10 octobre 2024

Temps de lecture : 5 min

Frédéric Mazzella : « DIFT redirige avec succès les budgets marketing des entreprises (fidélité, cadeaux) vers des causes sociales »

Frédéric Mazzella, créateur de Blablacar, lançait en 2022, la startup Captain Cause... Voilà que cette dernière troque son sympathique nom pour celui de DIFT pour mieux être identifié. Une annonce qui en entraîne une autre : en 2024 Dift a permis à près de 300 entreprises de distribuer plus de 10 millions d’euros à des projets à impact. On vous explique !

INfluencia : beaucoup d’enseignes changent de nom actuellement. Pourquoi avoir fait de Captain Cause, DIFT ?

Frédéric Mazzella : en fait, Captain Cause n’était pas directement bien compris. Et Captain devenait souvent Capitaine dans la bouche des Français. Il nous a semblé intéressant de créer un nouveau nom qui incluait le D de don et le ift de Gift, et qui bien mieux identifié. J’ai de très bons retours sur DIFT qu’ils s’approprient naturellement. C’est une jolie fusion.

IN. : expliquez-nous en quoi consiste votre nouvelle « mission » ?

F.M. : c’est comme quand j’ai créé Blablacar. Le concept n’existait pas, et il fallait le créer. Là, l’idée est née d’un électrochoc. Lorsque j’ai vu des jeunes défiler pour la marche du climat, – ils allaient vers la place de la République en passant par les locaux de Blablacar qui sont au métro 4 septembre -,  ils portaient des panneaux qui disaient « quand je serai grand, je voudrais être vivant ». Je ne sais pas ça m’a bouleversé, je me suis dit que c’était compliqué pour ces jeunes, dont le seul espoir est de vivre… Je ne sais pas vers quelle société on va, donc c’est assez horrible. Je me suis demandé alors ce que moi, je pouvais faire à mon niveau en tant qu’entrepreneur.

Je suis stressé et frustré comme tout le monde par le dérèglement climatique, par ce chaos que nous sommes en train de forger nous-mêmes. J’ai beaucoup réfléchi. Et en 2022 j’ai créé Captain Cause, une start up qui permet aux entreprises (petites ou grandes) de rediriger leurs budgets marketing (fidélité, cadeaux) vers des causes sociales et environnementales tout en impliquant leurs clients et collaborateurs. Une manière simple, émotionnelle, pour les marques de valoriser ainsi leur engagement social ou environnemental, tout en renforçant leur attractivité.

À date, DIFT a permis de distribuer plus de 10 millions d’euros à des projets à impact

IN. : votre projet est unique et recueille déjà un beau succès…

F.M. : les associations sont les seules à avoir des initiatives de ce type et ce n’est pas facile, côté startup, je crois que DIFT est la seule à offrir ce système simple et efficace. À date, DIFT a permis de distribuer plus de 10 millions d’euros à des projets à impact. Au total, depuis sa création en 2022, l’entreprise a collaboré avec près de 300 marques, notamment Accor, La Française des Jeux, Engie, Carrefour, Wonderbox, BNP Paribas… À titre d’exemple, des milliers de collaborateurs Carrefour ont distribué des dons (100k€ en tout) à une cause dans le handicap au moment des Jeux paralympiques. De même, 100k€ ont été distribués dans plus de 70 pays par l’intermédiaire des points fidélités de collaborateurs Accor qu’ils ont redirigés en dons.

IN. : vous vous dites que l’État ne peut pas tout et que les entreprises sont à même d’agir, mais qu’il ne faut pas que ce soit compliqué. Dift est un facilitateur ?

F.M. : en fait, quand Bill Gates s’investit dans quelque chose, il met 50 milliards et il va lutter contre la pauvreté et les maladies dans le monde, voire essayer de trouver une nouvelle source d’énergie alternative pour éviter des missions de CO2. Bref, les projets qui existent notamment aux USA ou la philanthropie est culturelle, sont tout de suite assez colossaux… En France, on regarde dans ses poches et évidemment, il n’y a pas assez d’argent… Il faut donc imaginer un concept systémique pour financer ces changements également systémiques, d’où assez vite, l’idée que ce sont les entreprises qui ont les moyens évidemment de nourrir toute la société, de créer de la valeur.

