13 octobre 2020

Temps de lecture : 3 min

Des éoliennes penchées en pleine mer

L’énergéticien allemand EnBW teste une nouvelle technologie qui pourrait révolutionner le secteur de l’éolien offshore. Des éoliennes à têtes penchées qui résisteraient à toutes les tempêtes du monde...

L’énergéticien allemand EnBW teste une nouvelle technologie qui pourrait révolutionner le secteur de l’éolien offshore.  Des éoliennes à têtes penchées qui résisteraient à toutes les tempêtes du monde…

La structure semble fragile pour ne pas dire bancale. Les deux turbines disposées en biais sont fixées à une fondation flottante semi-submergée reliée par six câbles à des ancres sur le fond marin. Pendant deux mois, Nezzy tourne au grès du vent dans la baie de Greiswald, une lagune au sud de la mer Baltique dans le Land de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale en Allemagne. Ce prototype, à une échelle de 1 :10, culmine à dix-huit mètres. Sa « grande sœur » devrait donc faire 180 mètres de haut, soit plus de trois fois et demie la taille de l’Arc de Triomphe. Cette technologie pourrait révolutionner l’éolien offshore.

Système flottant parfaitement adapté à des profondeurs de 50 à 80 mètres

Jusqu’aujourd’hui les éoliennes en mer sont ancrées sur le fond marin de façon fixe limitant les profondeurs d’eau maximales à 50 mètres. Des systèmes flottants existent déjà mais ils sont généralement installés sur des fonds situés au minimum à 80 mètres au-dessous de la surface car, même si cela peut paraître surprenant, les lests qui sont fixés sur les câbles d’ancrage doivent être plus lourds à faible profondeur. « Notre système a l’avantage d’être parfaitement adapté à des profondeurs comprises entre 50 et 80 mètres, là où les autres technologies ne fonctionnent pas, vante Klaus Ulrich Drechsel, le chef d’équipe chez l’énergéticien allemand EnBW dans le domaine du génie civil et de l’énergie éolienne offshore. Nezzy peut toutefois est installé sur des fonds compris entre 35 et 300 mètres. »

Économique et rapide

Un autre avantage de cette technologie est son coût nettement moins élevé que ceux de la plupart de ses concurrents. A la différence des énormes éoliennes flottantes qui doivent être installées au large par des navires géants dont la location approche 250.000 euros par… jour, Nezzy peut être assemblée à terre avant d’être tractée par un petit bateau au large. Une solution économique et bien plus rapide. L’installation d’une ferme de 50 éoliennes capable de produire chacune 15MW ne prendrait ainsi pas plus d’un an. Après un premier test concluant sur un lac artificiel près de Bremerhaven, le prototype flotte depuis le mois dernier à 650 mètres au large du port de Vierow. Des essais vont être effectués pendant deux mois pour vérifier l’efficacité de cette technologie dans des conditions réelles. « Pour l’instant, tout se passe très bien, révèle Hannah König, responsable des technologies éoliennes et maritimes chez EnBW à Hambourg. Le potentiel est énorme. Grâce à cette nouvelle technologie, de nouveaux pays et de nouvelles zones maritimes avec des eaux plus profondes pourront y développer à l’avenir l’énergie éolienne offshore. »

 La Chine, premier client

Le tout premier Nezzy à taille réelle devrait être installée fin 2021 ou début 2022 en Chine. Les typhons qui balaient la région n’inquiètent pas l’énergéticien. « Nous pouvons fabriquer une éolienne à deux pales qui se replient l’une sur l’autre lors des grosses tempêtes », vante Ulrich Drechsel. L’Europe représente un énorme marché pour EnBW qui souhaite que la moitié de son portefeuille de production soit constitué d’énergies renouvelables d’ici à la fin de 2025. « La France, l’Ecosse et l’Espagne ont un gros potentiel pour nous », dévoile le chef d’équipe du groupe allemand. Les fermes éoliennes offshore sont en pleine expansion depuis quelques années. Et pour cause. « La situation sur le marché onshore en Allemagne demeure dramatique, se lamente Dirk Güsewell,  responsable de l’expansion de l’énergie éolienne chez EnBW. La triste réalité est que les procédures d’approbation prennent cinq fois plus de temps que le délai de trois ou sept mois annoncé par le législateur ». Les procès à répétition lancés par les riverains retardent tous les projets. Les fermes près des côtes sont aussi la cible de bien des critiques. Ériger des éoliennes au large et à l’abri des regards ne manque donc pas d’intérêt pour les énergéticiens. L’eau intéresse aussi de plus en plus les spécialistes de l’énergie solaire . Les ingénieurs n’ont pas encore inventé des panneaux capables de produire de l’électricité au milieu des océans mais qui aurait dit qu’un jour des éoliennes penchées et flottantes seraient capables de tourner en pleine mer ?

Allez plus loin avec Influencia

the good newsletter

LES FORMATIONS INFLUENCIA

les abonnements Influencia