12 septembre 2017

Temps de lecture : 6 min

e-cinema.com, une nouvelle génération de cinéma

En créant e-cinema.com, la première salle de cinéma digitale, ses fondateurs cherchent bien plus qu'à proposer une nouvelle offre de service en ligne. Ils incitent le marché à bousculer ses codes qui ont fait leur temps comme la chronologie des médias et à se transformer pour donner un nouvel horizon au 7ème art. C'est français et ça promet !

En créant e-cinema.com, la première salle de cinéma digitale, ses fondateurs cherchent bien plus qu’à proposer une nouvelle offre de service en ligne. Ils incitent le marché à bousculer ses codes qui ont fait leur temps comme la chronologie des médias et à se transformer pour donner un nouvel horizon au 7ème art. C’est français et ça promet !

« Du jamais vu ». C’est sûr, e-cinéma.com en lançant, le 1er décembre prochain, la première salle de cinéma digitale diffusant en exclusivité chaque vendredi un nouveau film étranger, disponible ensuite pendant 12 semaines (soit une exposition exceptionnelle quand on sait qu’un film reste rarement plus de 2 semaines à l’affiche !), joue à fond la carte de la nouveauté, faisant de son slogan plus qu’une promesse. D’autant qu’elle ne se pose absolument pas en concurrence avec Netflix et Amazon car comme le précise d’emblée Frédéric Houzelle, son président fondateur et président d’Atlantis, groupe de production audiovisuel : « notre concept est tout autre que celui de ces géants et surtout quand ils ont des milliards nous avons des millions, il faut donc faire autrement ». Et si cette start-up bien française, en incubation depuis 2 ans, éveille curiosité et attention, c’est parce que ses géniteurs fans et pros du cinéma, de l’internet et de la télévision veulent offrir un nouvel horizon au 7ème art en participant à sa transformation. D’ailleurs, à ceux qui disent « le cinéma c’est mieux en salle », Frédéric Houzelle rétorque : « Le monde bouge qu’on le veuille ou non. Entre le numérique qui touche tous les secteurs, le piratage et les attentes des consommateurs en termes de mobilité et de mode de consommation conditionnées par l’ATAWAD, évoluer est une nécessité si on veut que l’influence du cinéma rayonne encore et encore sur la culture en France, et si on veut que le grand public -cinéphile averti ou non- découvre des nouveautés et que ce client/roi satisfait ne boude pas ce secteur ». Une posture qui se défend alors que selon des estimations du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), sur les huit premiers mois de l’année 2017, les entrées en salle de cinéma, au nombre de 138, 82 millions, ont baissé de 0,8% en un an. Et ce, même si en août 2017, leur fréquentation a progressé de +5,9% par rapport à la même période 2016, avec 16,43 millions d’entrées.

Un complément à la salle classique : vital et inéluctable ?

Présentée comme complémentaire aux salles obscures, « e-cinéma.com qui n’a pas de concurrent a pour ambition de bouger les codes et surtout de remettre en cause la chronologie des médias qui, si elle a été profitable au marché par le passé, n’est plus en phase avec les habitudes et les usages d’aujourd’hui en imposant des fenêtres d’exploitation bien trop restrictives », insiste Roland Coutas, vice-président de e-cinema.com, ancien journaliste et producteur et ex-fondateur de Travel Price.com ou acquéreur de Telemarket.fr « D’autre part, notre plateforme, en proposant un e-billet à 5,99 euros (incluant 5 jours pour regarder le film à partir du moment où on l’a activé) et un forfait mensuel sans engagement à 9,99 euros, est une réponse aux contraintes économiques, géographiques et familiales que n’importe quelle personne rencontre parfois dans son quotidien, l’empêchant immanquablement de se faire une toile ». Un concept incitatif qui devrait aider à améliorer le taux de fréquention puisqu’actuellement les  Français vont, en moyenne tout juste un peu plus de 3 fois par an au cinéma alors que 700 films sortent dans le même temps.

Ainsi au lieu de désemplir les salles, e-cinema.com devrait au contraire représenter « une manne financière supplémentaire grâce à une fréquentation diversifiée et plus nombreuse tout en permettant à plus de nouveaux et très bons films d’être vus, car sans cette offre ils resteraient sur les étagères faute de moyens pour les exploiter », souligne Bruno Barde, directeur artistique de la plateforme et DG du Public Système Cinéma en charge de la DA de festivals comme ceux du Cinéma Américain de Deauville, Marrakech, Gerardmer (fantastique), Beaune (policier)… D’autant que ce nouveau guichet « hors salles » et synonyme de liberté affiche une ligne éditoriale forte et exigeante avec pour principes de défendre le cinéma comme un art, de placer la qualité au-dessus de tout et de le rendre accessible à tous au-delà de sa cible acquise des cinéphiles. « Je préfère que mon fils lise Proust sur tablette plutôt que pas du tout », insiste un brin provocateur Bruno Barde faisant ainsi un parfait écho à la célèbre phrase de Jean Vilar : « l’élitisme pour tous ». Ni séries ni productions françaises donc, laissant la place aux films en tous genres, indépendants ou d’auteurs des 4 coins du monde. « On achète des films soumis à une offre et on ne répond pas avant les distributeurs traditionnels », souligne son DA « mais les réalisateurs sont intéressés par notre démarche car c’est pour eux la possibilité que leur film soit vu. Ils sont très concernés par ces nouvelles formes de contenant ouvrant de réelles perspectives pour leur oeuvre ». A ses côtés, pour mener cette politique d’acquisitions qui « veut nourrir les spectateurs et développer leur sens critique », Hangameh Panahi (Celluloïd Dreams, Mubi et membre de l’Académie des Oscars) et Daniel Preljocaj (ex-TF1), des spécialistes en la matière.

