L’édito de Philippe Bailly,
« On ne pourra pas reprocher à Canal+ et TF1 de manquer de sens de l’anticipation ! c’est sans attendre la fin de la saison 2022 / 2023 que l’un et l’autre ont lancé ces derniers jours le cycle des conférences de rentrée 2024. Il n’est pas inutile toutefois, avant d’enjamber l’été, de tirer quelques enseignements des mois qui viennent de s’écouler. L’Insight NPA s’y attache cette semaine, en analysant les audiences du premier semestre 2023, et en les comparant à celles des six premiers mois de 2022.
Si elle reste la seule à atteindre les 10 millions de téléspectateurs, et a réalisé 22 des 30 meilleures audiences du semestre, TF1 semble décidément avoir renoncé à défendre à tout prix sa position de numéro un à toute heure de la journée et sur l’ensemble du public, au profit d’une stratégie plus ciblée : elle abandonne 0,4 point de PDA 4+ sur la période, mais en gagne 0,6 sur la cible commerciale et autant chez les 15/34 ans. Le dernier point n’est pas négligeable au regard des craintes de voir le public de la télévision pris dans un inexorable vieillissement.
La bonne santé perceptible de France 2 se retrouve, ensuite, dans les 0,5 points gagnés par la chaîne sur l’ensemble du public. Dans le même temps, ce gain est presqu’effacé par le tassement de France 3 après l’arrêt, notamment, de Plus belle la vie (fin 2022) et par le faux-plat de France 5. Si l’on y ajoute le recul de France Info, France Télévisions confirme sa position de premier groupe audiovisuel sur l’ensemble du public, mais sa part d’audience ne progresse pas.
M6 illustre également l’intérêt de prendre en compte les performances d’ensemble des chaînes d’un même éditeur : les bonnes performances de « ses TNT » (6ter et Gulli principalement) permettent au groupe de maintenir sa « PDA Ménagères » et limitent l’érosion de sa position sur l’ensemble du public.
Le semestre a été plutôt serein pour les autres acteurs de la TNT : PDA 4+ stable et en progrès de 0,2 point sur les 15/34 ans pour ARTE ; recul sur l’ensemble du public (-0,3) mais progression sur les FRDA 15-49 (+0,2) ; solde positif sur les deux indicateurs pour Altice (+0,1 et +0,3) et pour L’Equipe (+0,3 et +0,2).
Reste Canal+, ses antennes en clair, et particulièrement C8 qui a occupé une grande part des commentaires des derniers mois. Sur l’ensemble du public et pour l’ensemble de la journée, la PDA de la chaîne gagne 0,5 point. Mais ces gains sont concentrés sur les plus de 60 ans (+0,9) alors qu’à l’inverse, C8 est dans le rouge sur la cible commerciale (-0,1). Aussi contre-intuitifs soient-ils, ces chiffres font plus que se confirmer sur l’access prime time (19/21 heures), horaire de son programme phare TPMP : 0,1 point de PDA gagné sur l’ensemble du public, mais grâce aux seuls 60+ (+0,7), et avec des reculs sur les FRDA 15-49 (-0,2) et sur les 15/59 ans (-0,4).
La place prise par les chaînes d’information représente un autre point marquant de ce début d’année : à 8 %, la PDA cumulée de BFM TV, LCI, Cnews et France Info est certes en léger retrait par rapport à 2022 (-0,2 point) … mais sans double élection – présidentielle et législative – en France, et surtout en hausse de plus de 80 % par rapport à ce qu’elle était en 2018 (3,6 %).
Observer ces chiffres suscite encore au moins trois remarques :
La place centrale de la fiction française, du sport et du divertissement lors des premières conférences de rentrée, d’abord. Ces genres cumulent 26 des 30 meilleures audiences du semestre, trois des quatre dernières étant constituées par des déclarations d’Emmanuel Macron.
