13 septembre 2012

Temps de lecture : 2 min

Carrotmob : quand le consommateur mate les marques et les distributeurs

Quatre ans après sa naissance et depuis deux printemps en France, Carrotmob, le mouvement de consommateurs qui impose ses conditions, joue dans la cour des grands. Pour sa première campagne mondiale, l’activiste californien atypique s’attaque à l’empreinte carbone dans le transport de café…

Il y a trois ans déjà, INfluencia relatait le consumérisme responsable et ciblé d’un mouvement écologico-capitaliste au slogan évocateur : votez avec votre argent ! Après une évolution constante et une notoriété locale en hausse, l’association à but non lucratif de San Francisco espère entrer en octobre dans une autre dimension : avec plus de 200 campagnes locales dans le monde entier, place désormais aux opérations internationales de plus grande envergure ! Une première qui ne pouvait pas nous échapper.

En s’associant cette fois avec le producteur et distributeur artisanal de café Thanksgiving Coffee Company, Carrotmob, dont la version française se nomme Carrot Community, espère réaliser une opération unique à forte caisse de résonance médiatique et populaire : du 10 au 30 septembre, chaque citoyen soucieux de Dame nature (ou non) est appelé à acheter en ligne le café de la marque partenaire, avec pour objectif la barre des 116 000 euros d’achat. Si le montant fixé est atteint, Thanksgiving s’engage à devenir le premier vendeur de café au monde à transporter ses graines sur des bateaux à voile.

Si les consommateurs répondent à l’appel, le producteur californien se débarrassera donc de ses bateaux à moteur pour traverser l’Atlantique et utilisera uniquement de l’énergie éolienne. « On espère prouver que notre concept peut fonctionner avec des plus grosses entreprises, qui travaillent à l’international », explique à INfluencia le fondateur Brent Schulkin. « On pense vraiment pouvoir influencer la consommation de millions de gens, pour qu’ils s’organisent de manière à changer les politiques et pratiques des multinationales. »

Nisha Gulati, directrice de la communication de Carrotmob renchérit « les revenus générés par cette campagne prouveront qu’il y a une demande pour le transport de café par voile. Les fonds seront utilisés pour engager un ingénieur qui déterminera comment arriver à réussir la transition vers l’éolien, pour ensuite concevoir un business plan qui sera partagé avec le public et enfin, acheter les voiliers. »

En s’attaquant à l’émission de gaz à effet de serre dans le commerce de la denrée alimentaire la plus transportée au monde, Carrotmob épluche une très grosse carotte. Pour dépasser le cadre originel des actions coup de poing de faible amplitude auprès de commerces de proximité, le collectif écolo prend des risques devenus nécessaires.

Ancien salarié de Google, Brent Schulkin a compris en 2008 après une opération « pilote » auprès de 20 supermarchés de quartier à San Francisco, que la carotte financière fonctionnait mieux que le bâton du boycott quand il s’agit de convaincre enseignes et marques de devenir plus durables.

Militant frustré par l’inefficacité des méthodes traditionnelles de l’activisme écologique, il propose avec Carrotmob de mobiliser des consommateurs sur des actions spécifiques et positives visant à soutenir une entreprise, et s’engage en échange à adopter des pratiques plus respectueuses de l’environnement. Si vous êtes convaincu, vous savez ce qu’il vous reste à faire. Si vous ne l’êtes pas, la prochaine campagne en France – la dernière date de juin à Rennes – vous séduira peut-être.

Benjamin Adler
Rubrique réalisée en partenariat avec Uniteam

Crédit photo en vignette : Greencity.de

Carrotmob: How to organize a campaign from carrotmob on Vimeo.

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