4 octobre 2024

Temps de lecture : 5 min

Des Pink Floyd à l’effet Madeleine en streaming

Ce mercredi 2 octobre, on apprenait que le groupe Sony allait racheter le catalogue des Pink Floyd pour 400 M$ (361 M€), après avoir déjà dépensé un milliard de livres (1,2 Md€) pour une partie de celui de Queen. Pour démesurés qu’ils puissent paraître, ces chiffres rappellent que des œuvres culturelles – quand elles rencontrent le succès – représentent des actifs de long terme.

A leur façon – moins spectaculaire – c’est aussi ce que rappellent certaines données relatives à l’exploitation des plateformes de streaming.

S’agissant d’abord des séries TV, on note aux 7e, 8e, et 10e positions des 10 « TV shows » les plus visionnés dans le monde sur Netflix entre le 23 et le 29 septembre, les saisons 1 (4e semaine dans le Top 10), 2 (3e semaine) et 3 (3e semaine également) de Prison break, dont les premières diffusions TV remontent à… 2005/2007. A l’automne 2023, c’est Suit (à l’antenne sur USA Network entre 2011 et 2019) qui avait passé 12 semaines à la tête du même classement. Et l’on trouve parmi les 100 titres les plus visionnés sur la plateforme au 1er semestre 2024 cinq saisons de Young Sheldon, trois de House M.D., deux de Brooklyn nine nine

S’agissant des abonnés, les exemples valent comme un salutaire rappel au bon sens : l’envie de se divertir n’est pas toujours synonyme d’envie de découvrir, mais parfois simplement d’aller sur des chemins déjà parcourus. Du point de vue des professionnels, ils confirment la valeur des catalogues, sous réserve d’y puiser les bons titres au bon moment. Autrement dit, de maîtriser l’alchimie selon laquelle le même programme peut être jugé ringard un jour, et vintage le lendemain.

Les grands studios américains, notamment, y trouveront matière à réconfort et garantie de revenus durables, quand les marchés financiers les malmènent en bourse ; Netflix pourra y voir un nouveau flux de revenus potentiels, alors que ses premières productions originales ont maintenant passé le cap des 10 ans et que le volume d’Originals susceptibles d’être licenciés croit quotidiennement ; tous, finalement, se trouveront confortés dans le coup de frein qu’ils ont donné en 2022 en matière de mises en production destinées à leurs plateformes. Suit ou Prison Break montrent qu’un mix bien maitrisé de lancements et de re-sorties peut s’évérer au moins aussi efficace qu’un tapis de bombes de nouvelles séries disponibles en binge. Et ce à un coût nettement mieux maîtrisé.

A observer les films mis en ligne au cours des 18 derniers mois, le retour aux valeurs éprouvées vaut également pour le cinéma. Historiquement, Netflix et Prime Video ont principalement construit leur catalogue avec des longs métrages direct to vidéo, n’ayant fait l’objet d’aucune exploitation en salle. En France, ceux-ci représentent 70 % du stock de titres disponibles. Mais après être progressivement montés en puissance dans les nouvelles entrées, les films sortis en salle y sont devenus majoritaires au 2e trimestre 2024 (55 % contre 44 % un an plus tôt). On est loin de l’année 2020 – marquée par le Covid il est vrai – pendant laquelle Warner ou Disney envisageaient de totalement renoncer aux sorties en salles pour privilégier la mise à disposition de leurs films sur les plateformes.

Dans un univers d’offre pléthorique, conserver la séquence traditionnelle (salle, VoD, pay TV et/ou SVoD, TV gratuite…) permet de mieux répartir les coûts de production, et de capitaliser sur les flux de revenus associés aux différentes exploitations. En termes de marketing des programmes, c’est aussi un moyen, au moment de l’arrivée sur les plateformes, de bénéficier de la trace mémorielle générée en amont, et notamment du earn (la couverture éditoriale) associé à la sortie en salle.

Au final, on a vu Amazon s’associer, en France, à la production de Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan (Gaumont), attendu sous peu en salle et dont il récupèrera l’exploitation – en première fenêtre payante – 17 mois plus tard. Netflix l’a précédé, avec l’arrivée le 16 août – en première fenêtre payante également – de Jeanne du Barry.

La concurrence entre acteurs de la pay TV spécialisés dans le cinéma (Canal+, Sky…) et plateformes pour la maîtrise de cette première fenêtre a toutes les chances d’en sortir accentuée.

PS : Dernière minute : L’Autorité de la concurrence a annoncé ce jeudi 3 octobre après midi s’autosaisir « d’éventuelles pratiques dans le secteur de la télévision payante et de l’acquisition et de la diffusion d’œuvres cinématographiques ». « Cette auto-saisine ouvre une phase d’instruction à l’issue de laquelle les services d’instruction pourraient notifier des griefs aux entreprises ou associations d’entreprises concernées ou proposer au collège de ne pas poursuivre », poursuit l’Autorité, précisant qu’elle « ne fera aucun autre commentaire, ni sur les pratiques suspectées, ni sur l’identité des entreprises ou associations d’entreprises potentiellement concernées ».

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