Concernant les dispositions de la proposition de loi Lafon, ensuite. Le Sénat a justifié la réduction à deux ans (voire moins si l’Arcom le juge acceptable) du délai d’incessibilité des fréquences de la TNT par la nécessité de ne pas geler le paysage audiovisuel jusqu’en 2032, par le jeu des vagues successives des procédures de réattribution d’autorisation. Les stratégies de « programmation groupe » qui se sont mises en place confirment que l’avenir des unes ne se pense pas indépendamment de celui des autres. Et que l’échéance de renouvellement la plus éloignée dicte donc son agenda à l’ensemble du groupe.
Reste enfin que l’analyse des PDA revient à comparer la vitalité de poissons dans un bassin duquel l’eau continue lentement à s’évaporer. A 3 h 14 par jour en 2023, la DEI 4+ a perdu 8 minutes par rapport à 2022 (-4 %). Si l’on considère que lors de la même période, le lancement d’ITVX a permis à ITV de faire progresser de 50 % l’audience de son offre de streaming, il est plus que probable que TF1 et M6 présentent sans attendre la fin de 2023 les stratégies de plateformisation sur lesquelles elles planchent depuis plusieurs mois
Jusqu’à imaginer que MYTF1 et 6Play soient les acteurs centraux des conférences de rentrée 2025 ? »
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Bilan audiences : France Télévisions conforte son leadership 4+ ; TF1 et M6 défendent le leur sur les FRDA 15-49
A l’approche de la fin du premier semestre 2023, NPA Conseil dresse le bilan des audiences des six derniers mois (données arrêtées au 25 juin pour les 21 chaînes disponibles au Mediamat quotidien
[1]). Sur l’ensemble de la journée, et sur le public 4+, les chaînes France 2 et C8 se partagent la meilleure progression (+0,5 point) et le groupe France Télévisions confirme son leadership en se rapprochant des 28 % de PDA cumulée (hors France 4 et France Info). Sur la cible commerciale, c’est la chaîne TF1 qui enregistre le gain le plus conséquent (+0,6 point), tandis qu’au niveau des groupes, M6 (stable, à 22,1 %) et TF1 (-0,1 point, à 33,6 %) creusent l’écart avec France Télévisions (13,7 %, -0,5 point). S’agissant des différentes tranches d’âge, TF1 se distingue chez les 15/34 ans (+0,6 point), Chérie 25 chez les 35/59 ans (+1,2 point) et C8 chez les plus de 60 ans (+0,9 point). (
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Chaînes d’information : CNews (+0,1 point) et surtout LCI (+0,4) poursuivent leur progression
En 2018, les chaînes d’information pesaient à elles quatre 3,6 % de part d’audience (4 ans et plus). Après avoir atteint 8,2 % au 1er semestre 2022, ce total est revenu à 8 % au cours des six premiers mois de 2023. Mais cette évolution moyenne recouvre des évolutions contrastées, d’un éditeur à l’autre.
Si toutes sont dans le vert sur cinq ans, Cnews (+1,5 point) et LCI (+1,3 point), se détachent sensiblement, par rapport aux +0,5 point de BFM TV et aux +0,3 point de France Info.
