16 octobre 2019

Temps de lecture : 3 min

Au cinéma, le genre ne fait pas recette

Le Geena Davis Institute on Gender in Media vient de rendre ses conclusions sur l’étude menée aux côtés de l’Université Mount Saint Mary, qui passe au peigne fin la représentation des femmes, des personnes LGBTQ+ et des personnes handicapées dans les medias de divertissement de 20 pays, dont les USA.

Le Geena Davis Institute on Gender in Media vient de rendre ses conclusions sur l’étude menée aux côtés de l’Université Mount Saint Mary, qui passe au peigne fin la représentation des femmes, des personnes LGBTQ+ et des personnes handicapées dans les medias de divertissement de 20 pays, dont les USA.

Émissions de télévision et films pour enfants, ainsi que longs métrages à destination du grand public ont été examinés à la loupe. Par ici les conclusions.

Du côté du cinéma

Le film est l’art médiatisé le plus puissant. Il véhicule ainsi une certaine réalité et de ce fait influence tout un chacun dans sa perception qu’il a du monde. Un film peut ainsi créer de l’empathie, il peut aider à changer les perspectives et nous permettre de voir la vie sous d’autres points de vue, non seulement auprès d’un public féminin, mais du point de vue de la diversité.

Pas de révolution…

Or. L’analyse nous renvoie à des films qui montrent un monde dirigé par des hommes, pour des hommes. Les personnages masculins représentent 60,9% des leaders, loin devant les leads féminins (39,1%). Les personnages féminins représentent 36,2% du temps de parole et 39,0% du temps d’écran versus leurs homologues masculins.

Cinéastes en majorité masculins

Les cinéastes et les métiers de la production en général sont également à prédominance masculine.

Des filles soumises et angoissées

Les personnages féminins sont rarement les héroïnes d’une histoire. Ils sont sexualisés et objetisés tandis que les hommes ne le sont quasiment jamais. Et si les femmes sont décrites comme des leaders dans leurs pays, leurs lieux de travail et leurs communautés dans ces longs-métrages, elles sont peu nombreuses. En revanche, force est de constater que la caméra continue de s’attarder sur leurs corps, leur semi-nudité, décrédibilisant ainsi leur autorité. En clair, les fictions continuent de raconter aux filles et aux jeunes femmes qu’elles sont des êtres soumis et anxieux, que le corps féminin est une marchandise et leur cerveau sans importance. Or les médias de divertissement sont puissants: 54 des 56 films analysés, -les plus rentables en 2018 ont gagné 21 691 475 835 $ au box-office-, tandis que les dix premiers films dans les 20 pays représentés dans l’étude donnent la part belle aux productions américaines.

Les personnages masculins plus violents

Ainsi du côté du cinéma grand public, les stéréotypes ont la vie dure. Les personnages masculins sont plus susceptibles que les personnages féminins d’être présentés comme violents (44,0% contre 24,5%) et criminels (29,9% contre 17,0%). Les personnages masculins sont plus susceptibles de figurer dans des positions de leadership que les personnages féminins (53,6% contre 46,1%).

Rôles principaux  hétérosexuels

95,6% des personnages de premier plan au cinéma sont hétérosexuels. Les rôles LGBTQ + sont plus susceptibles d’apparaître dans une nudité partielle (26,7% contre 12,4%), que les caractères hétérosexuels. Enfin, les personnages LGBTQ + sont décrits comme étant plus portés vers la promiscuité que les hétérosexuels (13,3% contre 3,1%). Quid du handicap sur grand écran ? 6,1% des personnages principaux sont présentés avec une déficience cognitive ou physique. Les personnages ayant un handicap sont plus susceptibles que les personnages sans handicap d’être décrits comme violents (50,9% contre 36,4%). Les personnages handicapés ont plus de chances d’être sauvés (41,5% contre 25,9%).

Les films destinés aux enfants

Autre information édifiante, les personnages masculins adultes principaux représentent 67,2% contre 32,8% de femmes dans les films pour le jeune public. Les personnages masculins sont plus susceptibles que les personnages féminins, d’être violents (34,3% contre 18,6%), ou criminels (20,3% contre 13,7%).

Le handicap enfin admis

En revanche, 8,1% des personnages de premier plan présentent un handicap cognitif ou physique, soit le pourcentage le plus élevé de la dernière décennie.

La télévision et la diversité

À prendre avec des pincettes, tout de même, on note une augmentation spectaculaire du nombre de femmes chefs de file dans les émissions de télévision pour enfants, passant de 42,0% (2008) à 52,0% (2018). Une entrée en force de la parité entre les sexes parmi les personnalités les plus en vue de la télévision pour enfants, que confirme le fait que les personnalités féminines sont nettement plus susceptibles d’être décrites comme des leaders que les personnages masculins (45,5% contre 41,4%).

Disney signe un partenariat avec le Geena Davis Institute on Gender in Media

Le géant du divertissement Disney qui prône désormais la diversité et l’inclusion a décidé de collaborer avec des chercheurs de la Viterbi School of Engineering, de l’Université de Californie du Sud, pour concevoir un outil d’apprentissage automatique capable de détecter les éléments biaisés en termes de « diversité » et d’« inclusion » dans les scripts des futures productions signées Mickey&Co. Une intelligence artificielle baptisée GD-IQ : Spell check for Bias que la firme a mis en avant afin de contracter un partenariat avec le Geena Davis Institute on Gender in Media. Une annonce faite par la comédienne lors de la conférence Power of Inclusion, qui s’est tenue le 3 et le 4 octobre dernier en Nouvelle-Zélande. Certaines voix s’élèvent déjà pour décréter que cet outil sonne la fin des immenses bénéfices que font les blackbusters américains… La question étant de savoir s’il ne s’agit pas là d’un outil-gadget… et l’homme, un individu incapable de respecter l’inclusivité et la diversité sans l’aide d’une IA… À suivre.

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