Les Français partagés sur les entreprises qui restent en Russie.
Qu’ils soient Français ou non, les groupes encore installés en Russie subissent à présent la foudre des consommateurs et des politiques. Il n'y a encore pas si longtemps, les avis divergeaient : 47% des Français rejetaient même cette injonction au boycott, sous prétexte qu’il était hypocrite et dommageable envers l’économie française. Qu'est ce qui a changé ?Une étude réalisée par Dynvibe nous en dit plus.
ACTION | "Votre pétrole, notre sang"
Le 21 mars au matin, des activistes d'Alternatiba Paris, Les Amis de la Terre et ANV-COP21 ont mené une action au siège de TotalEnergies pour dénoncer les liens de la multinationale avec le régime de Poutine
Lorsqu’un journaliste du New Yorker demandait à Oleg Ustenko, conseiller économique du président Volodymyr Zelensky, de clarifier la ligne de son gouvernement au sujet des sociétés étrangères qui ne s’étaient pas encore retirées de Russie, celui-ci avait simplement répondu : « Si quelqu’un commet un crime de guerre et qu’une tierce partie donne de l’argent à ce criminel de guerre, alors, pour nous, en Ukraine, cette tierce partie est également responsable de ce même crime de guerre…Parce que cette tierce partie, avec son soutien financier, soutient cette agression ». Comme lui, beaucoup estiment que malgré quelques déclarations symboliques, les entreprises qui continuent à faire des affaires en Russie font preuve d’une remarquable indifférence à l’égard du massacre de civils… tout en aidant Poutine à consolider son pouvoir. Les profits dégagés lors de leurs opérations commerciales permettent de sauvegarder l’économie russe en la protégeant des sanctions économiques mises en place par la communauté internationale
Le 23 mars dernier, en pleine campagne présidentielle, le candidat Yannick Jadot avait même interpellé Patrick Pouyanné le PDG de TotalEnergies en expliquant à l’époque que son entreprise « soutenue par E. Macron, fait quelques concessions mais maintient l’essentiel de ses activités en Russie, en pleine connaissance des crimes de guerre qu’elles contribuent à financer. Oui c’est être complice ! ». Un vocabulaire guerrier loin d’être employé à la légère et qui fait écho aux doutes de beaucoup de Français quant à la bonne attitude à adopter vis à vis de ces entreprises. Une liste régulièrement mise à jour par les chercheurs de Yale, Jeffrey Sonnenfeld et Steven Tian reporte les différentes entreprises non-Russes ayant encore pignon sur rue à Moscou, depuis le début du conflit, telles qu’Acer, Alibaba, Asus, Cloudflare, International Paper et Lenovo. Parmi elles, plusieurs sont françaises, telles que plusieurs structures appartenant au groupe Mulliez – comme Auchan ou LeroyMerlin –.
Comment prendre le pouls ?
Plusieurs appels au boycott, tels que ceux évoqués en introduction sont lancés sur les réseaux sociaux par diverses personnalités et sont relayés ensuite par les différents médias traditionnels partout dans le monde ainsi qu’en France. Mais ils ne sont pas perçus de la même manière par les consommateurs à travers le monde. Les Français ont notamment adopté une position atypique, comme nous révèle une étude publiée vendredi par Dynvibe. La société spécialisée en social listening a ainsi analysé plus de 2000 messages, posts et commentaires sur Twitter, principalement, mais également sur Reddit, Instagram et LinkedIn. Selon les résultats publiés, une moitié des Français, – 53% – défend l’idée d’un boycott. Tant que la situation ne change pas, elle exprime clairement un refus de consommer chez ces enseignes. Elle n’hésite pas à accuser les dirigeants de ces entreprises de complaisance et même de soutien à cette guerre par pure cupidité.
Mais l’autre moitié – 47% – rejette purement et simplement ce mouvement, et ce pour plusieurs raisons. Certains se méfient du Président Zelensky qu’ils voient comme une marionnette. D’autres affichent une volonté de non-alignement en faisant prévaloir que l’hexagone ne doit pas prendre part dans ce conflit. Sans oublier la dimension économique évidente : pour beaucoup de comptes sondés, les employés français expatriés en Russie ne sont pas responsables de la situation et ne devraient pas en pâtir. Ils estiment également que les sociétés qui partiront seront simplement remplacées par des entreprises étrangères. Un argument souvent repris par les marques qui refusent de saborder leurs opérations. Les derniers dénoncent une hypocrisie, puisqu’aucune campagne de ce type n’a été lancée lors de précédents conflits.
La limite a-t-elle été atteinte ?
Depuis les révélations, le 2 avril, du massacre perpétré à Boutcha, l’opinion a considérablement évolué. Même en France, l’horreur des faits a particulièrement heurté la conscience collective. « Nous avons analysé plus de 1700 conversations depuis le 4 avril. Le changement est clair : les messages qui défendaient les marques sur ce conflit ont presque disparu, en pourcentage de conversations sur le sujet – seulement 11% – mais également en volume », révèle Louis Spénale, Insight Crafter chez Dynvibe.
Pendant ce temps, les publications qui continuent d’appeler au boycott visent en priorité le groupe Mulliez. On l’accuse d’avoir du sang sur les mains et le nom est directement associé à des photos, parfois très graphiques, du massacre. De plus, les messages qui temporisaient et qui semblaient laisser la porte ouverte à un retour de ces marques, si elles se retiraient du marché russe, ont, elles aussi, disparu. Comme explique un internaute : « Totalement insupportable que des entreprises françaises restent en Russie, de fait soutenant l’armée russe. Désormais #LeroyMerlin #Auchan #Mulliez et autres resteront associés à ce massacre ».
Que dit la loi ?
Dès lors, ce soutien de facto au régime de Poutine représente-t-il un potentiel comportement criminel ? Pouvons nous affirmer, comme Oleg Ustenko que les PDG de ces entreprises ont commis des crimes de guerre ? David Scheffer, ancien ambassadeur américain chargé des questions relatives aux crimes de guerre, a récemment fait valoir que la perpétration par des entreprises de génocides, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre pourraient faire l’objet d’enquêtes et de poursuites devant la Cour pénale internationale et que leurs PDG pourraient être tenus poour responsables. De quoi promettre à Poutine quelques colocataires avec qui bavarder dans sa cellule. Il peut rester tranquille : la liste est longue.
En résumé
Une étude réalisé par Dynvibe sur les réseaux sociaux nous révèle l’avis des français quant aux entreprises restées travailler en Russie.
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