En Chine aujourd’hui, l’innovation est un sujet d’actualité. Elle est officiellement le levier qui doit permettre à la croissance de conserver sa vitalité. C’est l’une des raisons qui explique le dynamisme des startups locales et des géants tels que Haier, Tencent ou Xiaomi. Analyse par Urban Sublime dont le ebook « Shanghai, Nouvel Eldorado pour les marques françaises » ouvre les portes du marché chinois.
D’après le World Economic Forum, la Chine n’est que le 32ème état le plus innovant au monde. Une situation un peu gênante pour un pays qui ambitionne de passer de l’atelier du monde au laboratoire du monde. L’innovation est donc devenue une priorité stratégique pour les dirigeants chinois. Au cours des 10 dernières années, les dépenses en R&D du pays ont augmenté au rythme de 20% par an, faisant de la Chine le deuxième plus grand investisseur mondial en R&D, certes encore loin derrière les Etats-Unis.
Pourquoi ce manque d’innovation ?
Malgré sa bonne volonté, la Chine est encore trop timide en matière d’innovation. La faute à son système d’éducation qui continue de prêcher l’apprentissage du par coeur et refuse l’esprit critique.
Le secteur du travail est également encore trop hiérarchisé. La séniorité et l’expérience sont privilégiées au détriment de la créativité et de l’innovation.
La conséquence est due à une culture startups encore timide qui fait défaut à la Chine. D’après Brian Tam co-fondateur de l’agence d’innovation Let’s make Great : “ On voit des jeunes Chinois entreprendre et monter leur startups, mais ils entreprennent surtout dans des secteurs traditionnels. Ils vont ouvrir un café, un restaurant, une épicerie au lieu de créer une application par exemple.”
De copieuse à innovante
La Chine traîne une réputation de copieuse, mais cette stratégie de suiveuse alliée à de l’innovation incrémentale est en train de porter ses fruits. La Chine compte maintenant plusieurs géants qui ont adopté la stratégie dite du » fast follower » afin de se construire dans un premier temps, pour ensuite trouver un créneau rentable et dominer le marché par la suite. Les Chinois ont construit une base de recherche à partir de la copie de technologie. C’est en copiant qu’ils ont appris à innover. Ils ont amélioré par la suite leurs copies avec leurs propres innovations, qui sont devenues peu à peu des innovations réellement incrémentales.
Maintenant qu’elles ont conquis la Chine et l’Asie, les grandes marques chinoises cherchent à s’internationaliser et commencent à émerger. Notamment Wiko, Lenovo ou Haier en France. Les marques françaises ne doivent pas sous estimer ces concurrents chinois alliant innovation et prix bas. Une des opportunités à saisir pour elles : créer un partenariat notamment pour développer leurs produits de façon plus rapide. Le Français Wiko, en est probablement le meilleur exemple. En 2012 Wiko, une petite boîte marseillaise de téléphones mobiles s’associe à un fabricant de smartphone chinois inconnu Tinno Mobile, détenant 95% des parts de l’entreprise. Wiko comprend avant tout le monde qu’avec l’arrivée de l’opérateur » low-cost » Free, le business modèle de la téléphonie mobile va voler en éclat. Les consommateurs qui vont devoir payer au prix fort leur Smartphone vont très vite se rabattre sur des smartphones proposant les mêmes fonctionnalités à un prix bas. Avec 14% de part de marché, Wiko est devenu le numéro 3 français du téléphone devant Sony, LG ou Nokia. Une stratégie franco-chinoise gagnante.
Laetitia Faure / @artylaeti et Alex Cortey / @alexcortey, Urban Sublime
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