Le décalage entre les jeunes et les moins jeunes, est-il, comme l’espérait Marcel Aymé**, plus « dans la forme que dans le fond » ? La réponse n’est pas évidente quand on regarde les résultats de la récente enquête Harris Interactive*** sur les liens entre les différentes générations.
Rejetant l’idée de conflit, 96% de nos compatriotes trouvent en effet important qu’il y ait un lien et des échanges réguliers entre les différentes générations. Plus de 90% des Français affirment d’ailleurs entretenir de bonnes relations aussi bien avec les personnes de leur âge qu’avec les représentants des générations précédentes et ceux des générations suivantes. 91% déclarent même que leurs aînés ont des choses à leur apprendre, et 87% d’entre eux estiment pouvoir apprendre des choses à leurs cadets.
Mais si le lien intergénérationnel est perçu comme essentiel, il s’est malgré tout plutôt affaibli ces 20 dernières années. Une majorité de Français considère que les différentes générations partagent moins de convictions, de goûts en commun ou encore de moments d’échange et de discussions. Et ils se montrent plutôt inquiets pour l’avenir, pensant que ce lien va continuer à s’affaiblir.
Va-t-on pour autant vers un scénario catastrophe ? Est-il trop tard pour inverser le processus ? Former par exemple davantage nos aînés aux outils du numérique avec l’aide des plus jeunes, créer davantage de colocations entre étudiants et personnes âgées, pousser le mentoring des seniors… est-il suffisant ? À quand une grande campagne nationale pour réunir toutes ces générations qui ont plus que jamais besoin les unes et des autres ?
* Renée Garneau*, extrait de L’Oeuf de coq (1975)
**Uranus (1948)
*** sondage pour Orangina Suntory, juin 2018 auprès de 1000 personnes