Imaginés par la Fédération des auto-entrepreneurs, « Les Pieds sous le bureaux » surfent sur la vague du succès des lieux destinés aux travailleurs indépendants.
Mieux vaut tard que jamais… La Fédération des auto-entrepreneurs (FEDAE) va inaugurer, le 26 avril, son tout premier espace de coworking à… Nantes. « Les Pieds sous le bureaux » est un lieu destiné aussi bien aux créateurs d’entreprise, qu’aux auto-entrepreneurs et aux membres d’association. D’une capacité d’accueil de 40 personnes debout et 25 personnes assises, l’espace de coworking est configuré avec 12 bureaux répartis dans 50 m2 dans lesquels tout a été fabriqué « maison » : meubles en bois, bureaux, canapés, bancs, étagères, cabines téléphoniques en carton, panneaux phoniques… La FEDAE proposera également une domiciliation d’entreprise réservée aux auto-entrepreneurs et aux micro-entrepreneurs, sous forme de contrat mensuel, avec ou sans service de réexpédition du courrier. Cet espace n’est pas le premier dans l’hexagone. Loin de là… Entre 2010 et 2016, plus de 390 nouveaux bureaux partagés ont été créés sur le territoire français mais seulement 7% sont gérés par des associations alors que les indépendants représentent 50% de la population active de ces espaces.
Les lieux destinés au coworking sont nés en 2005 à San Francisco. Face au développement du télétravail et de la sous-traitance, et à l’amélioration des outils informatiques et de télécommunication, un nombre accru de professionnels se sont retrouvés à travailler tout seul dans leur coin. Pour éviter de rester cloitrer dans leur domicile 24 heures sur 24, certains employés ont choisi l’option de louer un local dans un centre d’affaires. Le leader mondial, Regus, gère à lui seul près de 3000 de ces business-centres dans 900 villes situées dans 120 pays. Mais ces lieux de travail ne sont rien d’autres que des bureaux équipés d’un téléphone, d’un fax et d’une connexion internet isolés les uns des autres. Les contacts humains y sont très limités. Pour tenter de recréer un espace de socialisation propre à l’entreprise, l’idée est donc venue de fonder des centres où des professionnels venant d’horizons différents pourraient échanger leurs expériences en louant un endroit pour travailler à des prix raisonnables calculés en fonction de leur temps d’occupation. Tel est le but de la plateforme en ligne nigériane, Asuqu. Créée en 2015, elle a pour objectif de mettre en contact des créatifs indépendants avec des clients potentiels à travers toute l’Afrique mais elle vient de créer The Village, un lieu bien physique pour les accueillir et favoriser le partage d’expérience entre eux.
En Europe, le nombre de free-lance croît de 15% par an
A l’origine, ces espaces étaient destinés aux travailleurs indépendants. Web-masters, attachés de presse, consultants, entrepreneurs ou… journalistes. Ces lieux de partage sont nés pour leur permettre de rompre leur isolement habituel. Mais une étude sur le cotravail, effectuée aux Etats-Unis par Emergent Research, montre que ce modèle a séduit une clientèle bien plus large que prévue. La première surprise est que moins de la moitié des coworkers (45%) sont des travailleurs indépendants. Les chefs d’entreprise et les salariés représentent, en effet, la majorité des habitués de ces centres. Les coworkers sont, malgré tout, plutôt jeunes (78% ont moins de 40 ans), instruits (75% possèdent au minimum un niveau bac+4) et… masculins (aux deux-tiers). Les professionnels travaillant pour la Toile sont très représentés (44%), tout comme les spécialistes des RP et du marketing (13%).
Ces espaces sont encore appelés à se multiplier. En Europe, le nombre de free-lance croît en effet de 15% chaque année. Aux Etats-Unis, ils représenteront 40% de la main d’œuvre d’ici 2020, d’après une étude du cabinet Inuit. « Les Pieds sous le bureaux » ne devrait donc pas avoir de mal à trouver des entrepreneurs et des indépendants pour leurs locaux…