20 octobre 2010

Temps de lecture : 2 min

Facebook, la plus grande nation 2.0

«The Social Network» est un film assez incroyable. Retraçant la vie et l’œuvre avec une pincée de romance de Mark Zuckerberg, patron et fondateur de Facebook, il dresse le portrait d’un homme investi d’une mission personnelle, et animé d’une passion impressionnante. Mais cette figure et sa créature, Facebook, font également penser à plusieurs mythes, dont celui du Léviathan. Par Thomas Jamet...

«The Social Network» est un film assez incroyable. Retraçant la vie et l’œuvre avec une pincée de romance de Mark Zuckerberg, patron et fondateur de Facebook, il dresse le portrait d’un homme investi d’une mission personnelle, et animé d’une passion impressionnante. Mais cette figure et sa créature, Facebook, font également penser à plusieurs mythes, dont celui du Léviathan.

Mark Zuckerberg est un personnage ambitieux. Et trouble. «The Social Network» de David Fincher, montre une part sombre et romancée du fondateur de Facebook, mais certainement pas totalement dénuée de vérité. Au-delà du débat sur le fait que Zuckerberg ait une réputation sulfureuse, le film met surtout l’accent sur la réussite impressionnante de Facebook. En cela, «The Social Network» est une histoire de pouvoir. Pouvoir sur les cofondateurs, pouvoir social, reconnaissance personnelle de son créateur, et règne sans partage sur le monde du digital.

Mais qui dit pouvoir dit politique. Bien que Facebook soit un réseau social, en soi son fonctionnement  n’est pas très éloigné d’un système réellement politique. Un réseau social est un véritable écosystème politique plus ou moins autogéré. Mais c’est avant tout un ensemble de 500 millions d’individus. Pour certains, Facebook serait même le premier pays 2.0 au monde, comme le montre cette mappemonde. Le fondement d’un ensemble politique est le «vouloir vivre ensemble». C’est évidemment le cas.

Si Facebook est un ensemble politique, ce n’est certainement pas un despotisme, ni un totalitarisme, malgré le caractère autoritaire de son fondateur. Il ne s’agit pas non plus d’une anarchie, les règles étant claires, établies et connues de tous. Il s’agit vraiment d’une démocratie, par essence, et la forme d’organisation politique qui lui ressemble le plus est la république. L’étymologie est toujours intéressante et éclairante sur les sens cachés des mots. La république c’est la «respublica», la chose commune. Facebook est indubitablement cette chose commune absolue, LA chose la plus commune au monde, entre plusieurs centaines de millions de personnes.

Cet ensemble fait évidemment penser au Léviathan de Thomas Hobbes, précis politique sur «la matière, la forme et le pouvoir d’une république ecclésiastique et civile» publié en 1651. Pour Hobbes, le Léviathan est le dépassement de l’état de nature, de la guerre de tous contre tous et l’incarnation par une entité étatique de l’intérêt commun, incarnée par le contrat social, centrée sur l’idée de paix et de sécurité des citoyens. Ce lien social se distend à partir du moment où cette paix et sécurité ne sont plus assurées par l’Etat.

En cela Facebook est proche du Léviathan. La promesse de cette «chose publique» est le partage, le rapprochement, le lien. De la même manière que le lien du contrat social pourrit à partir du moment où la sécurité n’est plus établie, le contrat de Facebook pourrait se distendre notamment lorsqu’il touche aux données privées, ou lorsqu’il est accusé de les utiliser à des fins commerciales. En cela, il se rapproche également du Leviathan, la créature de l’Apocalypse, monstre marin biblique qui est représenté au Moyen-Äge avalant les âmes et les menant directement vers les enfers.

 Thomas Jamet – NEWCAST – Head of Entertainment & brand(ed) content, Vivaki (Publicis Groupe)
thomas.jamet@vivaki.com / www.twitter.com/tomnever
   

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