12 janvier 2021

Temps de lecture : 3 min

Club Identicar nous apprend que le covoiturage c’est bien… pour les autres !

Ah, la voiture... Cet objet d'amour que l'on brique le week-end, et qui nous dit, une fois sa carrosserie étincelante, combien on est beau au volant, n'est pas prête pour l'autopartage ou le covoiturage... Individualiste, le conducteur français? Un sondage de Club Identicar montre que le covoiturage met du temps à s’imposer dans notre pays. Pour sa défense, la crise sanitaire n'engage pas au partage...

Et dire que l’on a cru un temps, déjà en 2013, -INfluencia avait consacré un article à cette tendance-,  que le covoiturage, était la solution à moins de pollution, plus de relationnel, et de socialisation. Et bien c’est raté! Selon un récent sondage mené par Harris Interactive pour le compte de la complémentaire auto Club Identicar, 64% des Français ne sont pas adeptes du covoiturage et 70% sont réticents à l’idée de prêter leur véhicule. Plus de la moitié des jeunes âgés de 18 à 35 ans (54%) sont disposés à rouler avec des inconnus alors que la moyenne nationale ne dépasse pas 36%. Les personnes de 55 ans et plus sont, sans surprise, celles qui répugnent le plus au covoiturage (22%) et les citadins ne sont pas forcément ceux qui semblent les plus ouverts aux nouvelles formes de mobilité. 60% des Franciliens refusent ainsi de partager leurs véhicules avec des voyageurs trouvés sur la Toile. « Si nous sommes tous conscients des enjeux environnementaux liés à nos modes de déplacement, force est de constater que dans les faits, la voiture reste un moyen de transport encore très individuel, souligne Jonathan Tuchbant, le directeur général de Club Identicar. En tant que club automobile rassemblant plus d’un million de conducteurs, nous observons bien cet attachement des Français à leur voiture. Les nouvelles mobilités ont du sens, des modes de transports décarbonés sont à privilégier mais il y a aussi cette réalité du réel usage que font les Français de leur voiture au quotidien. » Et disons-le, de leur lien quasi charnel, voire identitaire à celle qui les transporte et les définit…

Un boom pendant l’été

Alors certes, la pandémie qui a déjà provoqué plus de 66.500 décès en France représente un nouvel obstacle pour le covoiturage. (À moins qu’elle n’ait bon dos?) Les gestes barrières ne sont en effet pas simples à assurer dans une voiture. La distanciation est impossible à respecter dans un habitacle. Selon certains infectiologues, le risque de contamination ne serait pas plus faible dans une automobile que dans les trains ou les bus. Cet été pourtant, de nombreux voyageurs semblent avoir préféré l’autopartage au TGV ou à l’avion. BlaBlaCar a ainsi enregistré en juillet et en août dernier 15% de demandes de passagers en plus que l’année précédente. La plateforme, qui revendique 90 millions de membres dans 22 pays et assure 25 millions de voyageurs par trimestre, rencontre un énorme succès. L’usage du covoiturage diffère toutefois beaucoup d’un pays à l’autre.

Des voies pour les VOM

En Europe, cette pratique connaît un réel engouement. Aux États-Unis, elle porte même de petits noms rieurs,  les Américains l’appellent « ridesharing » ou « carpooling », et représente près de 44% des trajets en voiture mais la plupart des véhicules rassemblent les membres d’une même famille ou des collègues afin de se rendre au travail. Au Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande, des voies sont même réservées aux « VOM » (« véhicules à occupation multiple ») dans les grandes métropoles. Une idée à retenir pour Paris, Lyon, Marseille, Lille ou Bordeaux ? Avant de lancer de nouveaux travaux dans les rues de la capitale, les autorités devraient toutefois tenter de populariser encore plus le covoiturage. Ou alors proposer une psychotérapie aux utilisateurs, afin de comprendre pourquoi la fourmi n’est pas prêteuse…

Des incitations en veux-tu, en voilà…

Aujourd’hui, le partage des frais entre le conducteur et ses passagers n’est pas soumis à la TVA et il n’est pas non plus considéré comme un revenu par l’administration fiscale. Le forfait de mobilités durables permet, pour sa part, aux entreprises de prendre en charge jusqu’à 400 euros des frais de déplacement de leurs salariés. Cette aide est exonérée d’impôts et de cotisations sociales. Pour inciter les amateurs de sensations fortes à l’autopartage, Porsche a eu une meilleure idée en piégeant huit parisiens qui se sont retrouvés dans une Panamera pilotée par Romain Dumas qui a remporté à deux reprises les 24 heures du Mans. Tout est bon pour assurer la promotion d’une « bonne cause ». Mais pour le coup, qui prêterait sa Porsche à son voisin pour accompagner sa famille où que ce soit… ?

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