« On a affaire-là à un modèle qui vit de l’abus (…), du contournement des règles », et qui le justifie « par ses audiences », a estimé le député LFI, Aurélien Saintoul, lors d’une conférence de presse.
La commission d’enquête sur l’attribution des fréquences TNT a entendu jeudi les responsables de Canal+ et de ses chaînes, dans des échanges parfois tendus.
Les vedettes de CNews, Pascal Praud, Laurence Ferrari et Sonia Mabrouk, étaient présentes, et celle de C8, Cyril Hanouna, sera entendue le 14 mars.
Selon M. Saintoul, le groupe a appliqué une « stratégie » en plusieurs points.
D’abord, la « minimisation » des multiples sanctions qu’a infligées aux chaînes le régulateur de l’audiovisuel, l’Arcom, après divers manquements et polémiques.
Ensuite, la « banalisation » en ce qui concerne Cyril Hanouna, source de plusieurs sanctions envers C8. Le PDG de Canal+, Maxime Saada, a déclaré que les « débordements » de l’animateur étaient « un risque » assumé.
M. Saintoul a enfin accusé CNews de « désinformation » au sujet d’une récente décision du Conseil d’Etat.
A la suite d’un recours de Reporters sans frontières, l’instance a demandé mi-février à l’Arcom de renforcer son contrôle de CNews et de toutes les télévisions et radios.
Cette décision a largement été présentée sur CNews comme une atteinte à sa liberté d’expression.
« Cette stratégie de désinformation pose un grave problème du point de vue des obligations de la chaîne », a commenté M. Saintoul.
Il a, par ailleurs, mis en doute l’affirmation du directeur de CNews, Serge Nedjar, selon laquelle M. Bolloré n’intervient pas dans le contenu des chaînes.
Les auditions de jeudi ont suscité des critiques à droite et à l’extrême droite, Eric Ciotti (LR) et Marine Le Pen (RN) notamment accusant la commission de partialité.
« J’espère que je suis partial. Je ne suis pas juge, ça n’est pas une instruction judiciaire qu’on est en train de mener, c’est une commission d’enquête parlementaire », a rétorqué M. Saintoul.
Selon lui, les travaux reposent sur la pluralité des « points de vue ».
La commission est présidée par le député Renaissance Quentin Bataillon. Son temps fort sera l’audition de M. Bolloré le 13 mars.