IN. : c’est ce que vous avez fait ?

F.M. : oui, il fallait trouver un moyen pour que les entreprises aient envie de participer au bien commun, et de motiver aussi des Français frustrés de ne pas savoir comment agir face à l’avalanche de mauvaises nouvelles… Or cela tombe bien, les Français attendent des marques, des entreprises qu’elles agissent pour le bien commun, quelque chose de très grand, puissant et difficile à financer parce que cela demande des moyens colossaux.

Il y a dix ans, c’était 40 ou 45 % de la population qui le pensent, maintenant c’est 89 % des gens qui pensent que c’est aux entreprises d’agir pour le bien commun. Ce n’est pas près de s’arrêter.

IN. : le problème semble effectivement insoluble…

F.M. : oui, les conclusions de la COP28, auraient pu être celles de la COP1. Le Nord doit aider le Sud : c’est à ces entreprises qui passent leur temps à nous montrer qu’elles sont grandes, puissantes et internationales, qu’il faut soumettre notre immense problème.

IN. : des entreprises soumises par le ministère de Michel Barnier de payer plus d’impôts…

F.M. : oui à l’échelle de la France, le gouvernement va demander de payer plus aux sociétés, mais il y a aussi leurs clients qui leur demandent de payer et de s’investir. Elles subissent une double pression, et la situation pour les entreprises n’est pas simple,  mais cela dit elles peuvent débloquer des sous et ce faisant se rapprocher émotionnellement de leurs clients.

Près de 300 marques, notamment Accor, La Française des Jeux, Engie, Carrefour, Wonderbox, BNP Paribas sont des fidèles de DIFT…

Le cas d’usage 2 illustré par la collaboration avec la FDJ : « Mission-Nature »  » est un jeu de grattage de la FDJ en faveur de la biodiversité. C’est donc un ticket de loto vendu à 3€ dont environ 14% (43 centimes) sont reversés, via une cagnotte, à des projets de préservation de la biodiversité, qui sont sélectionnés par l’OFD.

IN. : quelles sont vos techniques ou cas d’usage pour faire en sorte que les marques participent ?

F.M. : le premier est aussi le plus simple à envisager et aussi le plus utilisé par nos entreprises. Il s’agit du cadeau d’affaires de fin d’année. Au lieu d’offrir des cadeaux inutiles, d’objets encombrants qui vont s’entasser, le cadeau d’un nouveau genre s’appelle DIFT. Un véritable allié émotionnel et joyeux qui permet de convertir des budgets qui auraient été utilisés à acheter des objets qui ne servent à rien et qui vont au secours de causes. Aujourd’hui plus de 250 entreprises sont aujourd’hui adeptes.

Le cas d’usage DIFT expliqué dans un spot par Pascal Légitimus

La personne qui achète le DIFT, celle qui le distribue, et celle qui le reçoit permettent un échange entre humains, et de l’empathie dans les relations professionnelles et nous en sommes très fiers.

IN. : avec Accor, votre principal client, vous utilisez une autre « technique » ?

F.M. : cela s’appelle Accor live limitlessmissionnature.com (opération annuelle – la prochaine lancée le 28 octobre, soit 43 centimes de chaque ticket de loto à 3€ sont distribués via une cagnotte à des projets de préservation de la biodiversité ; les associations sont sélectionnées par L’OFD). Mais les particuliers peuvent aussi l’effectuer notamment à Noël. Le mode d’emploi est ici.

IN. : quels sont les projets les mieux perçus ?

F.R : sur la plateforme DIFT, trois fois plus de financements vont vers des projets écologiques qu’avec le mécénat traditionnel. Ils sont répartis de manière équitable entre la sensibilisation, la dépollution, la biodiversité, le climat et lʼéconomie circulaire.

En savoir plus

L’équipe de premier cercle de DIFT qui compte aujourd’hui quinze salariés engagés !

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