7 mars 2025

Temps de lecture : 4 min

Comment le mouvement #MeToo a fait évoluer les comportements en France

L’agence de communication La Suite and Co - en partenariat avec l’institut Viavoice, dévoile les résultats de la deuxième édition de son baromètre sur l'optimisme des Français·es. Cette année, l'enquête trimestrielle se concentre sur l'héritage de #MeToo en France avec un éclairage sur les changements concrets et mesurables dans les comportements quotidiens.

Lancé en 2017 à la suite des révélations sur Harvey Weinstein, un puissant producteur d’Hollywood accusé d’agressions sexuelles et de viols par de nombreuses femmes, le mouvement #MeToo a provoqué un véritable séisme sociétal, brisant l’omerta sur les violences sexistes et sexuelles. Tout a commencé avec une enquête du New York Times et du New Yorker, qui dévoile les témoignages accablants de plusieurs actrices et employées du cinéma victimes du célèbre mogul. Très vite, l’affaire prend une ampleur mondiale, révélant l’ampleur du harcèlement et des violences sexuelles dans l’industrie du cinéma et au-delà.

Le 15 octobre 2017, l’actrice Alyssa Milano publie un tweet invitant les femmes victimes d’agressions ou de harcèlement sexuel à répondre avec “#MeToo” (Moi aussi), afin de montrer l’ampleur du phénomène. Ce hashtag devient viral en quelques heures, avec des millions de femmes partageant leurs expériences à travers le monde. Il convient tout de même de rappeler que le terme “Me Too” remonte en réalité à 2006, lorsque Tarana Burke, militante féministe américaine, l’utilise pour soutenir les victimes d’agressions sexuelles, en particulier les femmes issues de minorités et de milieux défavorisés.

Une trainée de poudre

Après son explosion sur les réseaux sociaux, #MeToo dépasse rapidement le cadre d’Hollywood et met en lumière le harcèlement et les violences sexuelles dans tous les secteurs professionnels (médias, politique, sport, entreprises…). En France, il prend la forme de #BalanceTonPorc, lancé par la journaliste Sandra Muller, dénonçant les comportements abusifs des hommes de pouvoir. Si son impact a été immédiat, son influence ne s’est pas arrêtée aux premières vagues de témoignages : dans nos frontières, par exemple, il a enclenché une profonde remise en question des comportements, des normes sociales et des inégalités persistantes.

Sept ans plus tard, où en sommes-nous ? Au-delà de la libération de la parole, des changements concrets sont visibles dans le monde du travail, dans les relations sociales et même dans la perception qu’ont les hommes et les femmes du sexisme. Si le chemin vers une égalité durable est encore long, une prise de conscience collective s’est opérée, modifiant durablement les mentalités. Comment la société française a-t-elle évolué depuis #MeToo ? Quels progrès ont été réalisés et quels défis restent à relever ? Décryptage d’un mouvement qui continue de façonner notre époque.

Les chiffres parlent

Le mouvement #MeToo a provoqué un véritable électrochoc au sein de la société française, modifiant les perceptions et initiant une prise de conscience collective. D’après l’étude menée, 37 % des Français déclarent avoir pris conscience de comportements inappropriés dans leur entourage. Cette proportion est encore plus marquée chez les jeunes générations, atteignant 46 % chez les hommes de moins de 35 ans, ce qui illustre l’impact profond du mouvement sur la manière dont les normes sociales sont désormais perçues.

Pour Christian Moisset, Président de l’agence La Suite and Co, cette dynamique traduit une évolution majeure : « Nous assistons à une véritable réévaluation des normes sociales, portée par une mobilisation sans précédent des femmes et par une réflexion croissante chez les hommes, notamment les plus jeunes ».

Mais au-delà de la prise de conscience, #MeToo a enclenché des changements concrets et mesurables dans les comportements quotidiens. Ainsi, 81 % des Français·es estiment que les femmes dénoncent plus facilement les comportements sexistes dont elles sont victimes, témoignant ainsi d’une libération de la parole. L’évolution des mentalités se manifeste aussi chez les hommes, puisque 57 % d’entre eux déclarent faire davantage attention à éviter tout comportement sexiste. Par ailleurs, 41 % affirment avoir changé de regard sur les questions de discrimination, de sexisme et de violences faites aux femmes. Certains vont même plus loin dans leur démarche, puisqu’un quart des hommes, soit 24 %, reconnaissent avoir modifié certains de leurs comportements, une tendance particulièrement marquée chez les jeunes générations.

Une « volonté collective de changement »

Pour Arnaud Zegierman, directeur associé de Viavoice, ces résultats démontrent que le mouvement #MeToo a révélé une volonté collective de changement. Selon lui, « Les chiffres montrent que si le chemin est encore long, des bases solides ont été posées pour la quête d’une égalité durable ».

Malgré les défis qui demeurent, l’étude met en évidence une vision plus optimiste de l’avenir. En effet, 56 % des Français·es se disent confiants quant à une amélioration des relations hommes-femmes dans le monde du travail. Une proportion équivalente pense que l’équité professionnelle continuera à progresser dans les années à venir. #MeToo n’a pas seulement permis de mettre en lumière des injustices, il a aussi initié une transformation durable qui se poursuit, portée par une génération plus consciente et engagée dans la construction d’une société plus égalitaire.

En effet, comme l’a révélé La Revue des Médias, proposée par l’INA, dans son enquête sur la médiatisation des violences sexistes et sexuelles, il n’a jamais été autant question de « #MeToo », que depuis le début de l’année 2024. « Cela s’explique par la succession d’affaires et de révélations, notamment dans le monde du cinéma, concernant des personnalités très connues, ainsi que par l’écho du procès dit des « viols de Mazan », favorisé par son ouverture au public à la demande de la victime, Gisèle Pelicot », précisait Camille Pettineo, la Rédactrice en chef adjointe en charge de l’exploitation éditoriale de la data à l’INA, dans un sujet publié le 13 janvier dernier.

En 2024, le terme « #MeToo » a été plus employée que les cinq années précédentes et même légèrement plus qu’en 2018. Le combat continue…

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