Elon Musk dévoile une IA capable de « comprendre la nature de l’univers »
Pour le grand pope de Space X, Tesla et Twitter, la meilleure manière de protéger l’espèce humaine contre d'éventuelles intelligences artificielles déviantes et psychopathes serait de leur donner la lourde et unique tâche de sonder les mystères de l’univers pour qu’elles réalisent d’elles-mêmes que, finalement, l’être humain mérite d’être sauvé.
Il y a quelques semaines, Elon Musk devenait l’un des 1.100 signataires de la lettre ouverte demandant l’arrêt immédiat des recherches et des expérimentations en matière d’intelligence artificielle. Peut-être même le plus légitime, quand on considère qu’il est l’un des fondateurs de Chatgpt avant de quitter l’entreprise en 2018, mais tout de même accompagné d’autres personnalités éminentes tels que le bien-aimé Steve Wozniak, cofondateur d’Apple, Gary Marcus, un professeur spécialiste de l’IA, Yoshua Bengio, un autre universitaire réputé ou Noam Shazeer, fondateur de Character. AI.
Une requête plus que raisonnable à la vue des éléments qui nous sont présentés – d’autant plus quand elle s’ouvre sur une formule aussi choc que « les systèmes d’IA dotés d’une intelligence capables de concurrencer celle de l’homme posent de graves risques pour la société et l’humanité » et seraient capable de « détruire la civilisation » –, mais qui permettait également au propriétaire de Tesla et Twitter de préparer une toute autre manœuvre, à savoir lancer son propre projet de chatbot pour rivaliser avec ChatGPT, le même qu’il essaye tant bien que mal de calomnier. La création récente d’une nouvelle société d’intelligence artificielle, baptisée X.AI, nous fait même réaliser que son rêve pourrait très prochainement devenir réalité.
Une vérité à géométrie variable ?
Elon Musk a récemment donné une interview à Fox News dans laquelle il affirme travailler à toute berzingue sur la bien-nommée TruthGPT, une alternative à ChatGPT qui agira comme une « intelligence artificielle à la recherche de la véritéultime ». Le milliardaire avait communiqué pour la première fois sur son nouveau jouet dans un tweet posté en février dernier. Pour le milliardaire, « la destruction de l’humanité doit être évité ». Jusque-là on est tous d’accord. Cette pourquoi son robot conversationnel sera avant tout chargé « de comprendre la nature de l’univers ». Une mission aussi utile que sécurisante puisque, selon lui : « une IA qui se soucie de comprendre l’univers ne risque pas d’anéantir les humains car nous sommes une partie intéressante de l’univers ». CQ… FD ?
Pour étayer sa théorie, Musk fait référence à la façon dont les humains s’efforcent de protéger d’autres espèces telles que les chimpanzés. Une analogie plutôt culotée compte tenu de ce qui s’est passé lors de ses expériences passées sur les mêmes chimpanzés dans le cadre du projet Neuralink. Début 2022, il avait été découvert que près d’une vingtaine de primate avait trouvé la mort dans des conditions atroces au cours du développement de ce dispositif implanté directement dans le cerveau, comme aux plus belles heures des fantasmes trans-humanistes. Le milliardaire a déclaré qu’en théorie « nous pourrions décider de chasser tous les chimpanzés de leur habitat et de les tuer » mais, qu’en réalité, « nous sommes heureux qu’ils existent et nous aspirons à protéger leurs habitats ». Pour Musk, cela dépend de l’avancée de ces recherches visiblement.
Quelques cadavres dans le placard
L’intention à la base de ce projet haut en couleur est peut-être vertueuse, mais la vérité est que les algorithmes qui contrôlent nos vies sont souvent aussi injustes que nous. Des problèmes à cet égard se manifestent depuis des années dans d’autres projets d’IA, en particulier dans le domaine des préjugés raciaux et sexistes. On se rappelle de Tay, le fameux chatbot de Microsoft qui, en moins de 16h passées sur Twitter, s’était transformé en une entité antisémite, raciste et négationniste pour qui les féministes « devraient mourir et aller en enfer ».
Sans oublier que les chatbots qui apparaissent sur le marché – ChatGPT en est le parfait exemple – sont souvent accusés de désinformation. Ils le font involontairement, bien sûr, mais c’est un frein majeur à leur démocratisation et il n’est pas évident de savoir comment Musk et sa nouvelle équipe vont résoudre ce problème. Comme le résumait le Dr Maya Ackerman, professeure spécialisée dans les IA à l’université de Santa Clara : « Les gens disent que l’IA est sexiste, mais c’est le monde qui est sexiste. Tout ce que les modèles font, c’est nous refléter notre monde, comme un miroir ».
Un marché encore balbutiant
Pour mettre sur pied les chatbot que l’on voit apparaitre ces derniers mois, les développeurs ont souvent recours au RLHF – pour Reinforcement Learning from Human Feedback –, un type spécifique du machine learning qui permet à des utilisateurs humains de tester ces systèmes de manière à les perfectionner avant qu’ils ne soient mis à la disposition du public. OpenAI a expliqué dès janvier 2022 comment elle utilisait cette technique pour le développement de GPT-3, mais des problèmes subsistent.
Quand on connait la persistance du Musk, on peut être sûr d’une chose : il veut, et donc aura, son IA. Pour combler son retard face à ses concurrents, l’homme d’affaire a récemment fait l’acquisition de 10 000 GPU – des processeurs graphiques – pour entraîner son propre modèle de langage et acquis une foule de chercheurs qui travaillaient jusque-là sur DeepMind, le département de Google spécialisée dans l’Intelligence artificielle. Tous ces développements semblent confirmer son intention de lancer une application global appelée X, après avoir notamment entrepris de fusionner Twitter avec une entreprise au nom mystérieux de X corp. Les choses vont vites, pour lui… comme pour l’espèce humaine.
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