L’eau est un élément toujours synonyme de danger et de peur. Un symbole qui résonne étrangement avec notre époque digitale.
Le Var a connu en ce mois de juin une série de déluges terrifiants. Des inondations terribles qui ont surpris par leur brutalité, leur rapidité et qui ont plongé toute une région et sa population dans le désarroi. Dans le monde entier les mêmes images font régulièrement le tour des media : voitures charriées par des torrents de boue, pluies démentielles, maisons dévastées… L’eau semble être un élément non maitrisable dans un monde où tout est pourtant de plus en plus sous contrôle. Une non-maîtrise couplée intrinsèquement à une peur indicible de ce qu’est l’eau.
Un autre type de catastrophe (la marée noire BP en Louisiane) a récemment mis en lumière un autre élément terrifiant concernant l’eau : la peur des profondeurs. L’incapacité pour BP et les plus grands experts américains mobilisés à arrêter une fuite de pétrole au fond de l’océan montre à la fois notre difficulté à nous mouvoir (voire à survivre) dans les abysses mais également encore une fois à maîtriser ce qui se passe au fond des eaux. Cette monstruosité qu’est la contamination par l’homme de l’océan nous ramène à la peur des profondeurs, des abysses, qui rappellent le légendaire romancier américain H.P. Lovecraft (1890-1937). Celui-ci est l’auteur d’une œuvre hallucinée, hantée par la peur des profondeurs et de ce qui s’y cache, de ce qui y dort à jamais… et qu’il ne faut à aucun prix réveiller (le fameux mythe de Cthulhu).
Mais si Lovecraft était avant tout terrifié par l’eau c’est les océans représentent de grands espace d’exploration. Il est amusant de remarquer que l’homme repart justement ces jours-ci à la conquête des abysses (on y découvre de nouvelles espèces tous les jours), mais également de l’espace avec le relancement d’un programme de conquête spatiale par les USA.
Un autre espace de conquête est celle du nouvel univers que représente le digital : un nouveau monde que nous inventons chaque jour et que nous explorons comme les océans. On emploie d’ailleurs souvent le terme « liquide » pour qualifier le digital et la manière dont les contenus se consomment, transmettent, se transforment, se dilatent, se fondent et se mélangent sur les technologies digitales.
L’eau est un élément sans lequel nous ne pouvons vivre, essentiel, vital à toute vie. Mais qui peut également être dangereux et meurtrier. Nous n’avons certainement pas tout compris, ni exploré les profondeurs des océans. Le digital est également devenu déjà quasiment indispensable à toute vie, à toute activité économique. Mais nous en découvrons chaque jour les potentiels… et les dangers (il est perçu comme non maîtrisable, voire dangereux par beaucoup).
Au fond, tout ceci est un éternel débat entre les nouveaux explorateurs et les partisans de ceux qui ne veulent pas réveiller l’eau qui dort…
Thomas Jamet – NEWCAST – Directeur Général / Vivaki (Publicis Groupe)
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