Dude et Isaac Nabwana préfèrent le burlesque à la culpabilisation pour collecter des dons
Le spot Money makes money réalisé par Isaac Nabwana pour l’ONG Communities for Developpement a pour objectif d'engranger des dons afin de soutenir la communauté ougandaise de Bulambulli.
Un parti-pris burlesque qui prouve à quel point l'humour est un registre qu'il ne faut pas négliger.
Abandonnés les clichés des publicités caritatives qui jouent sur la culpabilité des riches blancs capitalistes. Laissées de côté aussi les affiches aux regards d’hommes, de femmes ou d’enfants qui nous donnent envie de disparaître sous terre tant leur vision nous confronte à nos privilèges… et place à l’humour pour collecter des fonds. Car ici, pas question de faire du « sadvertising », explique-t-on à l’agence indépendante Dude Londres, « nous sommes volontairement aller chercher Isaac Nabwana, ancien professeur et voix majeure en Ouganda du cinéma pour ses oeuvres faites d’action, de DIY et d’humour absurde… dont Who Killed Captain Alex? et Bad Black sont les emblèmes ».
La vie sans comédie n’est pas la vie
«La vie sans comédie n’est pas la vie», tel est le moto d’Isaac Nabwana, qui a mis son sens de la comédie et de l’absurde au service de la cause, en faisant travailler les locaux, avec le matériel de production engrangé dans son studio, Wakaliwood, pied de nez à la machine à broyer les scénaristes américaine, Hollywood.
Une ONG est une marque comme une autre…
Et c’est ainsi que le rap et le hip-hop s’emparent ici de l’idée très « américaine » que « Money makes money », (l’argent appelle l’argent) traduite avec humour, subversion, et décalage, pour soutenir l’économie locale, la création d’entreprise solidaire et la bienveillance… Un acte irrésistiblement joyeux et positif. « L’objectif est de faire en sorte que les gens se connectent à cette communauté, en s’appropriant leur bon esprit, non parce qu’elle fait de la peine, mais parce qu’elle donne tout simplement envie d’en être, et de participer, explique Curro Piqueras Parra, Directeur de création chez DUDE. « Il ne faut pas se tromper : une ONG est une marque comme un autre. Il s’agit simplement de trouver l’identité publicitaire qui lui correspond et parlera au public ». Gags visuels, actions surdimensionnées, violence grindhouse, dynamisme créatif permettent à ce film d’exister avec les moyens du bord.
Le Covid 19 a mis les réalisateurs du monde entier sur un pied d’égalité
Wakaliwood, Isaac Nabwana s’en sert pour produire ses créations, mais aussi celle de sa famille, de ses amis et voisins. « Le Covid 19 a mis les réalisateurs du monde entier sur un pied d’égalité, commente-t-il, et a prouvé que les restrictions nous ont forcé à trouver de l’inspiration dans la contrainte». « Rien que dans son quartier, Isaac est à même de raconter les histoires les plus ambitieuses », explique Curro Piqueras Parra, fan de longue date du travail du réalisateur ougandais. « Il ne se demande pas s’il a besoin de trois hélicoptères et de quatre voitures pour la raconter, il trouvera les moyens sans rien céder à la créativité ». Ce tournage s’est déroulé en octobre 2019, et chez Dude, on a mis une seule caméra dans les bagages. « Nous savions qu’Isaac avait tout le matériel ncessaire pour tourner ». Alors si vous avez envie de profiter de l’esprit « Wakaliwood », de sa cinématographie saturée, des performances comiques irrésistibles, du sens de l’économie circulaire, (accessoires rassemblés à partir d’ordures, de verres à champagne en plastique, de paillettes dorées, ou de carton) prenez la peine de cliquer sur le film ci-dessous. Quant à la chanson (futur tube sans nul doute), Money Makes Money, composée en trois langues (mélange d’anglais, de luganda (langue majoritaire de l’Ouganda) et de Lugisu, le dialecte local du Bulambuli) on la doit aux artistes de rap ougandais Byg Ben Sukuya, MC Yallah et Jorah MC.
Les occidentaux pensent les tournages comme des machines de guerre
Et Isaac de conclure, «les occidentaux pensent les tournages comme des machines de guerre aux coûts rédibitoires, or il suffit de bien choisir les lieux de tournage, de travailler avec les talents locaux. Cesser de gaspiller, et faire ». Michel Gondry aimerait ce cinéma-là.
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