Lancé en mai 2012, l’Américain Fundable a dû attendre le mois dernier pour donner au crowdfunding une nouvelle facette : la possibilité de participer au capital de la société financée. Votée l’an passé au mois d’avril, la nouvelle législation JOBS Act n’est entrée en vigueur qu’en janvier, permettant désormais aux investisseurs non-accrédités d’intégrer le capital d’une start-up.
Défendue par le gouvernement Obama, la loi « Jumpstart Our Business Startups » offre indirectement le socle juridique pour faire du financement participatif une véritable alternative au processus classique d’entrée en bourse. Comment ? Grâce à IPO Village, fondée par la banque d’investissement new yorkaise First Line Capital.
Avec cette plate-forme digitale de démocratisation, l’entrée en bourse est réservée à tout le monde. Sur l’autel du « premier arrivé, premier servi », chaque utilisateur peut s’acheter les actions d’un nouvel acteur boursier sans devoir passer par le moindre intermédiaire. « C’est la preuve que le crowdfunding est une force majeure dans le monde de l’investissement », constate Daniel Hirsch, Directeur associé chez First Line Capital. INfluencia a cherché en exclusivité à mieux comprendre ce nouvel outil digital de financement participatif.
INfluencia : Comment vous-est venue l’idée d’IPO Village et quelle est l’ambition originelle ?
Daniel Hirsch : Nous sommes une banque d’investissement spécialisée dans l’aide aux petites entreprises et dès l’année 2000, nous pensions à un service gratuit éliminant les intermédiaires entre la société entrant en bourse et ses actionnaires. Nous avons toujours constaté que le marché n’était pas tendre avec elles et nous cherchions un outil pour les aider. L’idée est que chaque dollar investi aille dans l’entreprise et que l’actionnaire achète le titre à sa vraie valeur. Mais il y a douze ans, l’environnement des médias sociaux n’était pas propice. Il l’est beaucoup plus aujourd’hui et les prévisions annoncent une croissance de plus de 10% d’ entrées en bourse en 2013, aux Etats-Unis.
Le site a été lancé en juillet 2012 et nous n’avons pas encore de concurrent. Nous sommes les seuls. Nous attendons l’approbation de la Securities and Exchange Commission (équivalent américain de l’AMF) pour effectuer notre première entrée en bourse, je l’espère dans les semaines à venir. D’autres à venir sont déjà dans les tuyaux. L’ambition est de permettre à « Monsieur tout le monde » d’acheter des actions dans une entreprise qui elle, pourra entrer en bourse sans passer par Wall Street, les grandes banques et les grosses firmes d’investissement. On démocratise l’entrée en bourse en éliminant les intermédiaires.
INfluencia : Pour le consommateur-investisseur et les start-ups, en quoi le changement est-il important ?
D. H. : Chez nous, contrairement aux autres plates-formes de crowdfunding, l’investisseur détient une porte de sortie. Il peut revendre ses actions. De plus, quand beaucoup de gens possèdent peu de titres, la variation du prix est beaucoup plus faible que lorsqu’ un nombre plus restreint en possède beaucoup. Pour l’investisseur, c’est une garantie importante. Pour les petites sociétés souvent snobées par les grandes banques, IPO Village représente une superbe opportunité pour éviter les 7 à 12% d’intérêts des intermédiaires classiques. De plus, pour celles qui possèdent une communauté de consommateurs fidèle et assez large, nous sommes le levier idéal de fidélisation et de renforcement de la loyauté.
INfluencia : Les plates-formes digitales de financement participatif constituent-elles aujourd’hui la meilleure arme de cette démocratisation ?
D. H. : Oh que oui ! IPO Village est un énorme changement pour le consommateur comme pour les entreprises. Jusque-là, elles utilisaient les médias sociaux pour vendre et pas pour consolider une relation avec leurs investisseurs. Aujourd’hui, les plates-formes sociales assurent le service après vente grâce à l’interaction qu’elles suscitent et l’avenir est là. Sur IPO Village, chaque entreprise pourra exposer son business plan et se présenter via une vidéo qui sera hébergée sur une page dédiée. Cela créera un rapport automatique de proximité avec l’investisseur, qui une fois encore peut être « Monsieur tout le monde ».
Benjamin Adler
Rubrique réalisée en partenariat avec Uniteam
Crédit photo en une : CBERN Blog