24 octobre 2024

Temps de lecture : 4 min

Carole Pasco-Domergue (Biotherm) : « Notre idée était de transformer le bateau de course de Paul Meilhat en un voilier de recherche scientifique »

Épisode 2 de notre série Vendée Globe 2024 avec Biotherm, une des rares marques mondiales à sponsoriser un voilier lors de cette course à la voile autour du monde. Ce partenariat est original car ses objectifs sont plus scientifiques que sportifs. Carole Pasco-Domergue, la directrice de la communication de cette marque qui appartient à L’Oréal, nous dévoile les dessous de cette opération inédite.

SPONSORING

Exit the Doldrums

INfluencia : Vous sponsorisez depuis 2021 Paul Meilhat qui va participer au prochain Vendée Globe sur un IMOCA qui portera le nom de votre marque. Quelles sont les raisons qui vous ont encouragé à vous lancer dans la voile ?

Carole Pasco-Domergue : Notre implication dans la voile est très liée à notre cause de marque. La naissance de Biotherm en 1952 fait suite à la découverte d’un plancton qui stimule la régénération de la peau. Nos liens avec l’eau et l’océan ont donc toujours été très forts. En 2012, nos dirigeants ont lancé notre cause de marque qui n’a pas changé depuis et qui se résume par ces deux mots : « Water Lovers ». En 2012, Biotherm a commencé une collaboration à long terme avec Mission Blue, une organisation fondée par la biologiste marine Sylvia Earle qui travaille à identifier et à préserver les « spots d’espoir », des zones marines critiques pour la survie des océans. Cinq ans plus tard, nous nous sommes associés à la Fondation Tara Océan, une organisation de recherche dédiée à l’étude de l’impact du changement climatique sur les océans. Nous encourageons aussi nos salariés à nettoyer les plages en collaboration avec Act! with Surfrider. C’est lors d’une de ces actions que nous avons rencontré en 2021 Paul Meilhat qui est un de leurs ambassadeurs. Nos discussions nous ont fait réaliser que nous avions beaucoup de choses en commun et de fil en aiguille, nous avons parlé d’un partenariat.

IN. : Votre projet n’est pas seulement une simple action de sponsoring.

C. P.-D. : Non. Notre idée était de transformer son bateau de course en un voilier de recherche scientifique. Les ingénieurs de Tara Océan ont développé une version miniaturisée de leur outil qui permet de recueillir des informations essentielles sur le phytoplancton et la santé de nos océans. Ce microscope automatisé de pointe, l’Imaging FlowCytobot (IFCB), qui associe la cytométrie en flux et la technologie vidéo, a été installé à bord du bateau de Paul afin de prélever de petits échantillons d’eau dans des zones de l’océan encore peu étudiées. Les datas recueillis sont ensuite mis à la disposition des scientifiques du monde entier.

IN. : Votre projet n’est donc pas uniquement sportif…

C. P.-D. : Loin de là. Le contrat que nous avons signé avec Paul ne comporte d’ailleurs aucune close liée à ses résultats sportifs.

IN. : Pourquoi avoir alors décidé de construire un voilier neuf plutôt que de racheter un bateau plus ancien ?

C. P.-D. : Paul n’avait pas de voilier lorsque nous avons décidé de collaborer avec lui. Deux possibilités se présentaient à nous. Racheter un IMOCA plus ancien ou en construire un nouveau. Nous avons opté pour la seconde option mais nous avons choisi de limiter les coûts et de réduire notre empreinte carbone de plus de 100 tonnes d’eqCO2 en utilisant les moules d’un voilier existant, à savoir celui de Thomas Ruyant.

IN. : Quel est le montant de votre contrat de sponsoring ?

C. P.-D. : Nous ne le dévoilons pas mais nous nous situons entre ceux des très grosses équipes et ceux des plus petits défis.

IN. : Êtes-vous propriétaire du voilier ?

C. P.-D. : Non. Le voilier appartient à Objectif Globe, la société de Paul Meilhat qui emploie aussi tout le personnel de l’équipe. Nous avons, pour notre part, signé un contrat de sponsoring avec cette entreprise sur une longue durée qui s’étale entre 2021 et la fin 2025. Nous ne sommes également pas partenaire exclusif. Il y a encore de la place pour afficher sa marque sur le bateau de Paul si certains sponsors sont intéressés…

IN. : Votre maison-mère, L’Oréal, est-elle impliquée dans ce projet ?

C. P.-D. : Le PDG de L’Oréal a, bien évidemment, été informé de notre partenariat qui est une initiative très impliquante pour nous mais chaque marque du groupe est responsable de ce genre d’opération. Biotherm finance donc l’intégralité de ce contrat.

IN. : Les grandes marques mondiales sont peu présentes sur le Vendée Globe. La quasi-intégralité des sponsors des voiliers sont des entreprises françaises voire même bretonnes et vendéennes. Votre implication est-elle liée au fait que Paul Meilhat a participé à la dernière Ocean Race en 2022-2023, ce tour du monde en équipage qui comporte plusieurs étapes autour de la planète ?

C. P.-D. : Non pas du tout même si nous avons adoré cette course.The Ocean Race a fait étape dans des pays comme les Etats-Unis ou le Brésil où notre marque n’est pas présente mais le bateau a navigué dans des régions où les scientifiques ne vont presque jamais. Il a donc récolté des données très précieuses pour les chercheurs. Cette compétition propose également un format très ouvert qui nous permet notamment de faire naviguer certains de nos employés et partenaires durant les étapes. Ces journées nous aident à tisser des liens très forts et personnels avec nos invités. C’est précieux pour nous.

IN. : Quelles opérations de promotion développez-vous lors des courses auxquelles vous participez ?

C. P.-D. : Tout dépend de l’organisation de chaque course. Sur les compétitions françaises comme le Vendée Globe et la Route du Rhum, les voiliers restent à quai et nous profitons de notre présence sur le village pour inviter des médias et des journalistes. Nous cherchons aussi à sensibiliser le public sur la mission scientifique de notre bateau. Des experts de la Fondation Tara Océan sont là pour expliquer le rôle du plancton dans l’environnement et sur les conséquences du changement climatique. L’organisation de The Ocean Race est, elle, très différente et elle nous a permis de faire beaucoup de BtoB. Nous avons notamment fait naviguer lors des différentes étapes plus de 80 influenceurs. C’était génial. Lorsque les gens ont fait des bords sur notre voilier, ils s’intéressent beaucoup plus à notre mission scientifique…

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