24 mars 2025

Temps de lecture : 4 min

Europe : cinéma et audiovisuel méritent aussi leur ReArm EU

Face aux tensions économiques et diplomatiques croissantes avec les États-Unis, l’Europe doit renforcer sa souveraineté culturelle et audiovisuelle en harmonisant ses règles et en limitant le dumping réglementaire qui avantage les géants du numérique.

Les militaires vont peut-être montrer la voie aux professionnels des médias et du digital. Face à la montée des pressions diplomatiques et économiques subies ces dernières semaines de la part des Etats-Unis, le salut a été unanime ou presque, sur la capacité des dirigeants européens à élaborer une réponse commune, et à lui donner une incarnation puissante : les 800 Mds€ annoncés pour le plan ReArm EU.

Comme souvent avec les grands chiffres, il faut s’attacher à leur dimension symbolique, plutôt qu’en chercher le rationnel immédiat. Combien d’avions, de blindés, de missiles, de navires ?… On peut douter qu’Ursula von der Leyen, Keir Starmer, Friedrich Merz ou Emmanuel Macron aient la moindre idée, à ce stade, de la façon dont l’enveloppe sera répartie. Et quand bien même l’auraient-ils, le temps se comptera en années bien plus qu’en mois avant que cet effort se traduise sur le terrain. A ce stade, l’impact est donc exclusivement politique et diplomatique.

À observer l’offensive lancée par la Motion Picture Association (MPA) contre les règlementations sectorielles – notamment – européennes, audiovisuel et cinéma pourraient également rentrer rapidement en zone de tension. A l’appui – déjà acquis – de leur gouvernement, studios et géants du numérique américains pourront ajouter leur puissance financière et technologique… Sur ce front également, c’est plus que jamais l’union qui fera la force des Européens.

Et de la même façon que la dynamique du plan ReArm EU a conduit à certains aggiornamentos, concernant la discipline budgétaire et les règles fixées au début des années 1990 par le Traité de Maastricht notamment, son équivalent dans le champ culturel pourrait conduire à réviser en profondeur l’approche suivie depuis 35 ans.

Plutôt qu’une véritable législation audiovisuelle commune, les directives – Télévision sans frontières puis SMA – qui se sont succédés, se sont limitées à poser un « socle » minimal, auquel certains Etats-membres se sont tenus, et à prévoir, avec le « principe du pays d’origine » que la domiciliation dans l’un des pays de l’Union – même le moins exigeant – valait passeport pour se développer dans l’ensemble de son territoire.

Cette articulation a rendu possible une forme de dumping réglementaire de la part de pays – les sièges européen d’Alphabet, Meta, Linkedin, Pinterest et X, par exemple, sont basés en Irlande – qui n’avaient pas d’industries créatives locales à défendre, et se sont calés sur le minimum du cadre communautaire pour attirer les sièges continentaux des groupes américains.

C’est ainsi que se sont creusées les asymétries réglementaires au sein de l’Union. Les acteurs français en sont particulièrement victimes, compte tenu des exigences élevées dont la législation nationale a toujours fait preuve.

Défendre demain une souveraineté audiovisuelle et culturelle européenne suppose de réduire ces asymétries, et les pertes de compétitivité qu’elles entrainent.

Réexaminer au niveau communautaire le principe du pays d’origine et, sans doute, réduire son champ d’application (la directive SMA de 2018 a fait un premier pas dans cette direction).

Réexaminer les dispositions nationales, pour prendre en compte le basculement qui s’est engagé, de l’univers du broadcast vers le monde du streaming. En France, par exemple, y a-t-il encore un sens à conserver des quotas de diffusion – segmentés par tranches horaires de surcroit – dès lors que l’usage passe de plus en plus par l’accès direct à des catalogues de programmes à la demande… et que la contribution de l’éditeur au financement de la création reste, elle, garantie ?

Poser les bases d’un véritable cadre européen unifié conduira forcément aussi sur le terrain économique. Qu’il s’agisse par exemple des modalités d’insertion de la publicité (durée, nombre de coupures, secteurs interdits, intégration à un parcours d’achat…) ou de la Loi Sapin (sur laquelle la France fait aujourd’hui figure d’exception). Parce que la défense de la souveraineté culturelle est indissociable de la capacité à assurer la pérennité économique.

separation

INfluencia est heureuse de vous faire partager  la synthèse de l’Insight NPA de la semaine et vous propose une offre exclusive en partenariat avec NPA Conseil : -30% sur « Insight NPA » de cette semaine (soit 525 € au lieu de 750€). Insight NPA est l’outil de veille et d’aide à la décision référent pour les acteurs des marchés médias, Télécoms et Numérique.

Pour profiter de cette offre, cliquez ici

Suite à votre achat, votre document pdf « Insight NPA » vous sera envoyé par e-mail dans un délai de 48h. Découvrez le sommaire de la publication de cette semaine : 

separation

100 Mds$ et 40 % du total des investissements dans les contenus pour les studios et les streamers américains


Selon les données d’Ampere, les dépenses mondiales en contenus des sept principaux groupes médias américains seront stables en 2025 (-0,02 %) par rapport à 2024, à un peu plus de 98 Mds$…(lire la suite)

Image

Réseaux sociaux : Instagram confirme sa position de leader dans l’UE, WhatsApp accède au statut de VLOP

Depuis le 25 août 2023 et l’entrée en vigueur du Digital Services Act (DSA), les « très grandes plateformes en ligne » (VLOPs) et les « très grands moteurs de recherche en ligne » (VLOSEs) sont tenus de publier, tous les six mois,… (lire la suite)

Image

TNT : la France et le Royaume-Uni commencent à débattre de l’après 2030 


L’Union internationale des télécommunications a sanctuarisé les fréquences utilisées par la télévision numérique terrestre en Europe jusqu’au milieu de la prochaine décennie. Mais les usages migrent rapidement vers la télévision sur IP conduisant les pouvoirs publics et les régulateurs… (lire la suite)

Pays-Bas : le streaming payant adopté par 85 % des Néerlandais


Etude annuelle de référence sur l’état des médias aux Pays-Bas, le rapport NMO MediaTrends fait notamment ressortir, un niveau d’équipement audiovisuel légèrement supérieur à ce qu’il est en France (équipement en téléviseur et en smartphone supérieur à 95 %, pénétration de la smart TV à plus de 70 %, pénétration de la tablette à plus de 63 %)… (lire la suite)

Image

L’ARCOM et la régulation de l’information : état des lieux et perspectives


La 18ème édition des Assises du journalisme de Tours a donné l’occasion au nouveau président de l’ARCOM Martin Ajdari d’intervenir le 13 mars dernier sur le sujet de la régulation de l’information. Dans un discours riche et dense, visant « à dire quelques mots de la régulation audiovisuelle et numérique, des liens qu’elle entretient avec la production et la circulation de l’information, et de son rôle dans notre société »… (lire la suite)

separation

Pour acheter « Insight NPA » de cette semaine, cliquez ici
Pour vous abonner et recevoir « Insight NPA » chaque semaine, cliquez ici

Allez plus loin avec Influencia

the good newsletter

LES FORMATIONS INFLUENCIA

les abonnements Influencia