Le « Covid Photo Museum » revendique être « le premier musée virtuel au monde dédié à la curation de photos prises pendant la pandémie de Covid-19. » Ses deux fondateurs sont des « pubards » qui ont créé ce site durant leur confinement à Amsterdam.
De son balcon, le Pape donne la bénédiction à une foule de fantômes sur une place Saint-Pierre déserte. Un imam, seul, fait sa prière dans sa mosquée vide. Trois voitures et quelques deux-roues tournent autour de l’Arc de Triomphe sur une place de l’Etoile étrangement calme. Ces images ont fait le tour du monde. Le confinement a permis à de nombreux photographes de prendre des clichés insolites et uniques. Des milliers d’internautes se sont amusés à chercher sur la Toile ces prises de vue. Coincés dans leurs appartements respectifs à Amsterdam, Billy Linker et Einav Jacubovich avaient pris l’habitude de s’envoyer sur les réseaux sociaux les plus belles photos qu’ils trouvaient sur internet. En deux jours, ces deux « pubards » s’en sont échangés plus de 500. « On avait l’impression que ces images étaient tirées d’un film de science-fiction, se souvient la directrice de la création d’Uber Eats. Mais on a vite réalisé qu’il n’existait pas un site qui rassemblait les clichés les plus intéressants. On a donc décidé avec Billy d’en créer un. C’est un projet que nous faisons en plus de notre boulot pour nous amuser ».
La gratuité pour seule devise
Les deux amis sont complémentaires. Einav est une créatrice de talent qui a été plusieurs fois primée au Cannes Lions festival et Billy est un producteur à l’agence Brickhouse Projects qui a travaillé pour de nombreux clients prestigieux comme Google, Samsung, PwC, Bushmills et Volvo. Chaque jour, ces confinés surfent sur des réseaux sociaux comme Instagram pour trouver des « pépites » prises aux quatre coins du monde. Ils discutent ensuite sur Zoom pour savoir les images qu’ils publieront sur leur site. Leur « Covid Photo Museum » revendique être « le premier musée virtuel au monde dédié à la curation de photos prises pendant la pandémie de Covid-19 ». Les photographes qui ont des images sur ce site ne sont pas payés pour leur travail. « Deux ou trois ont refusé de publier leurs clichés sur notre plateforme mais tous les autres ont accepté sans hésiter, se félicite Billy Linker. Nous ne pouvons pas les rémunérer car nous voulons que le site reste totalement gratuit. Nous avons ainsi décliné des offres commerciales car nous ne souhaitons pas diffuser de publicité sur nos pages. »
Vivement la deuxième vague !
Les trois-quarts des photographes sélectionnés sont des professionnels et les autres sont des amateurs. Certaines prises ont été faites dans la rue, d’autres à partir de balcon ou de drone. Les images sont classées dans huit « expositions » différentes. « Emprisonné », « Les lieux que nous avions l’habitude de remplir », « Désinfecter la Terre », « 1,5 mètre de distance », « Espaces clos », « La ligne de front invisible », « Le portail numérique », « Révolte », « En pause vu du ciel »… Régulièrement, de nouvelles « galeries » virtuelles vont être créées. Plus de 115 photos ont déjà été postées sur cette plateforme particulièrement bien soignée qui a été visionnée plus de 5000 fois en quelques semaines à peine.
Une exposition physique de ces photos
Les nouveaux clichés pourraient toutefois commencer à se raréfier maintenant que la Terre commence à se déconfiner peu à peu. Les fondateurs du « Covid Photo Museum » ne manquent pourtant pas de projets. « On pourrait très bien organiser une exposition physique de ces photos dans un musée ou une galerie », imagine Billy Linker. Le pire est aussi toujours possible… « Les photographes pourraient encore avoir du travail si une seconde voire même une troisième vague surgissait, prédit Einav Jacubovich. On espère bien évidemment que cela ne sera pas le cas. » Ces derniers mois nous ont toutefois prouvé que l’improbable pouvait rapidement devenir une réalité ». Le Pape sur son balcon ne dira pas le contraire…