26 novembre 2019

Temps de lecture : 3 min

La com nous offre un passé plus que parfait, c’est toujours mieux qu’un futur pas simple

Un film de 90 secondes nous fait suivre les réveillons de Noël d’une famille « bien de chez nous ». Le distributeur Carrefour joue la carte de la nostalgie pour attendrir les consommateurs. Il n'y a pas que lui, notez.

Un film de 90 secondes nous fait suivre les réveillons de Noël d’une famille « bien de chez nous ». Le distributeur Carrefour joue la carte de la nostalgie pour attendrir les consommateurs. Il n’y a pas que lui, notez…

Cela faisait bien longtemps qu’une publicité télévisée n’avait pas commencé avec la voix du Général de Gaulle… A l’occasion de ses soixante ans, Carrefour a décidé de jouer la carte de la nostalgie. Son film de quatre-vingt dix secondes imaginé par Publicis et réalisé par Thierry Poiraud retrace l’histoire d’une famille comme il en existe tant d’autres en France à l’occasion des fêtes de Noël.

Les petits grandissent, le chef du clan dit toujours la même blague avant de découper la dinde pour finalement ne plus apparaître dans la dernière séquence pour la plus grande tristesse de son épouse aujourd’hui veuve. Sur le petit écran, Le Général laisse sa place à… Christophe Dechavanne. Les cadeaux évoluent au fil des années également. L’ardoise magique et le mécano sont remplacés par le tout premier jeu vidéo et un Rubik’s Cube. L’adolescent découvre le Walkman puis le tout nouvel Ipod. Le slogan de cette publicité, qui a pour fond sonore le titre « Gli Altri » de Françoise Hardy, est simple et efficace : « 60 ans déjà qu’on passe Noël ensemble. Merci ». Ce film a été diffusé pour la première fois le 22 novembre dans son format long de quatre-vingt dix secondes sur M6 à 20H30 et sur TF1 à 21H40. Des versions de quarante et trente secondes ont ensuite pris le relais, accompagnées d’un format de quinze secondes qui soutient le programme mondial Act For Food en faveur de la transition alimentaire.

 Coca-Cola aussi…

Cette « fresque sociétale et familiale » (c’est l’annonceur qui l’appelle ainsi…) n’est pas la première à jouer la carte de la nostalgie pour faire vibrer la corde sensible du grand public. Loin de là. A l’occasion de la sortie sur Netflix de la troisième saison de « Stranger Things », Coca-Cola a produit à 500.000 exemplaires une série limitée de canette reprenant un design commercialisée en 1985 .

H&M a, elle, mis en vente dans ses magasins une collection d’été très années 80 comprenant des maillots de bain, des shorts, des chemisiers et des débardeurs où apparaît parfois le mot « Hawkins » qui est le nom de la piscine municipale qui a servi de décor à plusieurs épisodes de la série.

Quant à Center Parcs, ils la jouent carrément catalogue seventies avec leur campagne d’affichage Noël, tous en maillots de bain lancée par DDB…

 Les Bronzés font du ski

Les eighties et les nineties sont donc devenues la valeur sûre. Certaines marques phares tombées aux oubliettes, comme Ellesse, Champion et Sergio Tacchini, ont été relancées avec succès dans le commerce. Fila connaît aujourd’hui une seconde jeunesse après que certaines de ses tenues aient été portées par Beyoncé et Rihanna. Dans leur clip « Tout oublier » , Angèle et son frère Roméo Elvis se baladent sur la plage avec des combinaisons de ski que Jean-Claude Dusse (alias Michel Blanc) ou Popeye (Thierry Lhermitte) auraient pu porter dans « Les Bronzés font du ski ».

Last but not least, l’agence Zakka nous plonge au coeur des années 60 en organisant une exposition de pièces de train Petit Gris avec le Transilien SNCF, ainsi qu’une grande vente aux enchères publiques de ces pièces, le 2 décembre, au profit des Restos du Cœur.

La nostalgie fait vendre.

Les experts en marketing ont même inventé un terme pour définir cette tendance : la « néo-stalgie » ou comment faire du neuf avec du vieux. À moins qu’il soit désormais bien difficile de proposer aux consommateurs de se projeter dans un avenir radieux fait d’urgence climatique, de pollution irréparable, de consumérisme indécent et de produits peu recommandables… Finalement  faire du ski sur une plage belge, porter un maillot de bain le soir de Noël, se réfugier dans une série Netflix, et s’asseoir dans un siège de train à l’arrêt comporte peu de risques…

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