INfluencia : Huit ans après sa création, Lydia est devenue la toute nouvelle licorne française. Cela fait quoi d’obtenir ce statut ?
Cyril Chiche : Cela fait un peu mal au front… Obtenir ce statut est très gratifiant pendant une journée. C’est une reconnaissance de la part des investisseurs de tout le travail que nous avons fait en huit ans et de notre capacité à progresser encore plus dans les années à venir. Cela nous donne aussi beaucoup de visibilité et de crédibilité or ces deux caractères sont très importants dans un secteur comme le nôtre où la confiance est primordiale. Lorsque la nouvelle de notre levée de fonds a été rendue officielle, le 8 décembre, nous étions en apesanteur. Nous avons eu des centaines d’articles et nous avons reçu des milliers de messages qui venaient de partout. En 24 heures, 3400 demandes de contacts sont arrivés sur mon compte LinkedIn. Une telle annonce permet aussi d’appuyer sur le bouton pause et de regarder en arrière afin de réaliser tout ce que nous avons accompli depuis 2013. Nous le faisons rarement car nous avons plutôt l’habituer de voir ce qui se trouve devant nous. Cette célébration n’a toutefois pas durer plus de 24 heures car nous devons nous remettre à la tâche. Notre objectif est toujours le même : déplacer de quelques centimètres le Mont Blanc des services financiers et faire entrer ce secteur dans la modernité.
IN : A quoi cette nouvelle levée de fonds va-t-elle vous servir?
C.C. : Cet argent va nous permettre de recruter de nouveaux talents. Nous employons aujourd’hui 160 salariés et nous souhaitons franchir le cap des 1000 collaborateurs fin 2025. Nous voulons aussi devenir le compte bancaire principal de plusieurs millions de personnes en Europe. Nous devons, pour cela, étoffer notre offre de produits en nous renforçant notamment dans l’épargne et le crédit. Nous souhaitons également être forts dans trois grands pays, à savoir l’Espagne, l’Allemagne et l’Italie. Nous testons depuis deux à trois ans nos services au Portugal qui abrite une population très numérisée mais nous voulons désormais passer la vitesse supérieure. Nous allons ainsi ouvrir au mois de janvier un bureau à Madrid et nous prévoyons de nous lancer très rapidement en Allemagne et en Italie. Nous ne nous interdisons pas non plus à faire des opérations de croissance externe. Nous ne le faisions pas jusqu’à maintenant mais notre nouveau statut nous le permet désormais.
IN : Quelle est votre analyse de l’avenir des services bancaires? Les banques en ligne vont-elles remplacer les agences de détail traditionnelles?
C.C. : Je ne le pense pas. Il se passe aujourd’hui sur notre marché exactement la même chose que dans les médias il y a quelques années. L’internet mobile nous fait passer d’une société du commerce physique à un monde de l’accès libre. Les médias et les biens culturels ont été les premiers touchés. Les consultations médicales sont, à leur tour, concernées. Cette révolution numérique, qui commence tou juste, va faire naître de nouveaux champions. Mais durant chaque cycle, des leaders du passé confortent leur position dans le monde d’après. L’e-commerce a bouleversé le secteur de la distribution mais aux Etats-Unis, la deuxième plus grande plateforme de vente en ligne reste Walmart, juste derrière Amazon. Dans dix ans, le secteur bancaire ressemblera davantage à ce que nous proposons aujourd’hui mais je ne crois pas à la théorie du grand remplacement. Mon objectif est de faire de Lydia un champion numérique des services financiers. Notre ambition est de rester indépendant mais une offre faramineuse de reprise pourrait nous convaincre de céder la société. Nous voulons à terme que notre licorne se transforme en buffle avec une valorisation décuplée. Si cela se produit, nous prendrons alors deux jours pour en profiter…