The good : quel regard portez-vous sur l’évolution de l’entreprenariat à impact depuis ces dernières années ?
Sophie Vannier : En dix ans, l’entreprenariat responsable à fait un bond et s’est fait une place dans le monde de l’entreprenariat. L’année 2022 en particulier marque un momentum sur l’impact avec une généralisation de la prise de conscience de l’ensemble des start-ups d’avoir du (bon) sens. On est passé d’un sentiment utopique à une démocratisation de l’entreprenariat à impact.
The good : pouvez-vous nous détailler la première des cinq tendances que vous prédisez pour 2023 : « la transition écologique pour toutes et tous, partout » ?
Sophie Vannier : On le voit, les politiques publiques se multiplient sur les sujets de transition écologique (loi anti-gaspi, fonds verts pour les collectivités, etc.). Plus globalement, l’économie responsable est dans tous les débats, et en particulier le défi de la circularité. Les entrepreneurs sont forcément impactés par cela aussi. Chaque mois, 80 à 90 000 entreprises se créent en France selon l’Insee, et une majorité de leur(s) fondateurs(trices) veulent être engagé(e)s selon la Fondation Entreprendre. C’est donc une tendance qui va continuer à s’étendre cette année, confortée par notre contexte de réchauffement climatique et d’inflation. Contraints ou forcés, nous serons tous confrontés à la transition écologique. C’est une opportunité de marché plus qu’une contrainte économique de repenser son entreprise de manière plus sobre !
The good : votre deuxième tendance est assez explicite « le local, toujours plus de local ! ». Pouvez-vous étayer votre propos ?
Sophie Vannier : La crise Covid-19 a renforcé ce besoin de proximité, de local, d’humain au centre de tout, en ville comme à la campagne. L’ONU prédit que 70% de la population mondiale vivra en ville d’ici 2050. Cela signifie de repenser les circuits courts aussi en milieux urbains, de végétaliser les toits, de favoriser l’autosuffisance alimentaire, le vrac, les épiceries de quartier…En parallèle, on observe une redynamisation des centres péri-urbains et des campagnes dans notre pays.
The good : expliquez-nous votre troisième tendance qui dit que « l’impact va infuser chez tous les acteurs de l’accompagnement » ?
Sophie Vannier : On remarque que de la même manière que l’impact croît chez les entrepreneurs, l’écosystème qui les accompagne évolue dans le même sens. Que ce soit BGE, BPI, Station F ainsi que d’autres incubateurs et accélérateurs, tous se positionnent sur l’impact, ce qui est une excellente chose ! Attention toutefois car l’accompagnement des entrepreneurs responsables est différent, car les modèles sont parfois hybrides, les financements spécifiques, etc. Précisons que nous préférons parler de « chevaux de trait » plutôt que de « licornes à impact » et gros montant de levée de fonds ne rime pas forcément avec gros impacts !
The good : qu’entendez-vous pour votre quatrième tendance par « entreprendre à tout âge, les séniors les entrepreneurs de demain » ?
Sophie Vannier : Petit à petit on voit s’effacer le stéréotype de l’entrepreneur trentenaire à col blanc tout droit sorti de l’école de commerce au profil d’une plus grande diversification de profils, dont des seniors de plus en plus nombreux. Les femmes restent cependant seulement 35 à 38% à entreprendre et elles sont encore moins nombreuses dans la tech.
The good : enfin, vous prédisez « l’émergence de solutions de plus en plus innovantes » ?
Sophie Vannier : Les grands défis sociaux et environnementaux à relever vont encourager l’émergence de nouveaux modèles basés sur la sobriété et la durabilité. Des contraintes naissent les opportunités et les innovations.
The good : un conseil aux futurs entrepreneurs ou pour celles et ceux qui n’osent pas se lancer ?
Sophie Vannier : Entreprendre ne signifie pas réussir ou ne pas réussir. C’est une expérience passionnante à vivre. Allez au bout de vos convictions ! Courez à l’incubateur le plus proche de chez vous !