranlé leurs convictions, leur fierté de faire ce qu’ils font. Ni la Covid, ni le livre. Ce que je veux dire, c’est que ces personnes n’ont pas quitté le navire. Cadres de santé, psys, kinés, infirmiers, aides-soignants, auxiliaires de vie etc. Ces hommes et ces femmes restent engagés, mobilisés. J’en suis persuadée, on ne rentre pas dans le soin par hasard, ce n’est pas un métier comme un autre.
Il n’y avait pas d’équipe de Ressources Humaines en région pour les accompagner, et les aider dans le recrutement.
IN. : quelles seront vos premières mesures ?
F.B. : tout d’abord, j’accepte ce poste avec humilité dans la mesure ou l’une des problématiques majeures est de restaurer la confiance et de réussir à redonner au métier sa légitimité. Il m’est apparu assez vite qu’il allait falloir mettre en place une politique sociale et salariale attractive et valorisante. Comment faire en sorte, de permettre à chacun de donner le meilleur de soi. Il n’y avait pas d’équipe de Ressources Humaines en région pour les accompagner, et les aider dans le recrutement.
IN. : concernant le recrutement comment allez-vous procéder ?
F.B. : nous allons étoffer notre direction des ressources humaines, et la déployer sur le terrain pour appuyer les directeurs d’établissements. C’est pourquoi Orpea a annoncé lancer un large programme de recrutement et de formation interne afin de trouver du personnel qui s’épanouisse dans l’entreprise et réduire ainsi le turnover en travaillant sur la valorisation des talents. Vous savez, le renforcement des équipes aux côtés des résidents est une priorité. Nous allons recruter davantage. Nous avons déjà commencé, avec au 1er semestre, 650 personnes supplémentaires sur toute la France, et nous allons continuer. La priorité c’est le respect sans faille des principes d’éthique.
les Directeurs d’établissement ont désormais plus d’autonomie : la possibilité, par exemple de recruter localement, de mettre en place des actions pour répondre aux besoins des collaborateurs
IN. : vous évoquez les « quick win », de quoi s’agit-il ?
F.B. : il faut dans un premier temps délivrer des actions rapides pour redonner du souffle aux équipes. Ainsi, les Directeurs d’établissement ont désormais plus d’autonomie : la possibilité, par exemple de recruter localement, de mettre en place des actions pour répondre aux besoins des collaborateurs ; un meilleur équilibre, vie personnelle et vie professionnelle, alléger l’administratif avec moins de reporting etc. Il s’agit d’une transformation majeure, axée sur la culture de la bienveillance, les conditions de travail, la valorisation, la formation et la reconnaissance des collaborateurs.
nous avons décidé d’intégrer au sein du Comité Exécutif, un Directeur médical, qui sera garant de toutes les décisions prises, il sera acteur de la stratégie du Groupe, ce qui n’était pas le cas auparavant.
IN. : par ailleurs, Laurent Guillot, a défini 3 priorités, dites-vous…
F.B. : l’éthique, la qualité des soins et la sécurité des résidents. Enfin, nous avons décidé d’intégrer au sein du Comité Exécutif, un Directeur médical, qui sera garant de toutes les décisions prises, il sera acteur de la stratégie du Groupe, ce qui n’était pas le cas auparavant. Lors de la restitution des états généraux, l’un de nos résidents a souligné : « les ehpad de demain seront ce que sera la société de demain ». A nous tous d’y travailler !
En résumé
Laurent GUILLOT, Directeur Général depuis le 1er juillet dernier, met en place le nouveau Comité Exécutif du groupe ORPEA qui sera chargé de la transformation et du pilotage du plan stratégique au service de la reconstruction du Groupe. Laurent Guillot précise: «J’ai souhaité construire pour ORPEA une équipe de direction nouvelle, resserrée, mobilisée autour des enjeux prioritaires de l’entreprise. Ces professionnels expérimentés seront au service des établissements, des pays et des régions, et impulseront la dynamique nécessaire pour mener à bien la transformation d’ORPEA. Je compte sur l’engagement de Pierre Krolak-Salmon et de Fanny Barbier pour faire du parcours de soins de nos résidents et patients et de la qualité de l’accompagnement et du développement des collaborateurs, les premiers vecteurs de cette transformation. La solidité financière de l’entreprise, sa réputation, et une stratégie immobilière profondément renouvelée sont autant d’enjeux que Laurent Lemaire, Frédérique Raoult, et Géry Robert-Ambroix sauront relever. »
Ce Comité Exécutif est constitué: du Comité de direction générale: -Laurent Guillot, Directeur Général,-Pierre Krolak-Salmon, Directeur Médical -Fanny Barbier Directrice des Ressources Humaines, -Laurent Lemaire, Directeur Financier, IT et Achats,-Frédérique Raoult, Directrice de la Communication, -Gery Robert-Ambroix, Directeur de l’Immobilier et des Directeurs généraux des pays et régions: -Erik Hamann(Allemagne), -Anton Kellner (Europe de l’Est, Europe centrale), -Thibaut Sartini (Nouveaux pays), -Geert Uytterschaut (Europe du Nord) , -Yen Wang (Amérique Latine), -Asuncion Zaragoza (Espagne-Portugal), -Laurent Guillot assurant l’intérim pour la France.