19 février 2014

Temps de lecture : 2 min

La boucherie retrouve ses lettres de noblesse

Livres d'art, défilés de mode, reportages des médias, et même la Légion d'Honneur : quand une profession « ordinaire » et mal- aimée se glamourise...

En septembre 2011, une revue « de luxe » voyait le jour, baptisée Louchébem (jargon de la profession pour appeler un boucher au XIXème siècle), qui rendait hommage à la viande à la manière d’un manifeste. Une initiative à la fois inattendue et à l’époque un peu folle menée par l’agence Solvit Communication et sa fondatrice Valérie Solvit. Pour l’écrire, une quarantaine d’écrivains, linguistes, historiens, intellectuels, philosophes… avaient été mis à contribution afin d’évoquer le métier de boucher et son monde, avec ses mots, ses souvenirs ou son imaginaire.

Deux ans et demi plus tard, la boucherie est devenue tendance, et Christian Le Lann, Président de la Confédération Française de la Boucherie, de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de Paris et membre du Conseil Economique social et environnemental reçoit aujourd’hui des mains de François Hollande, les insignes de Chevalier de l’ordre de la Légion d’Honneur. Une reconnaissance de cette profession dans laquelle Valérie Solvit, qui a d’ailleurs reçu en février 21012 le premier prix du Mardi gras de la Confédération française de la boucherie et de la charcuterie (le prochain aura lieu le 4 mars) a joué un vrai rôle d’influence. « Mon but est de montrer que les bouchers sont de vrais artistes. Je les ai regardés un peu comme un anthropologue en communication en mettant en avant tout ce qu’ils avaient de meilleur et en développant une énergie positive. Et j’ai voulu accompagner l’évolution de cette profession par l’esthétisme, et ainsi donner envie aux jeunes. »

Le défilé neo-butcher, tenues revues et corrigées par les grands créateurs de mode

Valérie Solvit a ainsi organisé en octobre dernier, avec le soutien de la Maison Bragard, spécialiste du vêtement professionnel, un défilé Neo-Butcher, à L’Alcazar, demandant à 10 créateurs de mode, de réaliser leur vision de la tenue idéale de l’artisan boucher. Des bouchers, des comédiens comme Louis-Do de Lencquesaing et des amoureux de la viande ont ainsi défilé pour présenter les réalisations inspirées des créateurs: robe tablier en lin pour Rabbih Kayrouz, tenue ensanglantée pour Josephus Thimister, tablier en cuir sous une toque en renard signé Valère Fourrure, robe couture et ses accessoires Véronique Leroy. Et même une mariée habillée par Roland Mouret accompagnée d’un marié à la « queue de pie tablier » de Bragard.

Résultats de cette campagne: non seulement des actions de communication, dont la presse s’est largement fait l’écho. Mais aussi une prise de conscience politique du poids et du rôle de cette profession. « Il n’est pas neutre que le ministre du Redressement Productif Arnaud Montebourg soit venu à l’inauguration des nouveaux laboratoires de l’École Nationale Supérieure des Métiers de la Viande », constate Valérie Solvit. « La boucherie est un métier d’avenir », répète Christian Le Lann, depuis des années à qui veut l’entendre. 4.000 emplois sont à pourvoir. Valérie Solvit, elle, ajoute: « J’aimerais qu’on dise un jour  »bouchers je vous aime » ». Et elle prépare encore plein d’actions décoiffantes qui, on l’espère, ne ressembleront pas à la robe  » bidoche  » de Lady Gaga…

Isabelle Musnik

Les chiffres de l’emploi de La boucherie artisanale (janvier 2014) :

– plus de 20 000 entreprises en France
– plus de 80 000 emplois dans le secteur artisanal, dont 30 000 salariés.
-plus de 8 000 apprentis en formation, ils étaient 7 000 en 2013.
– encore 4 000 postes à pourvoir ( dont reprise commerces )

Christian Le Lann, Chevalier de l’ordre de la Légion d’Honneur

La revue luxe Louchebem

Le phénomène s’empare même des podiums

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