Zoom sur la dernière campagne de l’Agence de la biomédecine pour promouvoir le don d’organe du vivant : un documentaire en 2 parties qui se penche sur l’expérience humaine vécue par l’un, donneur et l’autre, receveur.
A l’occasion de la Journée Nationale du Don d’Organe qui se déroule ce 17 octobre, l’Agence de la biomédecine prend la parole pour mettre en lumière l’expérience humaine des personnes greffées. Elle dévoile sur YouTube, Facebook et sur son site internet, un documentaire en 2 parties qui illustre de manière soignée mais sans pathos appuyé, le point de vue du donneur puis celui du receveur. Une oeuvre conçue par l’agence DDB°Paris et réalisée par Ioanis Nuguet qui prend le contre-pied des discours technico-pratiques que l’on entend habituellement sur ce genre de thématique.
Une bonne manière de démystifier le sujet et de lui offrir la visibilité qu’il mérite ? Peut être mais plutôt que de vous spoiler inutilement, vous pouvez découvrir les deux épisodes à la fin de cet article. Pour comprendre pourquoi cette prise de parole signe un changement radical dans la manière de communiquer de l’agence, nous avons rencontré la DA, Jenna Haugmard qui, avec Julien Kosowski, a pensé le dispositif créatifet digital dans son ensemble.
IN : comment se positionne cette campagne par rapport aux précédentes ?
Jenna Haugmard : il y a un an, l’Agence de la biomédecine nous a demandé d’apporter des réponses claires sur la question du don d’organe. Nous avons donc refait leur site internet sur lequel nous avons mis en ligne des vidéos informatives sur des sujets précis. Une sorte de premier contact basé sur un discours purement médical. Mais cette année, nous avons décidé de remettre l’humain au centre de notre récit.
Le don du vivant est particulier car il sous entend la présence du donneur, qui suscite beaucoup d’interrogations. Plutôt que de repartir sur un panorama de différentes situations, nous avons décidé de nous concentrer sur un seul « couple » : une relation fraternelle qui nous a particulièrement touchée. L’histoire vraie de 2 frères : Sylvain, le cadet, dans le « rôle » du malade, et Gil, l’aîné, dans celui du donneur. Une double incarnation permettant à tout le monde de s’y identifier. Le résultat étant un récit miroir, sous forme de lettre ouverte, pour offrir aux spectateurs des points de vue complémentaires sur l’opération.
IN : pourquoi avez vous justement opté pour cette mise en scène particulière ?
Jenna Haugmard : ce choix d’un récit miroir c’est fait de la propre initiative des deux protagonistes. Gil a ressenti le besoin de parler à son frère sans l’avoir en face de lui. Il a donc écrit un texte dans sa maison de Saint Malo qu’il a ensuite enregistré en studio. Nous avons réitéré l’exercice avec Sylvain. Les deux étaient très motivés et concernés, ce qui a permis d’arriver à un résultat aussi sincère et naturel que possible.
Pour Ionis Nuguet, le réalisateur, l’enjeu était d’insuffler de l’universalité dans cette histoire de fratrie. Une relation qui était déjà au centre de son oeuvre précédente, Spartacus & Cassandra. Il a suivi les 2 frères pendant 3 jours, 1 an après la greffe, accompagné uniquement de son assistante. En amont, nous étions tous d’accord pour accoucher d’une oeuvre vraie, sans punchlines trop appuyées, avec une réalisation de qualité mais pas démesurément léchée. Cela nous a demandé de nous adapter car au contraire d’un spot publicitaire plus classique, nous ne pouvions avoir une visibilité sur le « produit » qu’une fois le travail rendu. Nous avons du faire totalement confiance à Ionis … et il faut dire qu’il nous l’a bien rendu.
IN : quel est l’objectif que vous cherchez à atteindre avec cette oeuvre ?
Jenna Haugmard : nous voulions à tout prix éviter de faire la promotion du don d’organe. Notre but était simplement d’informer pour que les personnes confrontées à cette terrible situation puissent faire le bon choix au bon moment, nullement de leur forcer la main.
IN : où se situe la France sur ce sujet par rapport à l’Europe ?
Jenna Haugmard : en France, grâce à la solidarité nationale, tout le monde est considéré comme donneur potentiel. Nous sommes l’un des rares pays dans le monde à avoir opté pour ce statut. Mais beaucoup de gens refusent de donner certains de leurs organes, comme les yeux ou le coeur, pour des convictions éthiques et religieuses. C’est pourquoi en janvier 2017, le gouvernement a appliqué un nouveau décret autorisant le don partiel. Ce qui permet de donner certains organes tout en restant en accord avec ses croyances.
La Journée Nationale du Don d’Organes est le parfait exemple de cette prise de conscience française. L’occasion pour les différents parties prenantes de communiquer sur le sujet et ainsi de mettre en valeur ses acteurs dans un mouvement collectif vertueux. Par un pur hasard, cette date du 17 octobre est aussi le premier anniversaire de l’opération réussie de Gil et Sylvain. Un joli symbole. Quand on vous disait que leur histoire était universelle…