Et notamment servi par l’investissement éditorial qu’elle a réalisé sur la couverture du conflit ukrainien, la filiale de TF1 fait – nettement – la course en tête sur la dernière période (2023 vs 2022), en engrangeant 0,4 point supplémentaire. Cnews est également en positif (+0,1 point) ; France Info (-0,2 point) et, surtout, BFM TV (-0,5 point) sont, elles, dans le rouge. (consulter)
Access : doublé des chaînes de M6 chez les 4+ et sur la cible commerciale ; TF1 stable à plus de 34% FRDA 15-49
Le bruit médiatique qui a entouré
TPMP ne s’est pas spectaculairement retrouvé dans les audiences de C8 en access (19/21 heures ; mesures arrêtées pour 2023 au 25 juin, et comparées à la même période de 2022, portant sur 21 chaînes
[1]) : la chaîne ne gagne que 0,1 point de PDA 4+ (à 3,8 %) ; elle est en recul sur la cible commerciale FRDA 15-49 (-0,2 point), chez les 15/34 et les 35/59 (-0,4 point dans chacune des deux populations) mais progresse de façon significative chez les 60+ (+0,7 point). Sur l’ensemble du public, France 2 (+0,8 point, à 18,7 %) et France 5 (+0,4 point (à 4,9 %) encadrent 6ter (+0,6 point, à 1,6 %) dans le trio de tête des meilleures performances du semestre ; sur la cible commerciale, TF1 (+1,3 point, à 21,9 %) précède France 2 et 6ter (+0,6 point, à 11,7 % et 2,5 %). (
Consulter)
Prime time : TF1 conserve les rendez-vous les plus puissants ; France 2 se montre plus régulière
Au premier semestre 2023 (mesures arrêtées au 25 juin, portant sur 21 chaînes
[1]), TF1 a réalisé 22 des 30 meilleures audiences, contre 24 un an plus tôt. Mais les prime de France 2 se sont montrés plus réguliers sur la période (audiences sur la tranche 21/23 heures ; mesures arrêtées pour 2023 au 25 juin, et comparées à la même période de 2022). Au final, la seconde progresse de 1,1 point entre 21 heures et 23 heures, sur l’ensemble du public de 4 ans et plus, alors que la première abandonne 1,4 point. M6 est également en recul (-0,5 point). C8, à l’inverse, enregistre la seconde plus forte hausse (0,9 point). Les écarts sont plus limités sur la cible commerciale FRDA 15-49 : -0,4 point pour TF1 et -0,6 point pour M6, d’une part, +0,4 point pour France 2, de l’autre. C8 ne capitalise pas sur ses gains en 4+, et perd 0,3 point. (
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Après l’Europe et l’Afrique, Viu doit permettre au Groupe Canal+ de trouver en Asie un nouveau pôle de croissance
Groupe Canal+ a annoncé le 21 juin une prise de participation à hauteur de 26,1% dans la plateforme de streaming Viu éditée par Viu International, filiale du conglomérat hong-kongais PCCW. Le montant versé – 300 M$ – valorise l’entreprise à 1,14 Md$ (1,06 Md€). Opérant dans 16 pays en Asie du Sud-Est, au Moyen-Orient et en Afrique du Sud, Viu comptait à fin 2022 plus de 66 millions d’utilisateurs actifs mensuels et 12,2 millions d’abonnés avec un modèle économique mixte d’abonnements et de publicité. Son chiffre d’affaires a progressé de 45% en 2022, à 206 M$ (191 M€). L’opération est présentée par Groupe Canal+ et PCCW comme un «
partenariat stratégique pour accélérer la croissance de Viu ». L’accord prévoit également que Canal+ peut activer une option qui lui permettrait de porter sa participation dans Viu à 51 %, et d’en devenir l’actionnaire majoritaire. Viu permet à la filiale de Vivendi de franchir une étape majeure dans son développement en Asie. Après le rachat de M7 et de SPI International en Europe centrale, et la montée dans le capital de MultiChoice Group en Afrique, l’internationalisation de Canal+, présentée comme une priorité stratégique par sa maison mère, est plus que jamais une réalité. (
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Le PJL visant à sécuriser et réguler l’espace numérique discuté au Sénat le 4 juillet
Le projet de loi visant à sécuriser et réguler l’espace numérique, transposant les règlements européens DSA (Digital Services Act) et DMA (Digital Markets Act), a été examiné le 27 juin par une Commission spéciale du Sénat. Lors de cette séance
80 amendements ont été adoptés, sur les 164 qui avaient été déposés. Les amendements adoptés, dont une vingtaine complètent des dispositions juridiques et corrigent des erreurs rédactionnelles, portent notamment sur la compétence de blocage des sites pornographiques de l’Arcom, l’ingérence des médias étrangers, la mise en place d’un filtre anti-arnaque, le bannissement des réseaux sociaux, les services cloud, etc. Le texte amendé par la Commission spéciale sera examiné en séance publique au Sénat dès le 4 juillet avant d’être envoyé en première lecture à l’Assemblée nationale. (
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