Et si on organisait les prochains JO d’été… en automne ?
SOS, nos athlètes sont en danger. Un rapport publié par l’Université de Portsmouth nous alerte sur les dangers causés par le réchauffement climatique sur la santé des olympiens. Pour celles et ceux qui auraient la mémoire courte, ce ne sont pas les éditions précédentes qui vont leur donner tort…
Il n’y a définitivement plus de saisons. Une batterie de scientifiques et de physiologistes de la chaleur officiant à l’Université de Portsmouth viennent de dévoiler la seconde édition de leur rapport « Cercles de feu : risques liés à la chaleur aux Jeux olympiques de Paris 2024 ». Élaboré avec l’assistance de onze athlètes, parmi lesquels figurent plusieurs médaillés olympiques – pour octroyer encore un peu plus de légitimité à cette affaire –, le document met en garde sur le danger grandissant de maintenir à l’avenir les Jeux Olympiques en période estivale à cause du réchauffement climatique.
Emma Pocock, l’une des auteures qui occupe également le poste de directrice générale de Frontrunners, affirmait même cette semaine au Guardian que « lesJeux de Paris pourraient dépasser le record de chaleur de Tokyo ». Les données météo semble lui donner raison : selon Météo France, la saison estivale – de juin à août – aurait déjà 50% de chance d’être plus chaude que les normales de saison. Pour ne pas voir le verre qu’à moitié vide, nous rappellerons tout de même que l’organisme prévisionniste pense qu’il y a 30 % de chance que l’été météorologique soit conforme aux normales de saisons et 20% de chance qu’il soit finalement plus froid.
Gagne ou crève
Le principal danger qu’engendrerait des JO caniculaires sont en premier lieu pour la santé des athlètes. Pas besoin d’aller chercher très loin pour s’en rendre compte : au cours des derniers JO organisés à Tokyo en 2020, les stars du tennis Novak Djokovic – le goat – et Daniil Medvedevavaient réclamés une réorganisation des matchs de leurs épreuves pour éviter de jouer sous 35 degrés et entre 70 et 80% d’humidité. Quel caprice… – ironie –.
Lors les JO de Rio en 2016, le marcheur français Yohann Diniz était, quant à lui, victime de malaises et de maux intestinaux ayant conduit à son hospitalisation pendant l’épreuve du 50km marche particulièrement éprouvant physiquement – la température ressentie était alors de 32 degrés –. Pour revenir sur l’exemple Tokyoïte, les mots employés par notre rapport sont univoques : « Des compétiteurs se sont retrouvé à vomir en pleine épreuve ou même à s’évanouir sur les lignes d’arrivée, des fauteuils roulants ont été déployés pour transporter les athlètes hors des arènes brûlées par le soleil et la peur de mourir sur le court a même été évoquée en plein match par le joueur de tennis Daniil Medvedev, tête de série numéro 2 des Jeux de Tokyo ».
Pour remédier à la situation, le rapport est formel… et ne surprend guère : il faut continuer de presser les instances dirigeantes du sport à travers le monde – les différentes fédérations comme le Comité Olympique et j’en passe – à prendre acte des conséquences de l’inaction face au réchauffement climatique pour qu’elles se décident enfin à organiser les prochains jeux à des périodes où la chaleur est moindre.
Interrogée par les auteurs du rapport, la lanceuse de javelot australienne Kelsey-Lee Barber, médaillée de bronze aux Jeux olympiques de Tokyo et double championne du monde, s’en fait l’écho : « Si nous nous sommes adaptés à la probabilité de participer à des compétitions dans des conditions de chaleur extrême, nous n’abordons pas les raisons pour lesquelles nous subissons ces conditions : elles ont simplement été acceptées et planifiées. Je pense qu’il faudrait davantage prendre conscience de la situation dans son ensemble ».
Pour protéger la santé des athlètes, le rapport propose une série de recommandations, à commencer par « réévaluer les partenariats avec des entreprises liées aux énergies fossiles », « renforcer la participation des athlètes et des organismes sportifs dans les campagnes de sensibilisation au climat », « donner aux sportifs la parole sur le changement climatique » ou encore « introduire et améliorer les plans de réhydratation et de refroidissement pour les athlètes ». Est-ce seulement suffisant ?
La balle est dans le camp du CIO
Décidé – semblerait-il – à s’attaquer au problème, le CIO – Comité International Olympique – a proposé une série de mesures visant à préserver la santé des athlètes… tout en reconnaissant que l’augmentation des pics de chaleur extrême est un problème croissant dans l’organisation d’épreuves sportives dans le monde entier. Dans un rapport très détaillé publié en février dernier, le CIO précise que « malheureusement, le niveau de stress thermique environnemental subi par les athlètes d’élite continuera d’augmenter dans les années à venir en raison d’une combinaison de la prévalence, de l’intensité et de la durée accrues des vagues de chaleur qui se produisent en raison du changement climatique, et de la mondialisation du sport qui conduit à l’organisation d’un plus grand nombre de compétitions dans des climats extrêmement chauds ».
Pour bien appuyer là où ça fait mal et donner encore un peu plus de poids à leurs données, les auteurs du rapport évoque l’augmentation moyenne des températures de 3,1 °C entre l’édition de 1924 des JO de Paris et celle de cette année. Ce qui, en l’espace de 100 ans, est tout simplement énorme, sans oublier que cela a un réel impact sur les performances des dits athlètes et donc in fine sur le spectacle proposé – ce n’est pas justement ça le nerf de la guerre ? – : l’étude rappelle en effet que les meilleurs chronos enregistrés lors du marathon olympique, à savoir l’une des épreuves reines de l’histoire des Jeux Olympiques, ont été établies avec des températures n’excédant jamais les 12 °C. Autant dire qu’on en sera loin. En espérant que les instances – et surtout les gouvernements – se bougent collectivement au risque de voir les prochains JO d’hiver se dérouler en plein désert. Oups, c’est déjà trop tard…
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