Un graphiste ivoirien produit un émoji par jour jusqu’à la fin de l’année pour promouvoir la culture africaine avec un grand C. Attention créativité, diversité et émotion assurées.
Tout le monde aime la simplicité. D’autant plus quand celle-ci est synonyme de communication efficace et percutante. Avec 92% des internautes présents sur la Toile utilisant à qui mieux mieux des emojis, difficile de cantonner ce phénomène pictural au rang de mode passagère.
On parle bien là d’un consensus mondial qui se fiche de l’âge ou des origines de ses auteurs et récepteurs pour s’imposer comme une nouvelle forme de langage, sorte d’écriture hiéroglyphique des temps modernes. Une encyclopédie en ligne, appelée Emojipedia, a même vu le jour pour tous les recenser et en expliquer leurs significations. Alors laissez tomber le XD, un chouîa vintage, et sautez à pieds joints dans la culture smiley.
Le « parler emoji »
Conscient de la force évocatrice de ces petits bonshommes à tête jaunes (pas lui, l’autre), O’Plérou, un jeune graphiste ivoirien s’est lancé dans un projet aussi audacieux qu’ambitieux qu’il a nommé Zouzoukwa. Celui de produire un emoji chaque jour autour de l’Afrique et ce tout au long de l’année 2018.
Un pari personnel mais qui, comme il l’explique lui-même, vise l’intérêt collectif africain : « Qu’est ce qui m’a motivé à me lancer dans ce défi ? Eh bien, c’est ma volonté de partager la culture africaine avec le monde entier parce que je trouve qu’elle est encore méconnue malgré sa beauté et sa richesse. J’ai appelé mon projet Zouzoukwa, qui signifie « image » dans la langue bété ». Vous l’aurez compris, en 2018 un symbole vaut mieux qu’un long discours.
L’Afrique sous toute les coutures
D’un premier abord, on pourrait se dire que produire 365 emojis différents en se renouvelant chaque jour relève d’une mission impossible. G.K Chesterton, célèbre poète anglais, ne disait-il pas : « la véritable inspiration suppose du souffle. Ce n’est souvent que du vent ». Mais force est de constater que, jusque là, O’Plérou s’en sort comme un chef.
Au menu ? La mode, la musique, la nourriture, la sculpture… bref, la culture avec un grand C, prise dans son sens le plus large. Une totale liberté dans ses choix créatifs qui garantit à ce projet de beaux jours devant lui. Si vous voulez voir ce que ça donne, voici sa page Instagram, en attendant un site internet dédié qui ne devrait pas tarder à pointer le bout de son nez.
Bien plus qu’un « sous langage »
« Nous nous dirigeons vers un langage pictural et cartoonesque, ce qui va forcément affecter l’alphabétisation. Les enfants choisiront toujours la facilité : les emojis engendrent la paresse et affaiblissent le langage et l’expression ». Cette idée, un poil rétrograde, était développée dans un article de The Telegraph, rien que ça !
Il est évident que si on en abuse, les emojis peuvent et vont appauvrir le langage, mais cet argument ne saisit pas toute la complexité et l’importance que revêtent ces pictogrammes dans notre société moderne. Les scientifiques ont découvert que lorsque l’on regarde en ligne l’image même simplifiée d’un visage, les parties du cerveau sont alors activées au même titre que lorsqu’on le regarde réellement. Confirmant que l’emoji transmet la seule chose qui manque au texte : l’émotion, et ajoutant, s’il était nécessaire, tout son sel à la démarche de O’Plérou. Qui peut encore dire que le monde digital n’est pas romantique ?