Deux après l’ouragan #metoo, dans les faits, rien ou peu de choses semblent avoir changé. Si le discours progressiste nous pousse à croire que, le digital aidant, les voix se font entendre et les politiques s’ajustent, les violences sexuelles enregistrent une hausse de 12% en 2019. En ces terres patriarcales, tout est à renverser, déconstruire et réorganiser. Banalisé, ordinaire, normalisé, un sexisme enraciné qui continue de creuser son sillon en traquant les femmes au quotidien. Au menu du jour, rappel des règles du consentement.
Nier le sexisme quotidien produit par la classe politique dominante hommes sur les femmes, c’est nier la réalité du monde, les féminicides, la violence verbale, mentale, physique, la mort, et l’inégalité sur tous les plans. Alors pas à pas et par le biais de tous les leviers de visibilisation possible, on met plein phare sur les problématiques clés, on donne la voix à celles et ceux dont les quotidiens ont trop longtemps été passés sous silence, on s’insurge contre l’hermétisme des institutions politiques et publiques face au changement nécessaire, et on s’arme de patience et de pédagogie pour éduquer les citoyens à être humains.
Dans cette course à un monde plus juste, plus safe, et plus vivable, la pub et les marques, assos, médias, et autres acteurs engagés s’avèrent créatifs pour éveiller les consciences et faire changer les attitudes.
Consentement pour les nuls
Récemment, c’est la notion de consentement sur laquelle on insiste. C’est quoi le consentement ? Où commence-t-il et ou s’arrête-t-il ? Peut-on d’ailleurs le définir ? N’est il pas toujours contraint ? En France, pas moins de 86% des femmes disent avoir déjà été victimes de harcèlement de rue. Plus de 50% déclarent avoir changé leur façon de s’habiller pour éviter une remarque sexiste. Pour revenir aux fondamentaux HandsAway dédie une campagne à ce sujet, signée TBWA Paris.
Crée en 2016 par Alma Guirao, une parisienne de 29 ans révoltée contre le harcèlement de rue qu’elle subit au quotidien, HandsAway est une association visant à lutter contre les violences sexistes et sexuelles. Le principe est simple : une application sur laquelle les victimes peuvent alerter, témoigner et échanger. Grâce à une fonctionnalité d’alerte, la victime envoie son témoignage à des « street angels » à proximité, en précisant où l’agression s’est déroulée et la nature de l’acte. En la recevant, les utilisateurs peuvent alors interagir et échanger avec la victime. Une manière de voir son agression légitimée et d’y trouver des solutions de soutien, d’écoute et d’aide à la poursuite judiciaire.
Sensibiliser en campagne
Après avoir dénoncé les mécanismes primaires de certains hommes avec son film « Bande de bites » ou mis en lumière l’impact de certaines paroles avec « le Poids des mots », cette fois HandsAway a décidé de s’attaquer à ces idées liberticides.Parce que la banalisation du harcèlement se justifie encore trop souvent d’un soi-disant consentement implicite des victimes venant provoquer les agresseurs par des attitudes ou des tenues vestimentaires, l’association s’insurge en rappelle les règles de base du consentement en campagne avec #HandsAway #CeciNestPasUnConsentement. Rappel pour les ordures : une parcelle de nudité n’est pas un consentement. La liberté de disposer de son corps doit se faire sans concession aucune. Une tenue moulante, une jupe courte, un décolleté plongeant, un rouge à lèvres : RIEN, ne justifie ou n’invite à l’agression verbale out physique. Ubuesque ? Visiblement, pas pour tout le monde. Pour les agresseurs, tous les moyens sont bons pour ne pas porter le fardeau de leurs comportmeents. c’est finalement tellement plus simple de mettre la faute sur la victime. Pour illustrer le propos, une série de photos réalisée par Shelby Duncan, photographe américaine engagée dans ce combat qui a notamment réalisé une série de photos intitulée ‘Wild Things’ capturant la jeunesse dans toute l’expression de sa liberté, rappelant que #CeciNestPasUnConsentement.
Au delà de la pub, tous les fronts sont investis
En parallèle, on note l’incroyable livre de Vanessa Springora, intitulé « Le Consentement » et paru en janvier 2020, mettant en lumière l’ambiguïté du consentement face au pervers narcissique et pédophile notoire Gabriel Matzneff. Elle a 13 ans, lui presque 50. Il est écrivain reconnu, elle adolescente. C’est un prédateur sexuel, et elle tombe amoureuse. Un récit édifiant qui révèle de la complexité du sujet, des biais mentaux et sociaux conduisant à un consentement contraint et malhonnête.
Parler à la jeunesse
Enfin, toujours sur ce sujet et pour ne citer que quelques exemples de ces projets qui donnent du sens et éveillent les consciences, la photographe et réalisatrice féministe Charlotte Abramow qui multiplie les collaborations à l’esthétique comme aux message engagés et engageants, dévoilait il y a quelques semaines Le Petit Manuel Sex Education. Un guide d’éducation sexuelle imprimé en édition limitée et distribué gratuitement puis diffusé sur le digital. Publié et diffusé à la suite de la saison 2 de la série anglaise Netflix du même nom, le guide Sex Education s’impose comme une manière ludique et amusante de s’intéresser à son corps et à ses limites. Destiné aux adolescents et aux plus grands, « 64 pages pour parler de cul sans tabous et pour aborder les bases d’une sexualité plus épanouie… Plein d’infos que j’aurais personnellement adoré avoir dès mon adolescence ! », confie la photographe à Paulette Magazine. 11 chapitres allant du consentement à la masturbation en passant par les identités de genre, des orientations sexuelles, d’anatomies, des stéréotypes, et des règles et de protection. Parce que le changement passe par la relève citoyenne, éduquons-les pour que ces sujets n’en soient plus.