24 juillet 2024

Temps de lecture : 3 min

Éric Dumont (PwC France) : « L’organisation des JO est un travail démentiel comparable à la préparation de 40 Coupes du monde de football »

Partenaire officiel de Paris 2024, le cabinet de conseil PwC France a été sélectionné par le Comité d'Organisation des Jeux olympiques et paralympiques (COJOP) pour accompagner l'organisation des JO parisiens. Éric Dumont, associé Sport et Mega Event chez PwC France et Maghreb, nous révèle les dessous de cet immense projet lancé en 2020 sur lequel près de 500 consultants ont été mobilisés pour réaliser plus de 450 missions.

JO

DUMONT Eric

INfluencia : pourquoi un cabinet de conseil comme le vôtre a décidé d’accompagner l’organisation de Paris 2024 ?

Eric Dumont : les organisateurs de chaque olympiade ont coutume de boucler un partenariat avec l’un des Big 4 de notre secteur pour les assister dans la préparation de l’événement. Seuls nos quatre cabinets ont la force de frappe nécessaire pour répondre à leurs besoins qui sont très variés. Pour Paris 2024, un appel d’offre a été lancé et trois d’entre nous y ont répondu. L’accord final avec le COJOP a été signé en juillet 2021 mais nous avons commencé à travailler avec eux un an plus tôt. L’organisation des JO est un travail démentiel comparable à la préparation de 40 Coupes du monde de football. Nous le savons car PwC a déjà travaillé sur les Jeux d’hiver de Sotchi en 2014.

IN : quels ont été les dossiers sur lesquels vous avez travaillé ces quatre dernières années ?

E. D. : ils sont extrêmement variés. De l’estimation des besoins en main d’œuvre à l’élaboration d’une stratégie logistique en passant par la gestion des achats, nos équipes ont dû s’appuyer sur leurs expertises en finance, ressources humaines, pilotage de projet, audit interne ou encore en gestion des risques pour réaliser tous ces projets. En tout, près de 500 consultants se sont mobilisés sur plus de 450 missions. Aujourd’hui encore, à quelques jours du début des compétitions, je vois certains de nos experts qui ont tous fait de grandes écoles sur des sites avec des casques de chantier sur la tête et des gilets jaunes au-dessus de leurs bermudas. Travailler sur les Jeux leur a permis de mettre les mains dans le cambouis. Revenir au bureau à la rentrée risque de leur demander un certain temps d’adaptation…

IN : pouvez-vous nous donner quelques exemples de projets sur lesquels vous avez collaboré ?

E. D. : un des premiers dossiers sur lequel nous avons travaillé en 2021 portait sur l’organisation du comité d’organisation de Paris 2024. Concernant les sujets liés aux ressources humaines, nous avons conçu un outil de planification de la main d’œuvre nécessaire durant avant, pendant et après les Jeux. Ces JO impliquent 250 sites très variés qui comprennent notamment les enceintes sportives mais aussi les hôtels, les centres de presse, les gares et les centres de logistique. Il était important de savoir précisément combien de personnes seraient nécessaires à tel endroit, à tel moment et pourquoi. Aujourd’hui sur notre outil, vous pouvez entrer une épreuve et vous saurez le nombre d’employés requis pour chaque poste et à quelle heure.

IN : avez-vous d’autres exemples de ce type à nous dévoiler ?

E. D. : il y en a tellement. Nos experts en technologie ont aidé à concevoir l’architecture des 200 applications qui sont utilisées pendant ces Jeux. Nous avons aussi travaillé sur la stratégie à mettre en œuvre concernant, ce que nous appelons, les « approvisionnements critiques ». Pourra-t-on trouver suffisamment de barrières métalliques et de toilettes sèches pour les Jeux et si non, comment y parvenir ? Notre consultant spécialisé en agronomie a aidé le COJOP à définir les menus proposés aux athlètes et à s’assurer que la nourriture requise pendant les épreuves arrivera au bon endroit et au bon moment. Nous avons également travaillé sur le projet lié au recrutement de 22.000 agents de sécurité ainsi que sur la stratégie d’achat responsable du comité d’organisation. Le Covid a, par ailleurs, eu un gros impact sur cet événement. Pour aider le COJOP à trouver de nouveaux partenaires, nous les avons conseillés dans la préparation de leur business plan. Nous avons été agréablement surpris par le nombre et la diversité des projets sur lesquels nous avons travaillé pour ces Jeux.

IN : tous les experts mobilisés venaient de France ?

E. D. : presque tous en effet à de très rares exception près. Ce partenariat avec Paris 2024 était signé par PwC France et nous avions l’ambition de prouver que nos 6750 experts pouvaient répondre à des demandes aussi variées.

IN : quels sont les principaux avantages que vous avez tiré de ce partenariat ?

E. D. : J’en citerai six. C’est tout d’abord une énorme fierté pour une entreprise comme la nôtre de contribuer et de collaborer avec un événement d’une telle ampleur. C’est aussi un projet qui veut laisser un héritage derrière lui et nos collaborateurs, principalement les plus jeunes, sont à la recherche de tels dossiers. Les JO nous ont, par ailleurs, permis de prouver que nous étions capables de gérer un événement aussi complexe et cela nous aide aujourd’hui dans les pitches que nous présentons à des clients potentiels. Le partenariat avec Paris 2024 est également un accélérateur relationnel avec nos clients, nos prospects et leurs décideurs. Il nous aide aussi pour notre recrutement. Le lendemain du webcast que nous avons organisé avec Florent Manaudou, nous avons reçu 200 candidatures. Ces Jeux nous ont enfin permis de créer des choses que nous allons continuer à utiliser dans le futur.

IN : votre concurrent, Deloitte, est un des principaux partenaires mondiaux du CIO. Comment deux cabinets de conseil peuvent-ils se retrouver sponsors des Jeux olympiques ?

E. D. : nous sommes partenaire officiel de Paris 2024 et Deloitte est sponsor du CIO. Ces deux structures sont distinctes l’une de l’autre. Aussi, nos missions sont différentes, tout en étant complémentaires.

IN : comptez-vous vous impliquez dans d’autres JO dans les années à venir ?

E. D. : pour les prochains JO d’été à Los Angeles, nous ne sommes pas impliqués. Deloitte va le faire. Pour les Jeux de 2036, l’Inde et le Qatar sont sur les rangs et nous sommes déjà en contact avec eux. C’est aussi le cas pour les Jeux d’hiver à Salt Lake City en 2034.

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