Après avoir redessiné les cadres du brand content, Red Bull redéfinit le rôle de la data dans le contenu. Une révolution est en cours de test dans sa Media House.
Red Bull ou la trajectoire d’un fabricant de boisson devenu un empire d’édition. Parangon et pionnier d’un contenu de marque qu’elle a révolutionné, la multinationale autrichienne repense désormais l’expérience de consommation de contenu en y redéfinissant le rôle de la data. « La data dans le média est une percée essentielle pour offrir une expérience plus dynamique et plus excitante au spectateur », explique dans The Drum, Andi Gall, CTO de Media House, le bras armé de Red Bull pour le contenu. Pour lui, l’intégration dans la production vidéo des données collectées en temps réel par des capteurs intégrés peut ouvrir le prochain chapitre de l’histoire du brand content.
« Imaginez que vous puissiez regarder la vidéo d’un skieur en ayant un aperçu de l’intérieur de ce qu’il ressent pendant sa descente ou son saut », développe Andi Gall, conscient que la synchronisation des données générées pendant une prod avec son contenu de diffusion peut radicalement changer l’utilisation de la data par les médias. Red Bull veut là aussi montrer la voie alors que la concurrence en est encore à s’interroger sur l’apport des données en amont. Le leader mondial de la boisson énergétique veut lui dès l’an prochain placer la data au cœur de ses vidéos et clips à la demande. Comment ? « En montrant qu’à travers la visualisation multi dimensionnelle, la data peut être émotionnelle », répond Andi Gall.
Pour atteindre l’objectif d’intégration par la synchronisation en 2016, la Media House multiplie les tests avec les athlètes sous contrat. En attachant des capteurs sur le corps du rider, Axel Naglich puis en filmant sa descente de montagne, Red Bull a pu utiliser les indications de son cerveau et de son adrénaline pour permettre de visualiser sa concentration dans les moments dangereux. Ces investissements interviennent alors que le géant de Salzbourg entend accélérer la transition de sa chaîne TV en ligne vers des plates-formes payantes proposant une gamme beaucoup plus large de contenus.
Un média de crowd-control
Le mois dernier, Red Bull admettait en effet la nécessité de diversifier ses productions pour ne plus seulement se concentrer sur le sport d’action mais également s’intéresser, dans un proche futur, aux documentaires sociétaux, au gaming et la programmation par l’art. Le but est de développer une offre commerciale de contenus plus large, primo pour élargir son audience, secundo pour vendre ses programmes à des distributeurs. C’est avec cette volonté de diversification que la Media House travaille également à la construction d’une plate-forme privée mondiale qui grâce à la data connecterait et rassemblerait les internautes.
Avec eAURA comme nom de code, le concept peut se décrire comme un hub digital offrant une plate-forme sécurisée de stockage d’informations personnelles que chacun peut collecter, analyser, synchroniser, visualiser, connecter et partager. « Cela ne concernerait pas seulement le sport mais aussi la musique et la science. Chacun pourrait utiliser ce réseau de capteurs sensoriels pour récolter différentes informations à des fins diverses d’utilisation, précise Andi Gall « Par exemple, un athlète peut vouloir partager ses données avec un docteur, un coach ou un autre sportif aux données similaires». En créant des canaux médias façonnés autour de la data meta des citoyens et consommateurs connectés, Red Bull envisage eAURA comme un média de crowd-control.
Un champ d’application immense pour Red Bull