Royole a investi 1,7 milliard de dollars dans une usine afin de produire plus de 50 millions d’écrans flexibles par an. Ce marché juteux intéresse tous les géants de la téléphonie et de l’électronique.
Après les portables, les smartphones, les montres connectées et les téléviseurs incurvés, les écrans totalement flexibles vont bientôt entrer dans notre quotidien. Avec leur épaisseur d’à peine 0,01 mm, ils sont aussi fins que les ailes d’un papillon et flottent comme des drapeaux dès qu’un souffle de vent les caresse. Royole avait fait sensation en présentant en 2014 ses premiers modèles.
Mais l’entreprise basée à Fremont en Californie se dit désormais prête à commercialiser à grande échelle ses produits. Ses dirigeants affirment ainsi pouvoir produire dès aujourd’hui plus de 50 millions d’unités par an dans leur toute nouvelle usine de Shenzhen en Chine d’une superficie de 102000m² et dont la construction a coûté 1,7 milliard de dollars. « Nos écrans totalement flexibles sont minces, légers, enroulables et présentent une haute-résolution et une saturation des couleurs qui offrent une clarté et une qualité d’image stupéfiantes », vante le fondateur et PDG de Royole, Dr Bill Liu « Nos ingénieurs travaillent actuellement avec plus de 220 partenaires dans le monde pour modifier la manière dont les gens interagissent avec la technologie dans leur environnement personnel ».
Des applications multiples et variées
Les applications possibles pour les écrans flexibles sont presque infinies. Les architectes pourront les intégrer dans leurs bâtiments et transformer leurs façades en téléviseurs géants.
Les enseignants auront la possibilité d’épingler sur un mur un support pour présenter leurs cours et diffuser des films explicatifs. Des écrans placés dans la carrosserie des voitures avertiront les autres véhicules d’un danger éminent. Un particulier pourra aussi regarder où il le souhaite son émission préférée dans sa résidence. Il sera également facile de suivre une autre rencontre sportive tout en assistant à un match dans un stade comme Royole en a récemment fait la démonstration lors de la Coupe du Monde de football en Russie.
Les fabricants de smartphone voient, eux aussi, ces écrans avec les yeux de Chimène
Samsung travaille sur ce sujet depuis six ans. Nom de code du projet « Youm ». Le géant coréen pourrait commercialiser dès cette année son premier portable pliable qui pourrait préfigurer son modèle flexible. Son rival Huawei a, lui, préféré s’associer avec l’industriel BOE Technology pour mettre au point un écran OLED flexible. Apple, Acer, Lenovo et LG sont aussi dans les starting-blocks sur ce dossier.
L’intérêt des géants de la téléphonie pour ce marché n’est pas innocent. En 2027, les ventes de produits électroniques flexibles et imprimés pourraient atteindre le montant impressionnant de 330… milliards de dollars. Comme souvent, les marques qui parviendront à sortir dans le commerce des modèles réellement innovants avant leurs rivaux croqueront une part importante de ce gros gâteau. Ceci explique pourquoi les groupes se livrent actuellement à une course effrénée.
Les écrans autoréparateurs ne vont pas tarder
Après les écrans flexibles, les ingénieurs planchent déjà sur des écrans autoréparateurs. Samsung a ainsi déposé cet été un brevet d’une technologie qui permet à l’écran de « s’auto-cicatriser ». Son revêtement oléophobique auto-régénérateur pourrait se réparer tout seul en cas de fissure ou de rayure superficielle.
Un étudiant de l’université de Tokyo, Yu Yanahisawa, a, de son côté, créé par accident un verre à base d’un polymère léger, baptisé polyéther-thiocarbamide, capable de se régénérer. Un portable incassable qui s’enroule autour du poignet : vous en avez toujours rêvé ? Votre patience sera bientôt récompensée.