7 octobre 2009

Temps de lecture : 2 min

La crise serait désormais derrière nous. Tant mieux !

Depuis un an, beaucoup d'encre a coulé au sujet de la Crise. Tout le monde y est allé de son analyse, des tribunes ont été bâties à la hâte pour que les intellectuels et les sages, habituellement cloitrés dans leurs institutions, nous éclairent.

Depuis un an, beaucoup d’encre a coulé au sujet de la Crise. Tout le monde y est allé de son analyse, des tribunes ont été bâties à la hâte pour que les intellectuels et les sages, habituellement cloitrés dans leurs institutions, nous éclairent.

Il semblerait qu’en cette rentrée 2009, avec la fin annoncée de la crise, il soit grand temps de passer à autre chose et de laisser derrière nous ce sujet déprimant. Recommençons donc à faire notre business comme avant !
Ne serait-ce pas aller un peu trop vite en besogne ? En tant que professionnels du marketing et de la communication, peut-on réellement faire l’économie d’une réflexion sur les problématiques brutalement mises à jour par le séisme économique que nous venons de vivre ? En particulier, la consommation débridée et aveugle, potentiellement destructrice de valeur écologique et sociale peut-elle encore être considérée comme un objectif en soi ? A l’instar de Zygmunt Bauman se demandant : « l’Ethique a t-elle une chance dans un monde de consommateurs ? », il paraît grand temps de s’interroger sur nos pratiques et nos modèles de réflexion.
Pas si simple. Lorsque nous remettons ces questionnements dans le contexte de nos pratiques professionnelles quotidiennes, de nombreuses impasses surgissent : l’augmentation des QA/NA, la création de désirs et d’objets de désir plus ou moins durables, l’incitation au renouvellement permanent… autant d’objectifs qui contredisent la nécessité absolue de voir changer nos modes de consommation.

Imaginer et construire un monde où la relation entre les entreprises et les citoyens du monde serait refondée, où l’habile séduction de « cibles marketing » dans l’unique but d’accroître le résultat financier d’une entreprise, ne constituerait plus le seul cadre de référence. Utopie ou nécessité ? Ne faut-il pas proposer une autre relation, l’entreprise se pensant comme une communauté d’individus citoyens, œuvrant pour créer et développer des projets porteurs d’amélioration de l’indice de bien être individuel et collectif ; des projets capables de rassembler et de mobiliser autour d’eux d’autres individus citoyens, dans une véritable relation de confiance ?

Car il est bien là, le sujet, pour nous autres communicants : comment refonder cette relation, avec un double impératif, celui de continuer à créer du désir, seule force in fine capable de porter vers l’avant notre société, et celui de respecter l’Autre ? Comment initier et développer un dialogue source de valeur pour tous, qui respecte l’individu dans sa recherche de transparence et de responsabilité ?

Tout reste à faire, mais vite. Avant que la prochaine crise advienne. 

 Véronique Rheims, Head of Strategic Planning,  McCann, Paris

 

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