Epic Games veut mettre un terme au monopole d’Apple
Après avoir amorcé l’été dernier de multiples procédures judiciaires aux États-Unis, en Australie et au Royaume-Uni à l’encontre d’Apple pour non-respect du droit à la concurrence, Epic Games en appelle à présent au bon sens de la Commission européenne afin d’obtenir gain de cause. Pas de Top 1 sans l’App Store.
Loin de s’avouer vaincu dans la bataille juridique qui l’oppose à Apple, Epic Games, le studio géniteur du jeu vidéo Fortnite, vient d’annoncer ce mercredi avoir déposé une nouvelle plainte auprès de la Commission européenne pour non-respect du droit de la concurrence. Après toute une série de procédures judiciaires initiées auprès des autorité étatsuniennes, australiennes et britanniques -cette dernière a d’ailleurs été rejetée par les autorités britanniques le jeudi 25 février dernier, signe d’une première défaite pour Epic Games-, c’est à la plus haute autorité législative européenne que l’éditeur réclame à présent justice. Il est donc hautement probable que le dossier soit joint à l’enquête antitrust ouverte au printemps 2020 par la même Commission européenne suite à des plaintes déposées par l’entreprise suédoise Spotify. Concrètement, l’institution dirigée par Ursula von der Leyen va devoir déterminer si les règles imposées par l’entreprise concernant la distribution d’applications sur l’App Store violent les règles de la concurrence européenne. Le feuilleton numérique de cet été et le calvaire judiciaire d’Apple, redémarrent de plus belle.
Les raisons de la colère
Petit rappel des faits. Le 13 août dernier, Epic Games dévoilait une mise à jour de son jeu permettant aux joueurs d’acheter à prix réduit des V-Bucks, c’est-à-dire la monnaie in-game, à condition de ne pas passer par l’App Store. Un véritable coup de Trafalgar pour critiquer la taxe de 30% imposée à tous les développeurs, mais totalement interdit dans les conditions d’utilisation de la boutique, qui va contraindre Apple à supprimer dans les heures qui suivent le jeu à succès de sa plateforme. Si l’on pouvait craindre une prise de risque inconsidérée d’Epic Games, qui devait déjà s’en mordre les doigts, cette annonce n’était en réalité que le 1er acte d’un plan savamment orchestré.
À peine Fortnite retiré, Epic Games dépose une plainte d’une soixantaine de pages et organise un grand tournoi en ligne à destination de ses joueurs, les appelant à la révolte. Le studio dévoile également un film qui vient parodier l’iconique spot publicitaire « 1984 » d’Apple, qui affiche le message suivant : « Epic Games a défié le monopole de l’App Store. En représailles, Apple a bloqué Fortnite sur un milliard d’appareils. Rejoignez le combat pour empêcher 2020 de devenir « 1984 » ». Le tout est accompagné du hashtag #FreeFortnite. Un parti pris osé mais ultra cohérent puisque le spot originel permettait à la jeune entreprise dirigée par Steve Jobs de contester « la pensée unique » permise par le monopole d’un autre géant de l’informatique, en l’occurrence IBM.
De quoi regarder vers l’avenir
Depuis, la bataille au pénal fait rage entre les deux entreprises, de laquelle Epic Games semblait jusqu’à présent ressortir perdante. La juge Yvonne Gonzalez Rogers, en charge de l’affaire aux États-Unis, avait interdit à l’éditeur le 25 août dernier le retour du jeu vidéo sur l’App Store, sur le motif qu’ « Epic Games a stratégiquement choisi de rompre ses accords avec Apple et ainsi, de perturber le statu quo ». Récemment, le studio a contre-attaqué en proposant à l’État du Dakota du Nord, par l’intermédiaire d’un lobbyiste engagé par ses soins, un nouveau projet de loi qui pourrait contraindre la Pomme à autoriser les paiements et les téléchargements en dehors de l’App Store. Grâce à ce texte, Epic Games espère se mettre le Dakota du Nord dans la poche et faire ensuite jouer la jurisprudence pour conquérir le reste du pays. En plus d’Epic Games, le lobbyiste Lacee Bjork Anderson a également confirmé qu’il avait été contacté par l’organisme Coalition for App Fairness, qui rassemble de nombreuses entreprises désireuses de baisser les commissions parfois exorbitantes appliquées par les grands noms du web. Pour peu qu’Apple perde d’autres applications à succès dans la foulée, il se pourrait bien que le monopole de l’App Store soit réellement remis en question.
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