Bousculer la chronologie des médias avec un RV le vendredi

« « Du jamais vu » », reprend Thomas Thévenin, directeur marketing de e-cinema.com et ex Pathé « est une formule qui fait sens car e-cinéma.com diffusera directement en ligne tous les vendredis à 14 heures 30, un film inédit et visible en exclusivité sur n’importe quel terminal. Ajoutant ainsi un rendez-vous autre que celui du mercredi pour les salles. Tout en étant très tactique, car il permettra aux abonnés de télécharger le long métrage pour le week-end et de l’emmener même dans des endroits où il est difficile de se connecter : soit 52 nouveautés par an, en plus du catalogue composé de films jamais exploités en France et qui en comprend déjà une trentaine ». Outre l’excellent et inquiétant « My Friend Dahmer » de Marc Meyers présenté au festival de Cinéma Américain de Deauville 2017, et programmé pour le premier trimestre 2018, les 1ères séances d’e-cinema.com afficheront « Outrage Coda » du japonais, Takeshi Kitano, « The Bachelors » de l’américain, Kurt Voelker avec Julie Delpy, « Hevn » (Revenge) premier film norvégien et canadien, « Paradise » du réalisateur iranien Sina Ataeian Dena ou encore « The confirmation » avec Clive Owen, réalisé par Bob Nelson…

Une inauguration qui se fera sur les produits Apple (TV, ordinateur, tablette et mobile) avant de s’étendre à Android d’ici la fin de l’année, tandis que des pourparlers avec des opérateurs de box sont en cours et qu’une levée de fonds est programmée. De quoi rayonner auprès des internautes et mobinautes, et même si les objectifs sont tenus secrets, Thomas Thévenin reconnait que « si la plateforme séduit à terme 10% des 3, 2 millions de cinéphiles hebdomadaires actuels, l’équipe -qui se donne deux ans pour bien implanter le concept- considérerait avoir relevé le pari », sachant que le business model ne sera pas soutenu par des espaces publicitaires. « Toutefois, on ne s’interdit pas de monter des partenariats avec des marques pour accompagner nos produits », poursuit le directeur marketing, tandis que Philippe Houzelle confirme : « Nous avons les moyens de nos ambitions, mais nous restons vigilants sur notre équilibre financier ». Une étape réussie qui lui permettra -à l’horizon 2019- de produire 4 à 5 films français exclusifs et originaux pour la plateforme. Ces longs métrages -au budget raisonnable- seront réalisés par des cinéastes sélectionnés par la direction. Mais déjà plusieurs, comme Benoît Jacquot ou Bruno Dumont, ont manifesté leur intérêt pour le projet, puisque « ces œuvres mettront l’accent sur la créativité conformément à la ligne éditoriale de la plateforme les laissant libres de leur choix artistiquement  ». En outre, elles seront d’abord en exclusivité sur la plateforme et auront leur propre chronologie des médias, mais rien n’interdira, qu’elles soient ensuite diffusées sur d’autres canaux y compris dans les salles.

Une line-up soutenue par une émission hebdo, un spot Tv et les réseaux sociaux

En attendant, e-cinema.com doit se faire connaître avec évidemment un spot diffusé en télévision, des projections pour les professionnels exactement comme le font des distributeurs classiques, et une présence active sur les réseaux sociaux. Non seulement pour parler de sa programmation -alimentée également par des courts métrages- mais aussi pour reprendre des extraits de son émission : Vendredi 14h00. Conçu et animé par Audrey Pulvar, ce magazine hebdomadaire de 26 minutes proposera un débat, un invité de la semaine (rencontré chez lui ou sur son lieu de travail) et un Magneto de 1 minute 30 spécialement dédié à la sortie de la semaine. « Cette émission est pensée comme une prescription culturelle et cinématographique qui s’adressera au public quel qu’il soit », promet Audrey Pulvar « mais à l’image de la ligne éditoriale exigeante de la plateforme nous éviterons toute forme de conformisme afin de refléter le plus largement possible la diversité du cinéma. Notre objectif est  vraiment de prolonger  » l ‘acte  » du cinéma ». Enfin, insiste Frédéric Houzelle « Nous comptons aussi sur la presse qui -au-delà de son travail de critique- doit accompagner cette mutation et jouer un rôle de passerelle au-delà même du modèle que nous présentons ». Et ils auront raison car c’est une question de timing…

 

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