Pénurie de main-d’œuvre, crise du personnel, Grande Démission… Les termes n’ont pas manqué cet été 2022 pour décrire les problématiques de recrutement dans les secteurs en tension. Leur point commun ? Tous s’appliquaient à des métiers effectués par une population de salariés de terrain, terme employé pour définir les actifs dont la mission s’accomplit obligatoirement physiquement et sur place (les exclus du télétravail, en somme). Dans un environnement socio-économique complexe où l’inflation est en hausse, où les matières premières coûtent plus cher et où l’énergie devient une denrée rare, BVA apporte un éclairage édifiant sur la situation de ces derniers. Une enquête qui loin de grossir le trait, apporte un éclairage nuancé sur ces métiers qui nécessitent d’être « effectués sur place ».
à 40% par des ouvriers, à 36% par des employés et à 24% par des travailleurs de professions intermédiaires.
Ils sont 4,6 millions en France, dont 1,9 millions en Ile de France. Ces travailleurs de terrain exercent leur métier soit dans des boutiques, dans les hôtels, dans les hôpitaux ou dans des usines (et ne sont pas cadres). Ils sont en clair les travailleurs dits essentiels, ou de première ligne qui ont fait la une de nombreux articles durant le confinement du printemps 2020 engendrée par la pandémie de Covid-19. Une population paritaire et mature, mais aussi relativement peu qualifiée puisque les travailleurs de terrain sont représentés à 40% par des ouvriers, à 36% par des employés et à 24% par des travailleurs de professions intermédiaires.
« Cette étude permet d’apporter des résultats nuancés sur la manière dont les salariés de terrain vivent leur métier au quotidien. S’ils n’occultent pas les difficultés qu’ils rencontrent, ils nous disent aussi qu’ils aiment leur travail et que ce dernier n’est pas suffisamment valorisé à leurs yeux. Les salariés de terrain ne vont pas tous démissionner comme on le schématise parfois un peu hâtivement. Mais ils expriment un vrai besoin de reconnaissance de la part de la société française dans son ensemble. » Christelle Craplet, Directrice de clientèle, BVA Opinion.
démissionner à cause de la rémunération (55%), de la pénibilité (39%) et des horaires (22%), devant le manque d’attention porté au bien-être (17%)
En effet, même si 60% des salariés de terrain ont le moral, voire un « très bon moral » (13%), deux tiers ont déjà pensé à quitter leur emploi (66%) ou à se réorienter (64%). En s’intéressant de plus près aux raisons qui pousseraient les salariés de terrain à démissionner, trois se démarquent assez nettement : la rémunération (55%), la pénibilité (39%) et les horaires (22%), devant le manque d’attention porté au bien-être (17%), le manque de perspective d’évolution (16%) ou encore la difficulté à trouver un équilibre vie privée et vie professionnelle (15%). Quand ils sont interrogés sur l’éventualité d’une augmentation de salaire d’ici la fin de l’année, les trois-quarts déclarent ne pas être confiants. Cette crainte à l’égard de leurs conditions de travail reflète davantage une inquiétude générale au sujet du contexte économique et social, plutôt qu’une confiance en berne de la part de leur établissement.
Ils pratiquent des métiers difficiles auxquels ces travailleurs restent attachés. Ce qu’ils attendent, c’est plus de valorisation et plus de reconnaissance de leur manager mais aussi de la société en général.
Les trois quarts des salariés de terrain qualifient leur métier de pénible (72%) et de difficile (78%). Les deux-tiers des salariés de terrain déclarent ressentir souvent des douleurs corporelles (62%). Cependant, ils restent très attachés à leurs métiers. La quasi-totalité définit leur métier comme utile (95%) ou qui leur plaît (85%). Ce qu’ils attendent, c’est plus de valorisation et plus de reconnaissance de leur manager mais aussi de la société en général. La moitié des sondés juge qu’ils ne sont pas suffisamment valorisés par leur manager (52%), particulièrement chez les salariés du secteur public (62%).
Plus de huit salariés de terrain sur dix (84%) se déclarent « à l’aise » avec les outils numériques. Une réalité particulièrement prégnante du côté des jeunes (25-34 ans) chez qui ce chiffre grimpe à 92%. Près des deux tiers des salariés de terrain (61%) affirment que les outils numériques améliorent leur expérience au travail. Une part non négligeable (56%) déclare que les outils numériques sont indispensables dans l’exercice de leur profession, plus encore dans les métiers du commerce (66%). Les salariés de terrain estiment que le numérique permet une meilleure organisation (33%), une simplification des tâches à réaliser (32%), un gain de temps dans l’accomplissement de ces tâches (28%) ou une meilleure gestion des plannings (20%).
Ainsi, se conclut cette étude qui sans être alarmiste, s’intéresse simplement à une population peu sondée habituellement, et qui remet à leur place, certaines idées reçues.