Coca-Cola sponsor majeur de la Cop 27 et de la Coupe du monde au Qatar? Les communicants réagissent.

Il y a de quoi, une fois de plus, s’interroger sur les logiques qui animent le monde du sport et celui des marques qui sont capables de faire de grands écarts sans s’inquiéter des conséquences tant au niveau de leur perception au regard des consommateurs, des citoyens, et de l’urgence climatique.

Chez les défenseurs de l’environnement, le directeur de campagne John Hocevar est furieux. Le partenariat entre Coca et la Cop 21  sape l’objectif même de l’événement qu’il parraine. Cela fait des années que les scientifiques tirent la sonnette d’alarme sur la pollution aux microplastiques, fragments qui asphyxient faune et flore, finissent dans nos assiettes  . Véronique Dham, experte en biodiversité et fondatrice de la première société en biodiversité en France, Gondwana, s’interroge sans pour autant jeter de l’huile sur le feu, «Si l’un des plus gros pollueurs en termes de déchets plastiques et en consommation d’eau devient sponsor d’un tel événement c’est qu’il a une réelle volonté de bouger, ce que la firme a d’ailleurs commencé à faire, sans que cela soit suffisant pour autant. S’il s’agit seulement d’un coup de com alors c’est à un suicide en direct auquel nous allons assister ».

Coca-Cola est sponsor et partenaire structurel de la FIFA depuis 1974!

Pour sa part, Eric Hollander, président de Air, nuance lui aussi son propos : « Coca n’est pas « sur le Qatar », il est sponsor et partenaire structurel de la FIFA depuis 1974! Comme tout le monde ils doivent être très emmerdés de ce qui s’y passe -mais pour d’énormes organisations comme Coke et d’autres, il est techniquement trop tard pour sortir de là. Pour autant n’oublions pas que the Coca Cola Company est l’une des rares marques à s’être impliquée dans la FIFA Human Rights Advisory Board. Sur le foot, on connaît tous la vraie question: pourquoi et comment a t-on pu décider en 2011 que la coupe du monde 2022 se déroulerait au Qatar?».

Moi je ne suis pas furieux contre Coca-cola qui voudrait aller dans le bon sens mais ne sait pas encore comment renoncer à ses 120 milliards de bouteilles en plastique jetables annuelles sans fermer la boite! Mais que la Cop accepte Coca comme sponsor, c’est débile

  Luc Wise président de The Good Company, s’interroge plus quant à lui sur le rôle et le terme même utilisé de « sponsor », mot d’un autre âge, mal pensé, auprès de la  Cop 21. « Aujourd’hui l’attention se focalise sur Coca-Cola, mais je tiendrais le même raisonnement s’il s’agissait de Meta, Ikea ou encore Visa. La crédibilité de l’action des COP est déjà mise à mal par notre incapacité à tenir les accords de Paris. Il me semble que sa crédibilité future dépend aussi de sa capacité à se placer « au-dessus » des intérêts privées ». Une position qu’Eric Hollander estime également intenable de la part de l’organisation : « comment la Cop peut-elle décider de prendre pour sponsor le plus gros pollueur plastique au monde? Moi je ne suis pas furieux contre Coca-cola qui voudrait aller dans le bon sens mais ne sait pas encore comment renoncer à ses 120 milliards de bouteilles en plastique jetables annuelles sans fermer la boite! Mais que la Cop accepte Coca comme sponsor, c’est débile et même suicidaire. La Cop se sabote elle même! ».

les Nations Unies ne devraient pas permettre aux grandes entreprises de « sponsoriser » les COPs, comme s’il s’agissait d’un Festival de Rock, la Coupe du Monde ou Les Jeux Olympiques.

Une opinion qui le fait aller dans le sens des marques : « elles ont aujourd’hui une obligation de cohérence. C’est la seule manière d’éviter le woke / green Washing. Les manquements à cette obligation sont impitoyablement sanctionnés, tant par les médias que par les ONG et les consommateurs. En termes de réputation, Coca cola risque de payer cher ». Pour sa part, Luc Wise estime que si les grandes entreprises, -comme l’ensemble des acteurs de la société civile-, doivent participer aux Conférences Officielles de l’ONU sur le climat. (COP veut d’ailleurs dire « Conference of Parties ». En revanche, se moque-t-il « les Nations Unies ne devraient pas permettre aux grandes entreprises de « sponsoriser » les COPs, comme s’il s’agissait d’un Festival de Rock, la Coupe du Monde ou Les Jeux Olympiques.

Coca-Cola a certainement beaucoup d’initiatives à annoncer en matière de dépollution, d’ici-là. En tout cas il faut l’espérer…

L’urgence climatique est une question de vie ou de mort.  Il ne viendrait pas aux  Nations Unies l’idée de se faire sponsoriser par le Conseil de Sécurité ! ». Véronique Dham conclut : «Ce télescopage entre ces deux informations doit attirer notre attention, mais pour autant il faut se méfier. Coca-Cola a certainement beaucoup d’initiatives à annoncer en matière de dépollution, d’ici-là. En tout cas il faut l’espérer ». Et puis, reste à savoir, si les amateurs de foot et les participants à la Cop 21 lisent, écoutent, surfent sur les mêmes infos, et si ce sont les mêmes publics… Et ça ce n’est pas gagné !