31 août 2011

Temps de lecture : 3 min

Le consommateur devient ubiquitaire

Le Salon VAD e-commerce organise à Lille sa 15ème édition du 18 au 20 octobre. Depuis son origine, il revendique une approche multicanal, s’adressant aux acteurs historiques issus de la vente par correspondance, aux pure players, aux nouveaux entrants dès la fin des années 1990, et plus récemment aux distributeurs. Interview de Eric Platiau, Président du Salon et vice-président de la FEVAD (Fédération e-commerce et Vente à Distance)

INfluencia : la vente à distance fête ses 15 ans. Comment a t-elle évolué ?
Eric Platiau : la VAD n’a pas cessé de muter depuis 15 ans et ce n’est toujours pas fini! A la fin des années 90, ses parts de marché avaient tendance à s’éroder dans le commerce de détail . Pour tenter d’enrayer ce mouvement, les enseignes ont multiplié les catalogues plus spécialisés, et misé de plus en plus sur la carte du multicanal. Progressivement, à partir de 1995, le commerce électronique est venu enrichir la complémentarité historique catalogue-magasin. La Redoute et Trois Suisses lancent alors leur site Internet. Les premiers pure players comme Alapage font leur apparition sur la toile. En 1996, c’est au tour de la FNAC de lancer fnac.com. Puis Promodès en 1998 donne naissance à Ooshop. La même année cdiscount voit le jour (ndlr: il sera racheté en 1990 par le groupe Casino), puis un an plus tard, Cora crée houra.fr. En 1999, Rue du Commerce est l’un des premiers pure players durables à voir le jour.

Mais à l’époque Internet ne représentait encore que 0,05% du chiffre de commerce de détail, soit l’équivalent des ventes annuelles de deux gros hypermarchés! En 2011, l’ensemble de la VAD sous toutes ses formes pèse près de 10% du commerce de détail ! Enfin, ces dernières années, l’évolution s’est accélérée avec la montée en puissance des distributeurs retail qui ont adopté le multicanal, et l’essor du commerce C to C où les particuliers s’échangent  des avis ou des produits et vendent en ligne à d’autres. Désormais les Français achètent en masse à distance. Les pure players ouvrent des points de vente réels, et les grands distributeurs des versions web. En 2010, la FEVAD recensait 82.000 sites marchands actifs dans l’Hexagone. Un site Internet y est créé toutes les deux heures. Et l’e-commerce concerne désormais tous les acteurs du commerce.

INfluencia:  la vente à distance n’est plus en crise?
Eric Platiau: face à un consommateur devenu ubiquitaire, utilisant partout et à n’importe quel moment, le canal de son choix, la vente à distance multicanal ne s’est jamais aussi bien portée, comme en témoigne notamment bien sûr l’essor du e-commerce, mais aussi l’émergence du m-commerce ou encore l’avènement récent des premières pages Facebook marchandes.
Il y a aujourd’hui plus de 12,6 millions de mobinautes en France. C’est un développement que tous les cybermarchands ont pris en compte : La Redoute, 3 Suisses, ebay, Fnac, Castorama, cdiscount et bien d’autres.

INfluencia: quel rôle joue les media sociaux sur la VAD?
Eric Platiau: Aujourd’hui, les media sociaux constituent un levier incontournable sur le web marchand. En 2010, 1,5 million d’entreprises étaient présentes sur Facebook. En quelques mois, le nombre de fans de Coca-Cola sur Facebook a augmenté de plus de 30%, passant de 21,6 millions fin 2010 à 28,9 millions en Juin 2011. Dans le même laps de temps, les fans de PlayStation ont augmenté de 100%, et atteignent 15,2 millions !* Pour les acteurs du e-commerce, l’enjeu est de taille. Le social commerce est un marché appelé à une  expansion fulgurante. 20% des entreprises ont ainsi développé une stratégie « social commerce » en 2010, et 86% devaient la mettre en place en 2011**. De nouvelles tendances et offres de shopping social voient le jour, comme les services de group buying, les services de partage d’achats ou encore des applications de discussion en temps réel  pour solliciter l’avis de sa communauté au moment d’acheter.

INfluencia: Quels sont les grands enjeux du commerce de demain?
Eric Platiau: la révolution digitale est aussi importante pour le monde que la révolution industrielle il y a 150 ans. Elle fait même muter l’individu et sa vie sociétale, a      insi que ses relations aux marques et aux canaux de distribution. Aujourd’hui, le client a une vision précise d’un produit et d’un marché. Il est informé -souvent plus que le vendeur- voire surinformé et actualise cette information en temps réel. Il est aussi en interaction avec différents media qu’il va mélanger (visites de points de vente, commandes sur internet,  livraisons en magasins…) . Et il attend une fluidité parfaite de tous ces canaux.
Je vois 5 grands enjeux se dessiner:

–       le M commerce :
–       le social shopping
–       la mobilité (mobiles et  tablettes)
–       la TV connectée.
–       la virtualisation

Pour y répondre, les commerçants devront donc être de plus en plus créatifs et  capables d’inventer des réponses efficaces. Le challenge est passionnant. Et sur le salon à Lille les  18, 19 et 20 octobre prochains, nous montrerons l’état de l’art de l’innovation dans tous ces domaines avec 40 expériences à vivre «live». Chacune pouvant être déployée dans l’entreprise en quelques mois, VAD e-commerce 2011 permet ainsi
de s’informer, échanger mais aussi d’aider l’évolution de tous les commerçants!

Propos recueillis par Isabelle Musnik
Rubrique réalisée en partenariat avec l’agence Meura

*Source: Socialbalkers.com
**enquête Altimeter /Publicis Consultants

encadré
15 ans qui ont changé la VAD
–          En 1996, 80 % de la vente à distance s’effectue par catalogue.
–          1997, irruption du commerce électronique.
–          En 1999, seul 1 ménage sur 3 a accès à Internet.
–          2002, l’e-commerce s’impose comme un canal à part entière
–          En 2005, le commerce C to C, « consumer to consumer », prend de l’ampleur
–          En 2006, 73% des Français achètent à distance
–          En 2010, le m commerce s’invite dans l’équation du multicanal, avec 12,6 millions de mobinautes en France, soit 20% de plus par rapport à 2009

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