Nous étions 12000 selon les organisateurs, 5000 selon la police – peu importe le chiffre précis – à nous retrouver de blanc vêtus, jeudi dernier, pour dîner en plein milieu de la Place de la Concorde*.
L’événement peut paraître snob et anecdotique. Et s’il était plutôt un signe des temps, annonciateur d’une tendance de fond ?
Imaginez un rendez-vous fixé quelque part dans Paris, pour la 22è année consécutive, dans un lieu tenu secret jusqu’à la dernière minute, des « rallieurs » à la tête d’un groupe auquel ils transmettent toutes les instructions nécessaires pour rejoindre le mystérieux endroit de rassemblement, par téléphone, texto ou mail. Imaginez également, en moins de 10 minutes, des milliers de personnes envahissant calmement la place de la Concorde, posant tables et chaises autour de la chaussée, pour la transformer pendant trois heures en l’un des plus grands pique-niques du monde… Et ce même petit monde tel Cendrillon à minuit, pliant tranquillement ses tables et chaises jusqu’à l’année prochaine.
Imaginez encore une telle fête sans aucun sponsor. Pas même une petite marque blanche cachée sous une nappe blanche!Imaginez enfin des gens qui se rencontrent, qui se parlent, qui se voient. Pas sur MSN, pas sur Facebook, pas sur Twitter. Mais dans la vraie vie. Celle où on peut se toucher, boire un coup, faire la fête, danser… Où le tactile et le réel comptent autant, voire plus que le virtuel. Où l’humain est plus fort que tout ! Alors ce dîner blanc – le 22ème depuis ses débuts – aura vraiment servi à quelque chose et tout espoir n’est pas perdu. Et moi, je vous le dis, ça fait du bien !
Isabelle Musnik
* merci au C d A, présidé par A.M G, dont je ne dévoilerai pas le nom de famille par crainte de représailles policières ( !) de m’avoir cooptée cette année.