25 mars 2021

Temps de lecture : 5 min

Entreprises à Mission : une communauté qui fait boom !

En 6 mois, le nombre des Sociétés à Mission a été multiplié par 3. Anne Mollet, Directrice de l’association, nous éclaire sur le phénomène en interview.

Les entreprises à mission ont le vent en poupe. Avec la Loi Pacte, elles deviennent une troisième voie très attractive entre le business classique et l’ESS (entreprise sociale et solidaire). Après le choc du départ d’Emmanuel Faber à la tête de Danone, première entreprise à mission du CAC 40, rien ne semble arrêter la volonté des entrepreneurs à transformer leur entreprise. Les ventes responsables seront la croissance de demain et 90% des jeunes diplômés veulent travailler dans des sociétés à mission avec un engagement sociétal fort.
La Communauté des entreprises à mission est une association qui remplit ce rôle de boussole, pour accompagner les entreprises sur le chemin du bien commun. Essayons de décrypter et mieux comprendre l’intérêt de devenir une entreprise à mission. TheGood rencontre Anne Mollet Directrice de la Communauté des Entreprises à Mission qui nous explique avec passion et engagement, son rôle dans cette association et les premiers résultats du Baromètre des entreprises à mission.

The Good : Quel est le rôle de la Communauté des Entreprises à Mission ?

Anne Mollet : La Communauté des Entreprises à Mission a été créée le 20 décembre 2018. Elle est née de la conviction que les entreprises ont un rôle essentiel pour relever les défis sociétaux du XXIe siècle. Cette association rassemble plus de 200 membres et mobilise tous les acteurs qui aspirent à expérimenter le modèle de la société à mission, à le promouvoir et à le déployer dans la société. Notre communauté vise un objectif d’intérêt général et fait coopérer entrepreneurs, dirigeants, chercheurs, experts et actionnaires et salariés, en valorisant aux côtés des pouvoirs publics, le rôle sociétal de l’entreprise. Nous sommes convaincus que les entreprises ont un rôle à jouer dans les grands défis sociaux et environnementaux et que le modèle de la société à mission peut être une solution.

La vocation de notre association s’articule autour de trois axes :

– Favoriser le partage entre pairs et échanger sur les problématiques rencontrées par les entreprises qui se sont engagées. Nous encourageons aussi celles qui sont sur le chemin et qui souhaitent le devenir.
– Enrichir le modèle de la société à mission avec nos groupes de travail, nos webinaires et bien sur notre Observatoire.
– Faire connaitre et promouvoir ce modèle innovant en portant la voix des entreprises à mission en France… et demain en Europe.

The Good : Vous avez appliqué à votre association les mêmes règles qu’une entreprise à mission avec une Raison d’Être et un comité de mission. Comment contribuez-vous au bien commun ?

A.M. : Nous nous sommes dotés d’une mission dans nos statuts pour s’appliquer le modèle que l’on prône. Nous avons tous les attributs d’une association à mission. Nous contribuons au bien commun en offrant une vision exigeante de ce modèle alternatif d’entreprise en proposant un contenu à partager avec le plus grand nombre. Le profit n’est pas une fin en soi, c’est juste un moyen. L’entreprise est un très bon levier de transformation de la « Société ».

The Good : Quels sont résultats de votre dernière concertation en novembre dernier ?

A.M. : Notre concertation a été menée auprès de nos membres pour partager la mission de l’association mais bien sûr aussi avec nos parties prenantes comme on le ferait pour une société. Nous avons pu partager la feuille de route des trois prochaines années et mettre en place un certain nombre d’actions comme différents workshops en 2021. Cette semaine le thème du workshop abordera « comment constituer et animer son comité de mission ». Nous avons initié un atelier sur le thème des accréditations des organismes tiers indépendants, avec des premiers retours d’expérience. Nous avons aussi mis en place un programme de formation de 6 mois qui va débuter fin avril avec MakeSense et Corporate For Change. Il est consacré aux petites structures qui ne souhaitent pas faire appel à des gros cabinets de conseil, pour leur donner les clés du chemin de l’entreprise à mission. Nous souhaitons aussi nous déployer en région avec un pilote à Nantes et organiser un évènement prochainement avec tous les réseaux locaux.

TheGood : En quoi consiste L’Observatoire des sociétés à mission. Quels sont les enseignements de ce baromètre ?

A.M. : Comme nous sommes une association d’intérêt général, nous avons pour but de partager l’information pour tous. C’est pour cette raison que nous avons construit l’Observatoire des sociétés à mission. Vous pouvez y retrouver toutes les Raisons d’Être et les objectifs statutaires de toutes les entreprises adhérentes. Tous nos travaux sont mis en ligne en Open source. Avec la Fondation Entreprendre nous allons développer des modules de sensibilisation à l’entrepreneuriat à mission. Nous avons voulu répondre à toutes les entreprises qui nous contactent avec du contenu réactionnel très pédagogique et des vidéos. Bonne nouvelle, voici les derniers chiffres spectaculaires de mars 2021 de notre observatoire :  le nombre des sociétés à mission a été multiplié par 3 en 6 mois, regroupant maintenant 150 entreprises. Le profil des sociétés était majoritairement dans les services (79%) mais depuis le début d’année 2021, nous observons de plus en plus d’entreprises venant de l’industrie, des travaux publiques ou de l’investissement (ex : Aigle, Groupe Cheval ,Citizen Capital).
Autre particularité, plus de la moitié des sociétés à mission créées ont moins de 10 ans. Nous allons publier en avril un nouveau baromètre synthétique avec le portrait type des sociétés à mission.

The Good : Devenir une entreprise à mission coûte cher et les entreprises à mission après le dépôt de leur statut doivent faire obligatoirement un premier audit (OTI) dans les 18 mois . Est-ce que votre association va faire des recommandations sur les auditeurs de ce marché ?

A.M. : Nous participons au groupe de travail de l’Afnor qui a pour but d’établir un cahier des charges qui va servir au Cofrac pour auditer les OTI. Nous souhaitons porter la voix des TPE et des PME. Elles représentent les 2/3 des entreprises à mission et auront vraiment besoin d’audit compétitif en terme de prix. Cela a été un de nos combats. Un texte de loi va être publié au mois d’avril pour préciser les auditeurs éligibles et le périmètre de l’audit. Aujourd’hui certaines entreprises ont réalisé des audits à blanc soit par les Big Four (EY, KMPG, Deloitte, PWC) ou par les commissaires au compte. Nous explorons aussi la piste de nouveaux cabinets de conseil accrédités sur les audits DPEF (Déclaration de Performance Extra-Financière). Si la lourdeur de l’OTI dissuade l’entreprise de passer société à mission, on passe à côté de l’objectif.

The Good : Quel est votre point de vue sur l’éviction d’Emmanuel Faber chez Danone, première entreprise à mission du CAC40 ?

A.M. : Notre point vue est assez clair, il ne faut pas tout mélanger. Il est très facile de faire un raccourci entre société à mission et l’éviction d’Emmanuel Faber. En revanche pour le cas précis l’entreprise Danone, nous sommes dans un cas de crise de gouvernance qui fait suite à un désaccord de stratégie.Je rappelle que le 26 juin 2020 les actionnaires de Danone ont voté à 99,4% en faveur de la qualité de société à mission. Il faudrait un vote des 2/3 des actionnaires pour que Danone ne soit plus une entreprise à mission. Je crois qu’on est encore loin du compte.

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